Adrien Nkoghe Essingone* offre, dans la tribune suivante, une perspective nuancée sur la nouvelle politique économique du Gabon sous la transition du Général Oligui Nguema. Face aux inquiétudes d’institutions internationales sur la nationalisation de l’économie, l’ancien député propose un soutien patriotique assorti de recommandations concrètes. Il suggère des mesures à court et moyen terme pour renforcer l’économie nationale, tout en appelant à la transparence et à une gestion efficace des finances publiques, soulignant les défis et opportunités du pays dans sa quête d’indépendance économique.


La nationalisation des grandes industries et des secteurs stratégiques est essentielle pour garantir une croissance économique durable et équitable. © GabonReview

 

Adrien Nkoghe Essingone, ancien Député à l’Assemblée nationale, ancien ministre de l’Habitat, du Cadastre et de l’Urbanisme. © D.R.

Un questionnement et un étonnement de la part d’une expertise économique et financière pointue du Fonds Monétaire International (FMI), de l’agence de notation Moody’s complétée par des investigations de journalistes émérites des journaux le Monde et Jeune Afrique sur la nouvelle politique de nationalisation de l’économie gabonaise par le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema Président de la Transition qui soulève de nombreuses interrogations ne peut pas me laisser indifférent. Cette approche, bâtie de manière dubitative, mérite toutefois une analyse plus nuancée.

Le Gabon a-t-il la capacité de mettre en œuvre des réformes structurelles et de garantir une gestion transparente et efficace de ses finances, compte tenu des défis économiques actuels ? Le pays est, en effet, déjà plombé par une dette dépassant 70,5 % du PIB. De plus, le déficit budgétaire se creuse, passant de 1,8 % du PIB en 2023 à une prévision de 3,6 % en 2024 et 5,1 % en 2025. Le budget 2024 prévoit une augmentation significative des dépenses publiques, comprenant notamment une hausse de 12 % de la masse salariale du secteur public et une augmentation de 67 % de l’investissement public.

Je suis un citoyen viscéralement patriote qui soutient cette nouvelle politique économique, même si elle n’est ni officielle ni formellement déclinée. Je la soutiens par rapport à l’Appel d’Oyem lors de sa visite républicaine. Le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition, a évoqué le Général Charles de Gaulle qui a reconstruit l’économie française sévèrement anéantie par la guerre au cours de son passage à la tête du pays de 1944 à 1946. Ce dernier a procédé par une nationalisation autoritaire des grandes industries et des banques. Alors que le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition, a lancé, certes, la nationalisation, mais une nationalisation négociée à travers l’application du droit de préemption pour les entreprises déjà établies dans le pays et le droit de préempter pour les entreprises en création au pays. Le droit de préempter se base sur le concept « gagnant-gagnant » unanimement consacré et accepté par les parties, en vue d’un développement durable et équitable pour tous les partenaires.

Le Président de la Transition a une idée qui lui est très chère : établir la dignité des Gabonais par l’économie, dont la croissance partagée équitablement entre les Gabonais est le chemin le plus court t le plus sûr pour le vivre ensemble et le mieux-être ensemble. C’est pourquoi j’avais humblement demandé aux 2,500,000 de Gabonais de soutenir sans faille le Président de la Transition dans sa nouvelle politique dans l’une de mes tribunes.

Pour relever ce qui paraît un challenge à travers ce questionnement et cet étonnement dubitatif, je voudrais dire que le Président de la Transition a fait sa part en nous permettant de nous approprier notre économie. À nous de jouer notre partition. C’est pour cela que je voudrais très respectueusement demander aux patriotes qui sont aux affaires, notamment le CTRI et le Gouvernement, de transformer l’essai en point gagnant, comme au rugby. Voici quelques suggestions que je crois sincèrement possibles pour ceux qui sont à la décision :

Sur le très court terme :

– Élaborer le budget de l’exercice 2024-2025 sur les deux principes sacro-saints de transparence et de sincérité, un outil de confiance vis-à-vis de nos partenaires économiques.

– Encourager et accélérer la mise en œuvre de la décision du Président de la Transition de publier les contrats et les permis dans les secteurs pétrolier, minier et forestier. En un mot, mettre en pratique la politique de l’ITIE et du FMI.

– Créer, au regard de notre souveraineté et du potentiel forestier, une Société Nationale Forestière, un champion national, en joint-venture avec un certain nombre de pays asiatiques dont les technologies sont pointues en matière de troisième transformation du bois à très forte valeur ajoutée. La Direction Générale serait basée à Libreville et les ateliers dans les pays partenaires. Un projet que j’avais proposé lorsque j’étais Directeur Général de la Société Nationale des Bois du Gabon (SNBG).

– Faire un audit des finances publiques par une équipe extérieure au pays pour identifier les sources de gaspillage et de mauvaise gestion de fonds

– Interpréter pertinemment le diagnostic des experts économiques et financiers de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), aussi compétents que ceux du FMI, qui ont écrit et écrivent que le Gabon perd chaque année entre 400 et 500 milliards de FCFA par la prédation des fonds publics : détournements de fonds, surfacturation, rétro-commissions, création d’entreprises fictives, constitution de moratoires de dettes fictives, etc. Le CTRI et le Gouvernement doivent mettre fin à ce sport macabre pour la Nation en disposant maintenant d’une arme redoutable contre ces prédateurs : la comparution immédiate. Il suffirait de toiletter le Code de Procédure Pénale et le Code Pénal, si ce n’est déjà contenu. L’éradication de ces détournements permettrait de reconstituer d’une partie de fonds pour lever le doute de certains experts

Moyen terme :

En vue de renforcer et consolider la situation financière du pays, le CTRI et le Gouvernement devraient prendre l’initiative d’aller rencontrer de nouveaux partenaires économiques ou financiers afin de profiter de la dynamique qu’offre aujourd’hui les marchés des minerais critiques dont le pays regorge : manganèse, or, nickel, cuivre etc. Ils proposeraient également le développement de nouveaux métiers dans la chaîne de valeur de ce secteur. Beaucoup plus porteuse de valeur ajoutée plus importante pour de nouvelles recettes budgétaires. D’ailleurs des experts de la Banque Mondiale disent et écrivent que les prix de ces minerais vont tripler d’ici 2030.

Sortons de la culture du silence, osons maintenant pour un Gabon nouveau grâce au coup de libération.

*Adrien Nkoghe Essingone, ancien Député

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Akoma Mba dit :

    Une dette dépassant 70 pour cent du PIB n »est pas grand chose pourvu que l’endettement serve à développer le pays et réduire les inégalités sociale. L’Espagne certains pays de l’Union Européenne en sont à presque 120 pour cent.
    La durée de la transition devrait permettre d’assainir les dépenses publiques et arrêter de jeter de l’argent par la politique démagogue de dons mais plutôt d’une Assistance dociale dynamique basée sur l’entreprenariat et la justice sociale.
    Le Gabon a-t-il besoin de 44 Ministres lorsque la Grande-Bretagne n’en compte que 17 sans oublier la pléthore de Nommés et de Généraux? Réduire tout ce gachis de Miang permettrait un équilibre budgétaire et surtout parer aux projets plus urgents comme les Routes,hopitaux, éducation et formation.

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