Créé en octobre 2000 à Beijing (Pékin) à l’initiative de la Chine et de l’Afrique, le Forum sur la coopération sino-africaine, plus connue sous l’acronyme anglais Focac (Forum on China-Africa Cooperation, s’est imposé comme un exemple de coopération Sud-Sud, inspirant sur la scène internationale d’autres partenaires de l’Afrique, sur l’organisation de forums similaires avec les pays africains.), estime l’ancien journaliste, Diplomate et ancien Porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération de la République gabonaise, Emmanuel Mba Allo.

Plus de deux décennies après sa création, le FOCAC s’est imposé comme un exemple de coopération Sud-Sud et un mécanisme pragmatique de promotion de développement. © D.R.

 

Ancien journaliste, Emmanuel Mba Allo est Diplomate, ancien Porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération de la République gabonaise. © D.R.

Dakar a abrité les 29 et 30 novembre 2021 le Forum sur la coopération sino-africaine, plus connue sous l’acronyme anglais FOCAC (Forum on China-Africa Cooperation). C’était la huitième Conférence ministérielle Chine-Afrique, et la troisième à se tenir sur le continent après Johannesburg (Afrique du Sud) en 2015, Charm el-Cheikh (Égypte) en 2009 et Addis-Abeba (Éthiopie) en 2003.

Au cours de cette 8ème édition du Forum Chine-Afrique placée sous le thème «Approfondir le partenariat sino-africain et promouvoir le développement durable pour bâtir une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans la nouvelle ère», la Chine a expressément renouvelé sa volonté d’aider l’Afrique à s’industrialiser et à se doter des infrastructures qui lui font défaut, à disposer des techniciens nécessaires à son développement. Elle s’est engagée à mettre en œuvre pour les trois années qui viennent neuf programmes ciblés dans les domaines de la santé, de la réduction de la pauvreté, de la promotion du commerce et de l’investissement, de l’innovation numérique, du développement vert et de l’agriculture, du renforcement des capacités, des échanges humains et culturels, de la paix et de la sécurité.

Face à la pandémie de la COVID-19, d’une ampleur jamais connue depuis un siècle, le Président chinois, Xi Jinping, a annoncé dans son discours à la cérémonie d’ouverture de la 8ème Conférence ministérielle du FOCAC que la Chine fournira à l’Afrique un milliard de doses de vaccins supplémentaires, dont 600 millions sous forme de don et 400 millions sous d’autres formes comme la production conjointe entre les entreprises chinoises et les pays africains concernés.

Plus de deux décennies après sa création, le FOCAC s’est imposé comme un exemple de coopération Sud-Sud et un mécanisme pragmatique de promotion de développement. En témoignent l’amitié sino-africaine qui s’est nettement renforcée, les échanges qui se sont diversifiés et les nombreuses réalisations enregistrées dans tous les secteurs de la coopération sino-africaine.

Il n’est donc pas surprenant que le mécanisme du FOCAC fasse tache d’huile sur la scène internationale au point de suggérer à d’autres partenaires de l’Afrique, l’idée de l’organisation de forums similaires avec les pays africains. Après Chine-Afrique de Dakar, s’en est suivi Turquie-Afrique, qui fera place à Europe-Afrique en Févier 2022, puis Etats-Unis d’Amérique-Afrique, en attendant, Russie-Afrique en novembre 2022. A ces rencontres s’ajoutent également Inde-Afrique, Viêtnam-Afrique, Japon-Afrique et Monde arabe-Afrique.

Si l’Afrique revêt un attrait aux yeux des autres puissances, c’est parce que la Chine s’y est intéressée hier et s’y intéresse encore aujourd’hui. Après avoir colonisé et exploité le continent, les Européens s’en sont détournés. Ils reviennent l’un après l’autre. Grâce à la Chine. C’est parce que les Chinois ont découvert l’Afrique il y’a 65 ans (1956 est la date d’établissement des relations diplomatiques entre la République Populaire de Chine et l’Egypte ainsi que d’autres pays africains indépendant à l’époque) et s’y intéressent encore en 2021 que tous les autres en sont venus, aujourd’hui, à estimer que ce continent n’était après tout, pas dans une situation aussi désespérée qu’ils l’avaient pensé il y’ a trente ans. L’Afrique a un présent et, surtout,  un avenir qu’il ne faut pas manquer.

« La Chine m’inquiète» faisait dire Marcel Proust à l’un de ses personnages, la duchesse de Guermantes, dans son livre «  A la Recherche du temps perdu ». Nombreux sont ceux qui,  aujourd’hui reprennent volontiers à leur compte cette formule badine parlant de la politique africaine de la Chine qui fait l’objet de critiques en Occident. Pékin est accusé de pratiquer le néo-colonialisme et de piller les richesses du sous-sol africain. Ces critiques sont infondées et malveillantes. La Chine n’inquiète pas l’Afrique. Elle s’est toujours rangée du côté des peuples africains en leur accordant son soutien moral et matériel durant les luttes de libération. Aujourd’hui Pékin soutient l’Afrique dans son processus de développement économique.

C’est donc à la Chine que les Africains doivent de se trouver, en cette année 2021 finissant, au centre de l’intérêt des Euro-americains. La Chine a fait briller notre Continent aux yeux de ceux-là qui, hier encore, n’avait pour lui que condescendance.

La présence de la Chine en Afrique est très positive. C’est bon pour l’Afrique, qui reçoit de nouveaux investissements, c’est bon pour la Chine et c’est bon pour l’Europe et les Etats-Unis que la concurrence stimule.

Il revient aux Africains de tirer le meilleur parti de cette situation.

Emmanuel MBA ALLO

Ancien Ambassadeur du Gabon en Chine

 
GR
 

1 Commentaire

  1. JNN dit :

    Je trouve tout cela intéressant, cependant il faut bien comprendre une chose, la meilleure manière d’aider des pays en voie développement ou mieux sous-développé, c’est de former ces populations dans les différents domaines qui leur permettront d’y arriver eux-mêmes. La Chine s’y connait dans tous les domaines, l’éducation (au Gabon nous avons un système éducatif vieux de plusieurs décennies), l’industrie, l’infrastructure, les services …, Au lieu d’augmenter la dette du pays avec les infrastructures, les industries qu’ils contrôlent eux-mêmes sans nous former. Nous nous retrouvons bientôt dans l’impossibilité de payer nos dettes envers la Chine et elle pourra ainsi contrôler le pays, les ressources… Qui viendra parler étant donné qu’une dette, c’est une dette ?

    Ce que nous voulons, nous les jeunes, c’est recevoir des formations dans ces différents domaines pour pouvoir, nous même, développer notre pays. Aujourd’hui dans notre propre pays, voire continent, les usines chinoises sont contrôlés par les Chinois, forment ils les jeunes africains qui les remplaceront ? Bien sûr NON. Nous, nous faisons les tâches difficiles où aucune formation intellectuelle n’est souhaiter et pour des salaires misérable. Je n’appelle pas cela une coopération sud-sud. Le gouvernement devrait, pour le moins que nous puissions attendre de lui, négocier un transfert des connaissances plutôt que les moyens financiers. Nous n’avons pas besoins d’argent pour développer notre pays.

    La Chine est devenu un pays très puissant sur tous les aspects, économique, politique, militaire,… Mais selon l’histoire, ce n’est pas grâce aux « richesses de son sol » ou à des emprunts. Nous ne devons pas choisir la voie de la facilité car nous risquons de tomber dans ce piège que nous voyons pourtant clairement. Prenons exemple sur ces pays pourtant dépourvu des richesses naturelles, qui se sont développer comme la Corée du sud. Choisissons des partenaires qui partageront leurs savoirs faire et non pas ceux là qui nous plongeront dans une dette encore plus massive que celle que nous n’arrivons pas déjà à rembourser. Je suis sûre que nous, jeunes gabonais ou mieux africains, pouvons nous même participer au développement de nos pays.

    Qui suis-je pour parler ainsi ? Juste un jeune gabonais qui rêve de pouvoir, avec ses frères et sœurs gabonais, participer au développement de notre pays puis avec nos frères et sœurs africains, notre continent.

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