[Tribune libre] Référendum au Gabon : Un enjeu constitutionnel ou une stratégie électorale ?

Alors que le débat autour du référendum bat son plein, la stratégie adoptée par les soutiens du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, amène à des interrogations profondes. Derrière la confusion entre référendum et campagne présidentielle, se cachent des enjeux bien plus vastes pour le Gabon et les générations futures. Dans cette tribune, Gaël Biteghe, citoyen engagé et penseur libre membre fondateur du Front populaire de la jeunesse (FPJ), analyse d’une démarche mal calibrée qui pourrait nuire à l’avenir du pays.

En plaçant l’effigie du président Oligui Nguema aux côtés du « Oui », les partisans brouillent les lignes entre une simple consultation constitutionnelle et une campagne électorale présidentielle. Nous ne sommes pas dans un scrutin pour élire un dirigeant, mais pour définir les fondements de notre État à travers une nouvelle Constitution. © D.R.

Gaël Biteghe, citoyen engagé et penseur libre, membre fondateur du Front Populaire de la Jeunesse (FPJ). © D.R.

À l’heure où chacun se lève pour s’affirmer d’un camp ou d’un autre à la faveur ou non du référendum convoqué dans notre pays, je me permets, moi aussi, de me prononcer. Ainsi, après un regard lucide sur la situation politique actuelle du Gabon, j’ose m’exprimer sur les derniers déroulements à la faveur dudit référendum prévu se tenir prochainement sur toute l’étendue du territoire national.

Alors que les camps se forment pour ou contre le référendum annoncé, il est crucial de remettre les choses en perspective. Le référendum ne concerne pas une personne, ni même une fonction, mais bien la Constitution du Gabon, notre avenir collectif et celui des générations futures. Pourtant, la stratégie actuelle des pros-Oligui Nguema s’égare et pourrait s’avérer contre-productive.

Une confusion entre référendum et présidentielle

L’une des premières erreurs stratégiques est la manière dont la campagne en faveur du « Oui » est menée. En plaçant l’effigie du président Oligui Nguema aux côtés du « Oui », les partisans brouillent les lignes entre une simple consultation constitutionnelle et une campagne électorale présidentielle. Ce glissement est non seulement trompeur, mais dangereux. Nous ne sommes pas dans un scrutin pour élire un dirigeant, mais pour définir les fondements de notre État à travers une nouvelle Constitution.

La Constitution doit être placée au centre des débats, et non la figure du président. Il ne s’agit pas de gagner des voix pour une élection, mais de sensibiliser les citoyens à l’importance de ce texte fondamental, garant de la stabilité et du développement futur du pays.

Cette confusion ne profite ni au président, ni au pays. En occultant les enjeux constitutionnels et en focalisant l’attention sur la personne du président, cette campagne semble servir des intérêts autres que ceux de la République. La Constitution doit être mise en avant, avec une explication claire de ses articles, ses avancées et les avantages qu’elle apporte au peuple gabonais.

Une démarche risquée pour le président et le Gabon

Faire croire que les critiques du référendum sont des attaques directes contre le président est une autre grave erreur. Il est impératif de comprendre que ce n’est pas Oligui Nguema qui est en jeu, mais l’avenir de la Nation. Ce référendum n’a pas pour but de glorifier un individu, aussi populaire soit-il, mais de poser des bases solides pour les générations à venir. Le président a déjà conquis le cœur des Gabonais par ses actions, et ce référendum doit dépasser sa personne pour s’attacher aux intérêts collectifs du pays.

Il est également inquiétant de voir certains acteurs politiques transformer ce moment décisif en une opportunité de vengeance ou d’opportunisme, manipulant les symboles du pouvoir pour servir des intérêts personnels. Cette démarche est non seulement nuisible au président, mais aussi dangereuse pour le Gabon tout entier. Le vivre-ensemble de nos enfants, la stabilité à court terme du pays et même l’image du président de la Transition sont menacés par ces stratégies maladroites.

La stratégie actuelle semble être plus néfaste qu’efficace pour le président Oligui Nguema. Elle donne l’impression d’une manœuvre politique inspirée par d’anciens acteurs du Parti démocratique gabonais (PDG), qui pourraient vouloir se venger. Cette confusion entre les enjeux du référendum et ceux d’une potentielle élection présidentielle est non seulement dangereuse pour l’avenir du Gabon, mais également pour le président lui-même.

Recentrer le débat sur les véritables enjeux

À ce stade de la vie politique gabonaise, il est vital de recentrer le débat sur ce qui compte réellement : la Constitution et son contenu. Le peuple gabonais mérite une consultation éclairée, basée sur des explications pédagogiques des dispositions proposées, et non sur une idolâtrie politique. Ce référendum est l’occasion de réécrire l’histoire du Gabon, de redonner à notre pays les lettres de noblesse qu’il mérite.

En tant que citoyen engagé et amoureux de ma patrie, je ne peux que déplorer ces erreurs stratégiques qui, si elles ne sont pas corrigées, pourraient avoir des conséquences désastreuses pour l’avenir du Gabon. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme et de rappeler à tous que ce qui est en jeu ici dépasse les individualités. C’est l’avenir de notre nation qui est en balance.

Nous devons éviter de tomber dans les erreurs du passé et veiller à ce que ce référendum soit une étape vers un Gabon plus uni, plus fort et plus juste.

Je ne suis qu’un métis qui aime son pays. Un gabonais de seconde zone comme les gabonais sont désormais catégorisés. C’est ici mon opinion et par la force du droit et de la liberté fondamentale et universelle, je vous la partage.

Gaël Biteghe, citoyen engagé et penseur libre membre fondateur du Front Populaire de la Jeunesse (FPJ)