Créé en octobre 2000 à Beijing (Pékin) à l’initiative de la Chine et de l’Afrique, le Forum sur la coopération sino-africaine fête cette année ses 20 ans.

«La Chine inquiète. Elle est accusée de pratiquer le néo-colonialisme en Afrique.» © Gabonreview/Shuttertstock

 

Ancien journaliste, Emmanuel Mba Allo est Diplomate, ancien Porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération de la République gabonaise. © D.R.

Deux décennies après sa création, le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC selon le sigle anglais) est devenu une plate-forme importante de dialogue collectif. Il se présente désormais comme un mécanisme efficace et original de coopération pragmatique entre la Chine et l’Afrique.

Depuis 2000, le Forum a tenu sept réunions ministérielles et trois sommets au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement. Ces fora ont mis en place un nouveau partenariat de coopération stratégique global sino-africain, caractérisé par l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération gagnant-gagnant sur le plan économique, les échanges et l’inspiration mutuelle sur le plan culturel, la solidarité et l’assistance mutuelle sur le plan sécuritaire et ainsi que la coopération et la coordination dans les affaires internationales.

Il n’est donc pas surprenant que ce mécanisme original fasse tache d’huile au sein de la société internationale au point de suggérer à d’autres partenaires de l’Afrique, l’idée de l’organisation de forums similaires avec les pays africains. Les exemples ne manquent pas : Forum Singapour-Afrique, Forum Vietnam-Afrique, Forum Corée-Afrique, Forum Japon-Afrique, Forum Inde-Afrique, Forum Russie-Afrique, etc…

L’idée d’un Forum de coopération Chine-Afrique est née en 1999 au cours des rencontres du Groupe des Ambassadeurs africains à Beijing avec les dirigeants chinois.

A l’occasion de l’une de ces rencontres, le 30 juin 1999, le doyen du corps diplomatique africain à Beijing se demandait s’il n’était pas possible d’envisager à Beijing ou dans une capitale africaine, à l’instar des sommets du Commonwealth, des Sommets France-Afrique, du Forum Asie-Pacifique, de la concertation Europe-Asie etc…, un Sommet Chine-Afrique pour une réflexion dynamique sur l’ensemble de la problématique des relations sino-africaines au 3ème millénaire.

Il poursuivait en suggérant qu’un comité mixte, composé de quelques Ambassadeurs africains et des représentants du Ministère des Affaires étrangères et du Commerce de Chine, pourrait être chargé d’étudier l’opportunité, les modalités de mise en pratique et le contenu d’une telle initiative. Le Forum sur la coopération sino-africaine verra le jour en l’an 2000. Il se réunit tous les trois ans alternativement en Chine et en Afrique.

La première conférence ministérielle du Forum s’est tenue du 10 au 12 octobre 2000 à Beijing. Les deux grands thèmes de cette rencontre étaient « Comment contribuer à l’instauration d’un nouvel ordre politique et économique international pour le 21ème siècle » et « Comment renforcer, dans le nouveau contexte, la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’Afrique ».

La deuxième édition du Forum a eu lieu du 15 au 16 décembre 2003 à Addis-Abeba, en Ethiopie, sur le thème de la « Coopération pragmatique et développement des ressources humaines en Afrique ».

En 2006, pour le 50ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine nouvelle et des pays africains, la Chine et l’Afrique ont convenu d’organiser un Sommet du Forum lors de la troisième Conférence ministérielle tenue à Beijing. Lors de ce premier Sommet du Forum sur la coopération sino-africaine, le Président chinois Hu Jintao  avait annoncé la mise en place de huit mesures pour soutenir le développement des pays africains : une aide accrue à l’Afrique, des prêts préférentiels et de crédits acheteurs à l’exportation avec bonification d’intérêt, la création du Fonds de Développement Chine-Afrique, l’aide à la construction du Centre de Conférences de l’Union Africaine, l’annulation de la dette en faveur des PMA et des pays pauvres très endettés, l’établissement des zones de coopération économique et commerciale en Afrique et le renforcement de la coopération dans les domaine de la formation, de la santé et de l’éducation.

Les 8 et 9 novembre 2009, c’est la quatrième Conférence ministérielle du Forum de Charml el Cheikh , en Egypte. Lors de la cérémonie d’ouverture de cette conférence ministérielle, le Premier Ministre Wen Jiabao avait annoncé, au nom du Gouvernement chinois, huit nouvelles mesures de coopération avec l’Afrique, dans les domaines de l’agriculture, de la protection de l’environnement, de la promotion de l’investissement, de l’allègement de la dette, de l’accès au marché chinois, de la coopération scientifique et technologique, de la santé, de l’éducation et des échanges culturels.

Après l’Egypte, le tour était revenu à la Chine d’accueillir les 19 et 20 juillet 2012 à Beijing, la cinquième Conférence ministérielle sur le thème « consolider les acquis et ouvrir de nouvelles perspectives pour le nouveau partenariat stratégique sino-africain ». Le Président chinois Hu Jintao (en fin de son deuxième et dernier mandat) avait annoncé, entre autres, que son pays allait doubler son aide aux pays africains d’un montant de vingt (20) milliards de dollars pour soutenir les infrastructures, l’agriculture, l’industrie manufacturière, le développement des PME, le transfert des technologies, la protection de l’environnement, dans les trois années à venir.

L’Afrique du Sud, qui a accédé à la coprésidence africaine du Forum sur la Coopération sino-africaine en 2012, a accueilli les 4 et 5 décembre 2015, le Sommet de Johannesburg et la sixième réunion ministérielle du Forum Chine-Afrique.

C’était le deuxième sommet du Forum dans l’histoire des relations sino-africaines et le premier à se tenir sur le continent africain. Au cours de cette importante réunion, le Président chinois Xi Jinping a annoncé la mise à disposition d’un montant de soixante milliards de dollars pour le développement de l’Afrique.

Du 3 au 4 septembre 2018, la Chine a accueilli à Beijing le troisième sommet et la septième réunion ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine, auxquels ont participé cinquante-trois (53) pays africains et le Président de la Commission de l’Union Africaine.

« La Chine et l’Afrique : construire une communauté de destin encore plus solide par la coopération gagnant-gagnant » a été le thème de ces importantes assises.

Les huit initiatives majeures annoncées par le Président Xi Jinping au cours du Sommet, pour le développement de l’Afrique, ont ouvert un nouveau chapitre dans les annales des relations sino-africaines, dans le cadre de la construction d’une communauté de destin Chine-Afrique plus solide. Il s’agit de la promotion industrielle, l’interconnexion des infrastructures, la facilitation du commerce, le développement vert, le renforcement des capacités, le renforcement de 50 projets d’aide médico-sanitaire à l’Afrique et le développement des échanges humains et culturels.

La huitième conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine se tiendra en 2021 à Dakar, au Sénégal.

La Chine est la plus belle réussite de développement que le monde ait jamais connue. Jamais encore, dans l’histoire de l’humanité, un aussi grand pays n’avait connu de telles transformations dans un espace de temps aussi court. L’irruption sur la scène internationale d’un nouveau géant qui réunit le cinquième de la population mondiale, n’est pas sans provoquer, naturellement, quelques appréhensions, voire quelques craintes.

« La Chine m’inquiète… » faisait dire l’écrivain français Marcel Proust à un de ses personnages, la duchesse de Guermantes, dans son livre « A la recherche du temps perdu ». Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, reprennent volontiers à leur compte cette formule badine parlant de la relation Chine-Afrique. La Chine inquiète. Elle est accusée de pratiquer le néo-colonialisme en Afrique.

La Chine n’inquiète pas l’Afrique. Elle s’est toujours rangée du côté des peuples africains en leur accordant son soutien moral et matériel durant les luttes de libération. Aujourd’hui, le pays soutient l’Afrique dans ses efforts de développement. La Chine n’est pas un pays néo-colonialiste. Elle est sur la scène internationale, une grande force militante pour la paix dans le monde, pour le développement partagé et pour la coopération mutuellement avantageuse.

Avec la création du Forum sur la coopération sino-africaine en l’an 2000, les relations sino-africaines sont entrées dans une nouvelle ère.

Depuis son accession à la Magistrature Suprême en 2009, le Président de la République, Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, a participé aux sommets du Forum de Johannesburg (2015) et de Beijing (2018) sur la coopération sino-africaine.

Emmanuel MBA ALLO

Ancien Ambassadeur du Gabon en Chine

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Milangmissi dit :

    nourredine donne lui un poste, de peur qu’il continue à nous gonfler avec ses appels du pied

  2. diogene dit :

    Notre nouveau maitre !

  3. JRNN dit :

    Je trouve tout cela intéressant, cependant il faut bien comprendre une chose, la meilleure manière d’aider des pays en voie développement ou mieux sous-développé, c’est de former ces populations dans les différents domaines qui leur permettront d’y arriver eux-mêmes. La Chine s’y connait dans tous les domaines, l’éducation (au Gabon nous avons un système éducatif vieux de plusieurs décennies), l’industrie, l’infrastructure, les services …, Au lieu d’augmenter la dette du pays avec les infrastructures, les industries qu’ils contrôlent eux-mêmes sans nous former. Nous nous retrouvons bientôt dans l’impossibilité de payer nos dettes envers la Chine et elle pourra ainsi contrôler le pays, les ressources… Qui viendra parler étant donné qu’une dette, c’est une dette ?

    Ce que nous voulons, nous les jeunes, c’est recevoir des formations dans ces différents domaines pour pouvoir, nous même, développer notre pays. Aujourd’hui dans notre propre pays, voire continent, les usines chinoises sont contrôlés par les Chinois, forment ils les jeunes africains qui les remplaceront ? Bien sûr NON. Nous, nous faisons les tâches difficiles où aucune formation intellectuelle n’est souhaiter et pour des salaires misérable. Je n’appelle pas cela une coopération sud-sud. Le gouvernement devrait, pour le moins que nous puissions attendre de lui, négocier un transfert des connaissances plutôt que les moyens financiers. Nous n’avons pas besoins d’argent pour développer notre pays.

    La Chine est devenu un pays très puissant sur tous les aspects, économique, politique, militaire,… Mais selon l’histoire, ce n’est pas grâce aux « richesses de son sol » ou à des emprunts. Nous ne devons pas choisir la voie de la facilité car nous risquons de tomber dans ce piège que nous voyons pourtant clairement. Prenons exemple sur ces pays pourtant dépourvu des richesses naturelles, qui se sont développer comme la Corée du sud. Choisissons des partenaires qui partageront leurs savoirs faire et non pas ceux là qui nous plongeront dans une dette encore plus massive que celle que nous n’arrivons pas déjà à rembourser. Je suis sûre que nous, jeunes gabonais ou mieux africains, pouvons nous même participer au développement de nos pays.

    Qui suis-je pour parler ainsi ? Juste un jeune gabonais qui rêve de pouvoir, avec ses frères et sœurs gabonais, participer au développement de notre pays puis avec nos frères et sœurs africains, notre continent.

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