[Tribune libre] Lettre ouverte au président de la République française, Emmanuel Macron
La levée de boucliers suscitée par l’arrivée au Gabon du président français, à la faveur du One Forest Summit devant s’ouvrir le 1er mars prochain, n’est visiblement pas essoufflée. Une cinquantaine d’associations, gabonaises, africaines, panafricaines et même françaises co-signent la lettre ouverte ci-après adressée à Emmanuel Macron. Entre autres arguments déclinés, la situation politique, sociale, économique du pays des Bongo et «le passif de la France envers le Gabon».
Lettre ouverte
A l’attention de Son Excellence, Monsieur Emmanuel Macron,
Président de la République française
Excellence Monsieur le Président,
En ce début d’année 2023, année de l’organisation d’élections générales au Gabon incluant notamment l’élection du prochain président de la république, vous avez décidé de la tenue à Libreville du « One Forest Summit », sommet environnemental portant sur la préservation des forêts tropicales avec pour double objectif (1) de remobiliser l’attention politique autour de la sauvegarde de ces forêts, menacées par la déforestation et la surexploitation, et (2) de relancer la coopération Nord-Sud. L’événement est prévu du 1er au 2 mars.
Au moment où vous vous apprêtez à fouler pour la première fois le sol gabonais en tant que président de la France, permettez-nous d’être très surpris de cet intérêt soudain pour la terre gabonaise, six mois avant le scrutin présidentiel qui doit s’y dérouler, alors que cela fait six ans que vous êtes au pouvoir !
Comme le Gabon semble momentanément être l’objet de votre attention, nous voulons rappeler à votre bon souvenir et à celui de vos concitoyens, ce qu’est devenu ce pays sous le régime actuel, puisque c’est à ce dernier et non au peuple gabonais, que vous faites honneur en organisant ce « One Forest Summit » et en venant y prendre part.
Monsieur Macron, le Gabon est un pays malade, en crise multisectorielle sur les plans politique, économique et sociale.
Au plan politique, le régime en place est une dictature. Le monde entier sait qu’Ali Bongo s’est imposé par la violence à la dernière élection présidentielle du 27 août 2016 en attaquant à l’arme lourde le quartier général de Jean Ping, le véritable vainqueur du scrutin. Il y eut le massacre de plus d’une centaine de jeunes Gabonais à cette occasion, lesquels, mains nues, ne demandaient que le respect de leur vote pour un changement de gouvernance garant de meilleures conditions de vie. Le massacre s’est opéré à deux jets de pierre du Camp de Gaulle, base militaire française du 6ème Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMA) à Libreville, mais les troupes françaises n’ont pas jugé utile d’intervenir pour arrêter la boucherie. L’histoire a retenu que c’est bien Jean Ping qui a remporté l’écrasante majorité des suffrages avec 68% des voix, Ali Bongo n’en recueillant que 31%.
Vous-même, Emmanuel Macron, interrogé sur le sujet à l’époque par un journaliste qui rappelait que le président François Hollande avait fermé les yeux sur la réélection très controversée d’Ali Bongo, aviez répondu : « Il me semble, sous votre contrôle, que l’élection de Monsieur Bongo est pleine d’incertitudes et d’inconnus qui justifient un jugement circonstancié ». On sait aujourd’hui ce qu’il en est, de votre fameux « jugement circonstancié » sur un Ali Bongo qui semble finalement crédible et fréquentable à vos yeux.
En ce moment même, sous les auspices du despote, le Parti au pouvoir (PDG) est en train d’organiser une pseudo concertation politique dont le but officiel est de créer les conditions d’organisation d’élections transparentes et apaisées dans le pays, mais qui s’avère être au final un conclave exclusivement réservé aux partis politiques cooptés, puisqu’excluant toutes les autres forces qui participent au processus démocratique, notamment les organisations de la société civile (ONG, associations, confessions religieuses, syndicats de travailleurs, mouvements et organisations des femmes leaders d’opinion, journalistes, universitaires, etc.), en violation des principes et règles démocratiques contenus dans la constitution gabonaise et fondés sur l’article 25 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques. Tout semble se mettre en place pour qu’encore une fois, le résultat officiel du scrutin à venir soit porteur de contestation populaire, suivie de répression violente et de bain de sang.
Au plan économique, la dette publique est estimée à 74,7 % du PIB en 2021, et malgré un PIB par habitant qui se chiffre à 8 017 dollars en 2022 (soit 5,4 millions FCFA), le développement du pays est à la peine, le chômage criard et la précarité des populations galopante. Les détournements des deniers publics par les hauts fonctionnaires de l’Etat se chiffrent en milliards, au détriment du Trésor public. Tous les indicateurs économiques du pays sont au rouge, et la jeunesse du Gabon ne supporte plus que l’extrême pauvreté touche plus de 60% de la population du pays quand ses incommensurables richesses pourraient garantir à tous ses ressortissants d’excellentes conditions de vie, à l’exemple des Dubaïotes. Elle trouve de plus en plus intolérable ce paradoxe d’un Gabon immensément riche, mais dont la population est chaque jour plus appauvrie.
Au plan social, les revendications et les grèves sont légions, émanant des retraités qui restent des mois sans percevoir leur pension, des fonctionnaires du secteur de la santé, de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de l’économie, de l’environnement, etc. (rares sont les secteurs qui ne sont pas touchés), tous réclamant la revalorisation des salaires face à l’inflation des denrées de première nécessité, de meilleures conditions de travail, les titularisations, les reclassements après stage, l’apurement d’arriérés de salaires et de primes, etc.
L’insécurité est aggravée, marquée par la multiplicité des crimes de tous ordres, notamment les crimes de sang dit crimes rituels dont les auteurs jouissent de complicité au plus haut sommet de l’Etat, d’où le règne de l’impunité.
Monsieur Macron, voilà ce qu’est, sous le régime d’Ali Bongo, le pays où vous voulez organiser votre « One Forest Summit ». Votre sommet est porté par un système pourvoyeur de mort pour le Gabon et pour son peuple. Il est pour nous un « One Death Summit », qui a des allures d’alibi.
Car comment comprendre qu’Ali Bongo et vous, vous préoccupiez subitement du sort des forêts du Gabon, alors que leur exploitation, commencée depuis l’ère coloniale avec le monopole français de Rougier & Fils, n’a jamais été accompagnée d’une quelconque politique pérenne de reboisement ou de conservation des essences pillées ?
Non, Monsieur Macron, nous ne croyons pas une seconde que la préservation des forêts tropicales, et plus largement, la problématique environnementale du Gabon vous préoccupe tant que ça. D’autant plus que l’exploitation des ressources naturelles du Gabon, vitale pour l’économie de la France, est depuis toujours source de destruction des écosystèmes forestier, marin ou côtier du pays. Édifiés par des décennies d’expérience d’une réalité implacable, les Gabonais sont convaincus que la vraie raison de votre déplacement au Gabon n’est pas la préservation des forêts tropicales, mais le verrouillage du scrutin présidentiel d’août 2023, pour qu’encore une fois, le véritable vainqueur soit écarté au bénéfice de celui que la France dirigeante aura décidé de porter à la tête du pays.
Comprenez bien que nul n’est dupe du narratif écologique que vous brandissez. Il vous sert de couverture pour justifier votre présence au Gabon pratiquement à la veille de l’élection présidentielle. Et cette présence n’a d’autre objectif que celui d’asseoir le mécanisme de confiscation du pouvoir. Encore une fois, vous voulez mépriser la volonté souveraine du peuple gabonais et lui imposer un régime qu’il rejette avec constance à chaque élection présidentielle depuis 1993.
Monsieur Macron, le passif de la France envers le Gabon, et c’est valable pour le reste du monde africain, est lourd, extrêmement lourd. En tant que Chef de l’Etat français exerçant sous la 5ème République, vous savez parfaitement ce qu’est la Françafrique, puisque c’est le bras armé de la Cellule africaine de l’Elysée que vous dirigez. Par l’action de ce système mafieux, cela fait plus de 62 ans que la France confisque la souveraineté du Gabon, lui impose son diktat politique, économique, diplomatique, monétaire et militaire. Par ce système, cela fait plus de 62 ans qu’elle soutient la dictature en place et les répressions sanglantes des manifestations populaires faisant suite, lors des élections présidentielles, à la publication de faux résultats. Par ce système, cela fait plus de 62 ans qu’elle entrave toute possibilité de développement, d’émancipation et d’épanouissement des Gabonais.
Les fils et les filles du Gabon ne veulent plus chez eux de ce système prédateur, oppresseur et avilissant. En voulant pérenniser cette détestable politique africaine de la France honnie par le peuple gabonais, vous manquez de sagesse et de vision, comme c’est d’ailleurs manifestement le cas pour vous partout ailleurs en Afrique subsaharienne d’expression française.
Monsieur Macron, dans un monde en pleine reconfiguration, vous ne semblez comprendre ni les enjeux du moment, ni le sens de l’histoire. Le Centrafrique a parlé. Le Mali a parlé. Le Burkina Faso a parlé. L’humilité devrait vous conduire à écouter et à bien comprendre le message lancé.
Monsieur Macron, pour entamer et préserver durablement des relations fructueuses et sérieuses avec la nouvelle élite du Gabon, celle qui monte en puissance portée par les aspirations d’une jeunesse déterminée à briser le joug néocolonial de la France, Paris n’a d’autre choix que celui de s’engager dans une réelle et sincère relation de coopération avec le Gabon, satisfaisante pour les deux parties. A défaut de cela, la rupture sera consommée. Et pour longtemps.
Monsieur Macron, comprenez que votre pays est mis à l’index par le commun des Gabonais, depuis que ses manœuvres malsaines dans le pays sont mises en lumière. La condamnation de la France ici ne procède pas d’un quelconque sentiment anti-français, mais d’une critique légitime et fondée de sa politique néocoloniale toujours en défaveur du peuple gabonais. Celui-ci veut désormais changer la donne. Il exige dorénavant de la France qu’elle change ou parte.
Mettez fin à la Françafrique !
Mettez fin à la pseudo-indépendance du Gabon.
Mettez fin au pillage des richesses du pays au bénéfice de la France et au détriment des Gabonais.
Mettez fin à la présence militaire française au Gabon en démantelant la base du 6ème BIMA.
Mettez fin à l’utilisation imposée de la monnaie d’inspiration nazie appelée FCFA.
Mettez fin au soutien français à la dictature en place.
En un mot, laissez enfin les Gabonais prendre eux-mêmes leur destin en main.
Tant que ce ne sera pas le cas, sachez, Monsieur Macron, que VOUS N’ETES PAS LE BIENVENU AU GABON, et les 1er et 2 mars prochains, vous y serez accueilli par un « concert de casseroles ».
Marie-Josée AYI
Responsable Générale du New Power Europa (ONS/DUP)
Les associations et partis politiques co-signataires
- GABON
- Observatoire Gabonais sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises, des Administrations et des Industries – OGARSEAI
- Éveille Toi Gabon
- Collectif Gabon Occitanie – CGO
- New Power Gabon (ONS)
- AIDI-241 (ONS)
- MAISHA BORA
- Coopération Russie-Afrique-Chine – CRAC (ONS)
- Copil Citoyen (ONS)
- Osons pour l’Afrique – OPA
- Conseil Gabonais de la Résistance section Italie – CGR Italie
- Conseil Gabonais de la Resistance section Paris – CGR
- Les Amazones
- AFRIQUE MONDE
- KANE Afrique- Associations de 54 pays africains (ONS)
- Planète des jeunes panafricanistes (ONS)
- Ligue Panafricaine UMOJA- LP-U (DUP)
- L’Amicale Panafricaine (DUP)
- Communita Della Diaspora Africana in Italia – CODAI
- BENIN
- Comité Culturel pour la Démocratie au Bénin – CCDB (DUP)
- APP Diaspora (ONS)
- BURKINA FASO
- Alternative Patriote Panafricaine Burkindi- APP Burkindi (ONS/DUP)
- Servie Et Non Se Servir – SENS (DUP)
- BURUNDI
- Conseil National pour la Défense de la Démocratie – CNDD (DUP)
- CAMEROUN
- Union des Peuples Camerounais MANIDEM- UPC/MANIDEM (DUP)
- Ligue des Masses pour la Renaissance Africaine – LIMARA (DUP)
- New Panafrican Power Kamerun – NPPK (ONS)
- Mouvement “10.000 élus panafricanistes entre 2023-2028” (ONS)
- CONGO BRAZAVILLE
- OXAKE : Le Solidarisme -suffisant (ONS/DUP)
- COTE D’IVOIRE
- Parti des Peuples africains -PPA-CI (ONS)
- Congrès Panafricain pour la Justice et l’Égalité des Peuples – COJEP (ONS)
- Parti Démocratique de Côte d’Ivoire- Rassemblement Démocratique Africain – PDCI-RDA (DUP)
- COMORES
- Collectif de Défense de l’intégrité et de la souveraineté des Comores-CDISCOM (ONS)
- Comité Maore (ONS)
- Suhulu (ONS)
- Waraba d’Afrique (ONS)
- Mouvement pour une Transition Équitablement Réconciliatrice et Pragmatique au Comores – MTERPC (DUP)
- DJIBOUTI
- Alliance Républicaine pour le Développement – ARD (ONS)
- EGYPTE
- New Power Orient – NPO (ONS)
- FRANCE
- Association Nationale Communiste – ANC
- KATIOPA (ONS)
- GUADELOUPE
- Gwadafrica-Diasporakama (ONS)
- GUINEE CONAKRY
- Front National pour la Défense de la Constitution- FNDC (DUP)
- MALI
- M5-RFP_Diaspora_ Europe_ FR (DUP/ONS)
- Black Planet Movement (ONS)
- Jeunesse Espoir du Mali – JEM (ONS)
- Partenariat Alternatif Russes et Africains pour le Développement Économique – PARADE (ONS)
- NIGER
- Associations d’Assistance aux Nigériens (ONS)
- TCHAD
- Plate-forme de concertation pour la diaspora tchadienne (ONS)
- New Power Tchad – NPT (ONS)
- TOGO
- Dynamique de Monseigneur KPODZO (ONS)
- Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’alternance et la démocratie – CODITOGO (DUP)
- Convention Démocratique des Peuples Africains – CDPA Fédération de France
(DUP)
ONS : Organisation Néo panafricaniste de Souveraineté
DUP : Dynamique Unitaire Panafricaine
2 Commentaires
Et à la fin, on ne se souviendra que du silence de nos amis (Martin Luther KING)
Ah l’africain a perdu sa force !! Sinon l’avion de ce con de president de la merde de petite france allait tomber dans les eaux gabonaise, frappé par un cpt de type sol-air. Au lieu de venir au gabon,il a mieux à faire c’est à dire de sucer la vielle chatte de Brigitte.