[Tribune] Note souveraine, SNBG et Assala Energy : Enjeux et perspectives pour un Gabon souverain et inclusif
Juriste pétrolier, par ailleurs ancien administrateur directeur général de Gab’Oil, filiale de Gabon Oil Company (Goc), Louis Gaston Aubame* propose une nouvelle analyse des dernières initiatives des militaires au pouvoir en vue du développement économique du pays, notamment le rachat d’Assala Energy et la réappropriation par l’État de la SNBG. Il salue l’ambition des autorités gabonaises et propose des pistes pour renforcer les retombées positives de ces mesures dans le but d’améliorer le quotidien des populations.
Le remaniement du Gouvernement du 15 janvier 2025 et les élections présidentielles à venir marquent une période de transformation politique et économique pour le Gabon.
En effet, ces échéances interviennent dans un contexte où le pays a posé des actes décisifs pour renforcer sa souveraineté économique, notamment avec le rachat effectif d’Assala Energy au deuxième trimestre 2024 et la réappropriation de la Société Nationale des Bois du Gabon (SNBG), officialisée le 30 décembre 2024.
Ces initiatives traduisent une volonté politique forte et visionnaire d’assurer une gestion nationale des richesses stratégiques du pays, tout en suscitant des réflexions sur leurs implications économiques, notamment sur la note souveraine.
Cet article analyse ces développements en saluant l’ambition des autorités gabonaises, tout en proposant des pistes pour renforcer davantage les retombées positives de ces mesures pour le bien-être des populations.
1. Souveraineté économique et valorisation nationale des ressources stratégiques
Le rachat d’Assala Energy et la réappropriation de la SNBG sont des décisions qui doivent être comprises dans une logique de souveraineté économique.
En reprenant le contrôle direct de deux secteurs clés – le pétrole et le bois – le Gabon affirme sa volonté de garantir que les bénéfices de ces ressources soient réinvestis dans le développement national.
Le pétrole : un levier stratégique pour la résilience économique
Assala Energy, acteur clé du secteur pétrolier gabonais, représente un pilier de l’économie nationale. Avec ce rachat, l’État gabonais s’assure un contrôle accru sur la production, la distribution et les revenus générés par le pétrole. Cette maîtrise ouvre des perspectives prometteuses, notamment en matière de gestion budgétaire, de diversification des partenariats et d’investissements publics.
Le bois : un patrimoine national à valoriser
La réappropriation de la SNBG marque une étape historique dans la gestion des ressources forestières, en donnant la priorité à une exploitation responsable et bénéfique pour les communautés locales. Ce retour sous contrôle national doit permettre de stimuler l’industrie de transformation, de créer des emplois locaux et de garantir une exploitation durable des forêts gabonaises.
2. Une ambition politique dans un contexte électoral sensible
Les décisions économiques majeures prises par le Gabon en 2024 interviennent dans une période politiquement significative. En amont des élections présidentielles de 2025, elles traduisent une volonté claire des autorités de placer la souveraineté économique au cœur de leur projet politique.
Ce choix stratégique, bien qu’audacieux, vise à répondre aux attentes des Gabonais, qui réclament une gestion équitable et transparente des richesses nationales.
Dans un contexte mondial marqué par des pressions économiques et une vigilance accrue des agences de notation, ces initiatives doivent être perçues non comme des sources de risque, mais comme des investissements dans l’avenir.
3. Répondre aux craintes liées à la note souveraine : des risques maîtrisés
L’éventualité d’une dégradation de la note souveraine est un sujet qui suscite des débats.
Les agences de notation pourraient considérer les récentes initiatives économiques comme des signaux de risques budgétaires accrus, notamment si elles entraînent une hausse de la dette publique ou une remise en question de certains contrats internationaux.
Cependant, ces inquiétudes doivent être relativisées, car le Gabon a toujours montré sa capacité à respecter ses engagements financiers, et les actions récentes traduisent une vision à long terme visant à renforcer la résilience économique du pays.
Pour rassurer les partenaires internationaux, plusieurs mesures peuvent être envisagées :
Mise en place d’une gestion transparente et efficace : Les revenus tirés des secteurs pétrolier et forestier doivent être utilisés pour financer des projets structurants et améliorer les services publics. Une transparence accrue renforcera la crédibilité du Gabon sur la scène internationale.
Renforcement des cadres juridiques et institutionnels : L’adoption de réformes solides dans les secteurs concernés, notamment en matière de gouvernance et de régulation, est essentielle pour garantir la pérennité des initiatives.
Communication proactive : Il est crucial que le gouvernement gabonais dialogue avec les agences de notation, les investisseurs et les partenaires internationaux pour expliquer les objectifs stratégiques derrière ces mesures.
4. Maximiser les retombées pour les populations
Si les initiatives prises jusqu’ici sont ambitieuses, elles ne peuvent pleinement réussir que si elles se traduisent par une amélioration tangible des conditions de vie des Gabonais. À cet égard, les autorités doivent s’assurer que ces projets économiques s’inscrivent dans une dynamique de développement inclusif et durable.
Voici quelques priorités pour maximiser l’impact :
Création d’emplois locaux : La gestion nationale de la SNBG et d’Assala Energy doit s’accompagner d’un effort massif pour former et intégrer les Gabonais dans ces secteurs stratégiques.
Investissements dans les infrastructures et les services sociaux : Les revenus générés doivent financer des projets prioritaires, notamment la construction de routes, d’écoles, d’hôpitaux et de logements sociaux.
Encouragement de la transformation locale : Dans le secteur forestier, l’accent doit être mis sur la transformation locale des produits pour maximiser leur valeur ajoutée.
Transition énergétique et écologique : Tout en valorisant ses ressources pétrolières, le Gabon doit investir dans les énergies renouvelables et promouvoir une gestion durable de ses forêts pour répondre aux exigences mondiales en matière d’environnement.
5. Une vision ambitieuse pour un Gabon souverain et inclusif
Le rachat d’Assala Energy et la réappropriation de la SNBG ne sont pas de simples décisions économiques : elles symbolisent une volonté de reprendre en main le destin économique du Gabon.
Ces initiatives traduisent le leadership visionnaire du Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’État, le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA et son ambition de construire un modèle de développement où les richesses nationales servent avant tout les intérêts des populations gabonaises.
Cependant, la réussite de ces projets dépendra de la capacité des autorités à conjuguer ambition politique, gestion exemplaire et attractivité internationale.
Le Gabon dispose aujourd’hui d’une opportunité unique pour se positionner comme un modèle de souveraineté économique et de gouvernance en Afrique et les efforts à venir devront se concentrer sur la diversification économique, l’amélioration des conditions de vie des citoyens et la transition vers un développement durable.
En capitalisant sur ces initiatives, le Gabon peut non seulement affirmer sa place sur la scène internationale, mais aussi offrir à ses citoyens un avenir plus prospère, équitable et solidaire.
*Louis Gaston Aubame, ancien ADG de Gab’Oil.
1 Commentaire
Cher juriste nous voulons des données chiffrées et non des arguments que chacun peut interpréter à sa manière