Alors que le Gabon traverse une transition historique après le coup d’État du 30 août 2023, un boulevard d’opportunités s’ouvre pour bâtir un nouveau modèle de développement. Dans cette tribune libre, Hervé Omva, coordonnateur des programmes de l’ONG IDRC Africa, appelle les Gabonais, notamment les acteurs de la société civile, à un changement profond de mentalité et d’approche pour mettre fin aux pratiques politiques destructrices et construire un avenir inclusif et prospère.

Le Gabon mérite mieux que les divisions, la corruption et les opportunismes. La transition actuelle ne doit pas être un simple ajustement cosmétique mais bien une rupture totale avec les pratiques du passé. © GabonReview

 

Hervé Omva Ovono est membre actif de la société civile gabonaise et Coordonnateur des programmes de l’ONG IDRC Africa. © D.R.

Le Gabon se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Après des décennies de gouvernance marquée par des dérives institutionnelles et une économie dépendante de la rente, le coup d’État du 30 août 2023 a offert une occasion unique de repenser nos pratiques, nos priorités et, surtout, notre mentalité. Pourtant, la question demeure : allons-nous saisir cette chance ou reproduire les erreurs du passé, sinon pire ?

Une critique d’un système défaillant

Hervé Omva le rappelle avec force : « L’activité politique au Gabon est un gouffre financier qui réduit la population à la mendicité. » Dans un pays où les dépenses liées à la politique atteignent des sommets ahurissants, il est légitime de s’interroger sur leur utilité. Dialogue national à 5 milliards de FCFA, référendum à plus de 20 milliards, élections qui pourraient coûter des centaines de milliards : ce cycle d’investissements politiques écrase les ressources disponibles pour répondre aux besoins essentiels des citoyens.

Pire encore, la société civile, censée jouer le rôle de garde-fou et de contre-pouvoir, reproduit les mêmes travers que les acteurs politiques. Trop souvent, elle tombe dans la calomnie, la division et la quête de privilèges personnels. « Nous ne faisons pas mieux que les autres », déplore Omva, soulignant la nécessité d’une introspection collective.

Un appel à une rupture profonde

Pour sortir de ce cercle vicieux, je propose un changement radical de paradigme. La transition actuelle ne doit pas être un simple ajustement cosmétique mais bien une rupture totale avec les pratiques du passé. Cela passe par un recentrage sur les besoins réels des populations, une lutte contre la haine et les énergies négatives qui gangrènent le débat public, et surtout un engagement sincère à construire un Gabon pour tous.

Des solutions concrètes pour un nouveau Gabon

Au-delà des critiques, des solutions existent. Le Gabon regorge de ressources humaines talentueuses et d’infrastructures sous-utilisées. Omva propose une approche décentralisée et pragmatique :

  1. Valorisation des ressources locales : Faire des régions comme le Haut-Ogooué, l’Ogooué-Ivindo et l’Ogooué-Lolo des pôles spécialisés dans la fabrication d’outils agricoles et de mobilier en bois. Inspirons-nous d’initiatives locales telles que le village Edock City pour créer des réseaux d’ateliers de fabrication, à partir des centres de formation existants.
  2. Redéfinir les priorités économiques : Investir dans des secteurs à fort impact social, tels que l’agriculture, la transformation du bois et les infrastructures communautaires, plutôt que dans des projets politiques coûteux et souvent inefficaces.
  3. Engager la jeunesse : Le fort taux d’abstention des 18-35 ans lors des dernières élections est un signal d’alarme. Ces jeunes, souvent mobilisés pour des campagnes électorales, doivent désormais être impliqués dans des projets concrets de développement.

Construire aux côtés du CTRI

Omva salue l’ouverture affichée par le CTRI et le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, tout en rappelant que la réussite de cette période repose sur un engagement collectif. « Nous devons être sincères et vrais », insiste-t-il. Cela implique une société civile neutre, constructive et orientée vers l’intérêt général.

Le Gabon mérite mieux que les divisions, la corruption et les opportunismes. En unissant nos efforts et en tirant parti des acquis existants, nous avons l’opportunité de bâtir un pays où chaque citoyen trouve sa place et où les ressources sont utilisées pour le bien commun.

Vers un nouvel espoir

Hervé Omva conclut son plaidoyer par un appel à l’action : « Mettons-nous sincèrement au travail. Chacun dans son segment. C’est aussi simple. » Si les Gabonais parviennent à dépasser leurs différends et à canaliser leurs énergies vers des objectifs communs, ce tournant historique pourrait marquer le début d’une véritable renaissance nationale.

Il est temps pour le Gabon de se redéfinir, non pas dans les mots, mais dans les actes. Saisissons cette opportunité pour construire un pays à la hauteur des attentes de ses citoyens.

Hervé Omva Ovono est un membre actif de la société civile gabonaise et Coordonnateur des Programmes de (l’ONG IDRC Africa ) Initiatives Développement Conseils Africa.

 
GR
 

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