[Tribune] Pour un Gabon forestier : Le pari de la souveraineté économique
Riche de sa couverture forestière représentant 88% de son territoire, le Gabon est à un tournant décisif de son histoire économique. Adrien Nkoghe Essingone* plaide, ici, pour une nationalisation négociée de l’économie nationale sous la houlette du président de la Transition, le Général Oligui Nguema. Face aux doutes des institutions internationales, il propose la création d’une Société Nationale Forestière et la réexamination de l’interdiction d’exportation de grumes pour réduire le déficit budgétaire et respecter les engagements climatiques. Une gouvernance exemplaire et des actions concrètes sont, selon lui, les clés pour restaurer la dignité du peuple gabonais et assurer un avenir prospère.
Le roi Salomon a dit : « Là où il n’y a pas de vision le peuple périt » En écho à cette sagesse, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition, porte une vision ambitieuse pour notre Nation : la restauration de la dignité du peuple par la nationalisation négociée de l’économie nationale. Une économie robuste, où les fruits sont équitablement partagés entre les citoyens, garantit des biens politiques précieux tels que l’unité nationale, la paix sociale, le vivre-ensemble et le mieux-être collectif. Cet objectif, prioritaire depuis le coup de libération des 29 et 30 août 2023, est aujourd’hui confronté aux analyses sceptiques du FMI, de Moody’s et de Fitch. Ces institutions questionnent notre avenir économique et notre capacité à supporter le poids des acquisitions dans un contexte d’endettement préoccupant.
Cependant, avec notre potentiel économique et une population relativement faible, ce défi est surmontable. Pour poursuivre l’appropriation de l’économie nationale, tous les patriotes savent qu’une gouvernance exemplaire est essentielle pour concrétiser la nouvelle politique économique du Président de la Transition. Il ne s’agit pas de ralentir le processus d’industrialisation du bois ou de s’écarter des engagements climatiques, mais plutôt de trouver de nouvelles niches économiques pour consolider notre situation financière. Parmi celles-ci, la création d’une Société Nationale Forestière apparaît comme une nécessité impérieuse. Les mots doivent maintenant céder la place au courage et à l’audace des actions concrètes.
Face aux doutes persistants de nos partenaires économiques, il est temps de se référer à Alexandre Dumas, qui disait : « Il est parfois pénible de faire son devoir, mais cela l’est toujours moins que de ne pas l’avoir fait. » Avec une volonté politique claire, le pays peut exploiter deux nouvelles sources de revenus à coût modéré. La création d’une Société Nationale Forestière et l’ouverture temporaire de l’exportation de grumes pourraient même si cela apparaît défier un tabou mais contribuerait à réduire le déficit budgétaire et à alléger le poids de la dette.
Les atouts de notre couverture forestière :
1. Une richesse forestière inestimable : Le Gabon possède une couverture forestière représentant environ 88% de son territoire, avec un taux de déforestation extrêmement faible, estimé à moins de 0,1% par an depuis 30 ans (source : Central African Forest Initiative – CAFI). Les essences disponibles sont abondantes et de grande qualité, offrant une matière première renouvelable grâce à un reboisement systématique. Notre forêt constitue un puits de carbone positif d’environ 100 millions de tonnes de CO2, et des étendues considérables pourraient être attribuées à la nouvelle Société Nationale Forestière.
2. La réalité des transformations locales : Depuis l’interdiction d’exporter les grumes, le taux de transformation a certes augmenté, mais il n’a pas généré la valeur ajoutée attendue en termes de ressources budgétaires. Contrairement à l’idée reçue, la transformation locale ne crée pas toujours plus de valeur ajoutée que l’exportation des produits bruts. Par exemple, le rendement de transformation du bois de Tali en Afrique centrale est plafonné à 35-40%, alors qu’en Chine ou au Vietnam, il atteint 90-95% (source : spécialiste du secteur forestier au CIRAD). Les grumes, quant à elles, rapportent les recettes fiscales les plus élevées dans les pays de la région qui continuent de les exporter. Une décision stratégique pour sortir d’une impasse financière passe par l’ouverture de cette fenêtre d’exportation.
La Société Nationale Forestière, champion national, pourrait se structurer sous la forme de joint-ventures avec plusieurs pays asiatiques dotés de technologies de pointe dans le secteur de la transformation du bois. La direction générale serait basée au Gabon, tandis que les ateliers de transformation se situeraient dans les pays partenaires.
Pour un Gabon plus fort, osons l’audace économique. Créons notre Société Nationale Forestière et ouvrons de nouvelles perspectives pour l’avenir de notre pays.
Sortons de la culture du silence, osons maintenant pour un Gabon nouveau grâce au coup de libération.
*Adrien Nkoghe Essingone, ancien Député
1 Commentaire
Au moment ou les autres pays de la Cemac voire de la Ceeac vont s’arrimer à la décision communautaire difficile de ne plus exporter les grumes, toi tu proposes que le Gabon, qui est depuis pratiquement 15 ans pionnier dans ce secteur revienne en arrière.