[Tribune] L’hommage d’Alain-Claude Bilie-By-Nze au Pape François

Ancien Premier ministre du Gabon, Alain-Claude Bilie-By-Nze rend un hommage vibrant au Pape François en soulignant son engagement exceptionnel pour l’Afrique. De Bangui à Kinshasa, l’ex-chef du gouvernement gabonais retrace les moments forts de la relation privilégiée entre le Souverain Pontife et le continent africain, mettant en exergue son plaidoyer constant pour la fraternité, la paix et le dialogue. Au-delà de la dimension spirituelle, le leader politique salue l’universalité du message papal et son appel au mouvement perpétuel vers l’autre, un héritage qui transcende les clivages religieux et guide l’action politique contemporaine.

Bilie-By-Nze au sujet du Pape François : «Croyants ou non, son message de fraternité et d’espérance reste universel. Ce chemin, c’est celui que nous partageons et que nous devons nous engager à poursuivre. » © GabonReview (Montage)
Le Pape François a été un défenseur inlassable de l’Afrique, des africains et en particulier des plus vulnérables. Si le monde a été son chemin, l’Afrique en fut son carrefour.
Souvenons-nous de la puissance de son voyage de 2015 à Bangui auprès des plus humbles. Là, pour la première fois en dehors du Vatican, en pleine guerre, courant les plus grands dangers, le Pape inaugura le Jubilé de la Miséricorde, proclamant alors en ouvrant la Porte Sainte de la cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception que « Bangui (devenait) la capitale spirituelle du monde ».
N’oublions pas tous les autres voyages tout aussi marquants au Kenya, en Ouganda, en Égypte, au Maroc, au Mozambique, à Maurice et Madagascar, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud. Avec le Pape François, le point de gravité du monde a changé.
Au cours des douze années de son pontificat, le Pape François, venu d’un autre Sud, celui de l’Amérique latine, a appelé chacun à plus de fraternité et a dénoncé avec force et colère les violences contre les femmes et les hommes, la destruction de la nature, la prédation des ressources, la corruption et l’accaparement des richesses.
Remémorons-nous aussi sa bonté, ses actes comme ses mots pour les migrants et les prisonniers. De son premier voyage à Lampedusa jusqu’à ce dernier Jeudi saint où il visita la prison romaine Regina Coeli, il nous a convoqué à plus de fraternité et de miséricorde.
Gabonais, ouvert à tous les courants religieux tant par philosophie que par tolérance, je suis sensible à son courageux dialogue avec les grandes religions et en particulier avec l’Islam.
En 2019, à Abu Dhabi aux Émirats arabes unis, le Document sur la fraternité humaine et pour la paix mondiale et la coexistence commune fut signé entre le Pape François et le Grand Imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb. Ce traité restera comme un grand texte universel invitant au dialogue et à la réconciliation entre le monde islamique et le monde chrétien, rejetant toute violence et « défendant partout le droit des opprimés et des derniers ».
Pèlerin inlassable d’une fraternité en action, son ardeur comme sa simplicité sont un modèle et je m’associe à la peine des catholiques du monde entier comme à leur espérance que son héritage puisse vivre avec force et mouvement.
Hier encore, dans son homélie du dimanche de Pâques, il invitait chacun au mouvement, à partir en chemin : « Le Christ (…) n’est plus enveloppé dans le linceul, et donc on ne peut pas l’enfermer dans une belle histoire à raconter, on ne peut pas en faire un héros du passé ou penser à Lui comme à une statue placée dans la salle d’un musée ! Au contraire, nous devons le chercher, et pour cela nous ne pouvons pas rester immobiles. Nous devons nous mettre en mouvement, sortir pour le chercher : le chercher dans notre vie, le chercher sur le visage de nos frères, le chercher dans le quotidien, le chercher partout sauf dans ce tombeau ».
Croyants ou non, son message de fraternité et d’espérance reste universel. Ce chemin, c’est celui que nous partageons et que nous devons nous engager à poursuivre.

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