[Tribune] Contraception gratuite : vers une solution ou une illusion ? Une réponse à une approche réductrice de la dignité humaine

Répondant à la tribune «Pour un accès gratuit aux contraceptifs : un stérilet offert, une vie sauvée », Jacob Koudjonou Ondenot*, formateur de couples au sein de l’Église catholique, dénonce une illusion de progrès qui, selon lui, masque une démission éducative et une atteinte silencieuse à la dignité humaine. S’opposant à la gratuité des stérilets au Gabon, il défend une vision religieuse de la procréation et plaide pour l’éducation à la régulation naturelle des naissances plutôt que pour l’accès aux contraceptifs. Selon lui, ce choix sociétal pourrait avoir des conséquences profondes sur les valeurs morales, la santé des femmes et l’avenir de la jeunesse gabonaise.

«Une femme n’a pas besoin d’un stérilet pour être libre. Elle a besoin d’être reconnue dans sa dignité, soutenue dans son chemin de femme, et accompagnée dans la vérité de son corps et de sa vocation. » © GabonReview

KOUDJONOU ONDENOT Jacob. © D.R.
À la lecture de la tribune plaidant pour l’accès gratuit aux stérilets au Gabon, j’ai ressenti le besoin d’apporter un éclairage complémentaire, non pas pour contredire la sincérité de la démarche engagée, mais pour poser un regard plus large, plus humain et plus enraciné dans la vocation profonde de l’homme et de la femme.
En tant que formateur et encadreur de couples au sein de l’Église Catholique, je me permets de proposer une autre voie, plus respectueuse du rythme naturel de la vie, de la dignité de la personne humaine, et de la vocation créatrice de Dieu. Il ne s’agit pas ici d’indexer une personne ou une structure, mais d’interpeller la société gabonaise sur le choix de société que nous faisons aujourd’hui pour les générations futures.
1. La régulation naturelle : une voie d’éducation à la liberté et à l’amour
Il est préoccupant de constater que la réponse proposée à des situations complexes, telles que les grossesses non désirées, soit l’intervention artificielle dans le processus de la vie, par des dispositifs contraceptifs. La régulation naturelle des naissances, longtemps portée par l’Église, est souvent méconnue ou caricaturée. Pourtant, elle appelle à un chemin d’éducation, de connaissance de soi, de maîtrise de son corps, et surtout, à un respect profond de l’autre.
Former la jeune fille (et aussi le jeune garçon) dès le plus jeune âge à comprendre son cycle naturel, à accueillir son corps comme un don et non comme un fardeau, est une voie durable, responsable et profondément humaniste.
2. L’intervention contraceptive : une mainmise de l’homme sur l’œuvre de Dieu
Recourir à des contraceptifs comme le stérilet, c’est introduire la main de l’homme dans ce qui appartient au mystère divin : la transmission de la vie. Loin d’être un acte neutre, c’est une manière de se soustraire à la vocation co-créatrice que Dieu a confiée à l’homme et à la femme.
Le pape Saint Jean-Paul II rappelait dans Evangelium Vitae que « la vie humaine est sacrée dès son commencement ». Le stérilet, qui empêche la nidation de l’œuf fécondé, peut dans certains cas agir après la fécondation, ce qui revient à empêcher la vie de se n’est-ce pas là une forme d’élimination silencieuse ?
3. Une société contraceptive, une société permissive ?
Rendre les contraceptifs gratuits revient, de façon implicite, à encourager une sexualité précoce, banalisée, et déconnectée de toute responsabilité. C’est créer l’illusion qu’il est possible de consommer le plaisir sexuel sans en assumer les conséquences.
De nombreuses études médicales indiquent par ailleurs que l’usage prolongé de certains contraceptifs peut favoriser des effets secondaires graves, parmi lesquels :
- Des troubles hormonaux profonds
- Une augmentation du risque de certains cancers (sein, col de l’utérus, foie) ;
- Des déséquilibres psychologiques et des pertes de libido
Faut-il vraiment exposer la jeunesse à ces dangers au nom d’une liberté mal comprise ?
4. Le vrai combat : l’éducation, pas la médicalisation
Les problématiques liées à la sexualité, aux grossesses non désirées, aux violences, ne trouvent pas de solution durable dans la seule gratuité d’un dispositif médical. Le véritable chantier est éducatif, moral, social, familial.
Plutôt que de distribuer des stérilets, formons les familles, soutenons les parents dans leur rôle éducatif, ouvrons des espaces de dialogue sur la sexualité saine, sur l’amour véritable, sur l’engagement, sur le sens du don de soi. Aidons les jeunes à se projeter dans une relation de qualité, tournée vers le mariage, et non dans une quête désordonnée de plaisir immédiat.
5. Apprendre la maîtrise de soi : fondement de la maturité affective
Apprendre à s’abstenir, c’est se préparer à aimer véritablement. C’est acquérir la maîtrise de sa libido, comprendre que l’amour ne se réduit pas à la consommation du corps de l’autre. Un homme capable d’accompagner son épouse dans les phases délicates de sa vie (comme la ménopause) sans chercher une alternative égoïste est un homme formé à la continence, à la fidélité, à la profondeur.
Cette école de patience et de respect mutuel est bien plus formatrice que tous les dispositifs chimiques et mécaniques que l’on peut offrir gratuitement.
6. Face aux situations dramatiques : proposer un accompagnement digne
Oui, il y a des cas douloureux : viols, incestes, abandons, etc. Mais là encore, la réponse ne peut être un geste technique isolé. Il faut entourer, écouter, accompagner. L’Église, par ses cellules d’écoute, le ministère des Affaires sociales, les psychologues et travailleurs sociaux, sont autant de ressources à mobiliser.
Offrir un stérilet, ce n’est pas toujours offrir un avenir. C’est parfois faire taire une douleur sans la guérir.
Conclusion : Éduquer à la vie, non l’interrompre
Notre société gabonaise mérite mieux qu’une solution simpliste à un problème complexe. Plutôt que d’étendre la gratuité des contraceptifs, étendons la culture du respect, de l’amour vrai, de l’éducation familiale, et du sens de la responsabilité.
Une femme n’a pas besoin d’un stérilet pour être libre. Elle a besoin d’être reconnue dans sa dignité, soutenue dans son chemin de femme, et accompagnée dans la vérité de son corps et de sa vocation.
Défendons la vie. Éduquons à l’amour. Protégeons la jeunesse.
*KOUDJONOU ONDENOT Jacob
Formateur des couples en préparation au mariage Religieux à l’Église catholique

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