[Tribune] Lettre ouverte au Ministre de l’Agriculture : La solution durable pour freiner la violence juvénile
Face à la montée de la violence juvénile et au manque de perspectives pour de nombreux jeunes Gabonais, Hervé Omva*, coordonnateur général de l’ONG IDRC Africa, lance un appel au ministre de l’Agriculture. Dans cette lettre ouverte, il met en lumière l’urgence d’une réforme agricole ambitieuse, proposant un programme pour l’insertion des jeunes par la formation en techniques agricoles et la valorisation des produits locaux. Une initiative qui pourrait, selon lui, offrir des solutions durables pour freiner les désordres sociaux et insuffler un nouvel espoir à une jeunesse en quête de repères.
Monsieur le Ministre de l’Agriculture,
Permettez-moi, en ma qualité de coordonnateur général de l’ONG IDRC Africa, de vous adresser cette lettre pour attirer votre attention sur une problématique urgente qui touche notre société : les désordres et la violence juvénile. Les jeunes du Gabon, souvent en manque de repères et de perspectives, sont de plus en plus nombreux à s’enliser dans un cycle de violence et de marginalisation. À cela s’ajoute une carence d’opportunités professionnelles, créant ainsi un climat propice aux comportements déviants.
Comme le rappellent les écrits de Platon, toutes les époques ont connu des défis liés à la socialisation des jeunes. Cependant, les tensions et les incertitudes économiques et sociales de notre époque rendent la situation encore plus préoccupante. Les jeunes, sans espoir d’un avenir meilleur, sont tentés par des chemins destructeurs qui compromettent à la fois leur propre avenir et celui de notre nation.
Face à ce constat, l’IDRC Africa propose une approche concrète et durable pour offrir à notre jeunesse une alternative constructive : le développement des compétences agricoles et l’entrepreneuriat agricole. En intégrant les jeunes dans ce secteur, nous leur permettons non seulement d’acquérir des compétences techniques précieuses, mais aussi de devenir des acteurs de la sécurité alimentaire et du développement local.
Notre programme de formation agricole repose sur trois piliers essentiels :
- L’insertion sociale et professionnelle des jeunes – en leur offrant des compétences agricoles concrètes, nous leur permettons de réintégrer la société de manière positive et productive.
- La valorisation des produits locaux – en apprenant à cultiver, transformer et commercialiser des produits locaux, ces jeunes peuvent contribuer activement à l’économie nationale tout en développant leur autonomie.
- L’accompagnement personnalisé – chaque stagiaire bénéficie d’un suivi afin de s’imprégner non seulement des techniques agricoles, mais aussi des valeurs de discipline, de responsabilité et de travail en équipe.
Monsieur le Ministre, l’agriculture pourrait être l’un des piliers de cette intégration juvénile et de la réduction de la violence. En ces temps d’instabilité géopolitique et de crises économiques, nous devons investir dans des solutions durables et résilientes. Développer le secteur agricole n’est pas uniquement une question de sécurité alimentaire ; c’est aussi un moyen de restaurer la paix sociale, en donnant aux jeunes un objectif, une responsabilité, et un rôle positif dans la société.
Je vous invite donc, Monsieur le Ministre, à faire de l’agriculture gabonaise un outil de changement social et à soutenir notre démarche en facilitant l’accès des jeunes à ces programmes de formation. Ensemble, nous pouvons faire de l’agriculture un levier pour la paix sociale, et contribuer à construire une génération de citoyens responsables et engagés.
Dans l’attente de votre action en faveur de cette jeunesse en quête de repères, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération distinguée.
*Hervé Omva Ovono est ingénieur agronome, détenteur d’un Master en sociologie du développement. Membre actif de la société civile gabonaise et Coordonnateur des Programmes de (l’ONG IDRC Africa ) Initiatives Développement Conseils Africa.
1 Commentaire
C’est une des solutions. Mais nous sommes en 2024, il faudrait écouter les désirs et souhaits de cette jeunesse gabonaise. L’agriculture ne peut être le seul réceptacle pour endiguer la violence juvénile. Les jeunes même sans diplômes aspirent à ce que l’on les aident à embrasser des métiers d’avenir.