Les affirmations du pouvoir de transition assurant qu’Ali Bongo jouissait d’une totale liberté de mouvement semblent n’être que des paroles en l’air. La cousine de l’ancien président, le Dr Nicole Assélé, vient de lâcher une bombe en remerciant le chef de l’État d’avoir autorisé sa visite à ‘’son frère’’ pour l’Aïd el-Fitr. Un aveu qui remet sérieusement en cause le discours officiel et soulève d’épineuses questions sur le véritable statut du déchu. Pendant ce temps, la liberté d’expression aussi semble se rétrécir comme peau de chagrin au Gabon, avec la censure arbitraire dont a été victime Nicole Assélé elle-même sur la télévision nationale. Interrogations sur une situation qui vire à l’imbroglio total.

Nicole Assélé et son cousin Ali Bongo. © D.R.

 

Tout le monde a entendu le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, clamer haut et fort, dès le 30 août 2023, après le «coup d’état» ou «coup de la libération», c’est selon, que le président déchu était libre de ses mouvements. À l’épreuve des faits, tous les signaux et déclamations signalés en périphérie, portent à croire que les allégations des autorités de la transition à cet effet ne seraient que de la communication pour l’opinion internationale.

Dans une communication très courue sur les réseaux sociaux cette fin de semaine, la cousine germaine d’Ali Bongo Ondimba, le Dr Nicole Assélé écrit «je remercie le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour m’avoir autorisée à rendre visite à mon frère à l’occasion de l’Aid El fitr». Ali Bongo Ondimba, fils de sa tante, Patience Dabany (nom d’artiste), Josephine Kama Dabany à la naissance et ancienne première dame sous Omar Bongo Ondimba, serait donc assujetti à un régime d’autorisation pour recevoir ses proches, affirme donc Nicole Assélé dans ce post.

L’opinion en tombe des nues, alors que le président de la transition avait, urbi et orbi, déclaré que le président déchu avait sa liberté de mouvements, y compris celle de se mouvoir hors du territoire national.

Pourtant, personne n’a jamais vu Ali Bongo nulle part ailleurs que chez lui, à travers le petit écran de Gabon 1ère, la télévision du service public, qualifiée aujourd’hui, à tort ou à raison de RT-CTRI, du fait d’être le relais mécanique des aspirations du pouvoir. Dans l’opinion d’hier, c’était RTG-PDG.

Libre, condamné, en isolement ou assigné à résidence, l’opinion veut savoir

Si Ali Bongo Ondimba ne peut sortir de sa résidence, ni même recevoir ses parents et amis selon son agenda et ses désirs, pourquoi alors avoir affirmé qu’il disposait de sa liberté d’aller et de venir ? Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, on reconnaîtra au moins à la présidente du mouvement féministe ‘’L’Appel des Mille et Une’’, sa capacité à assumer ses opinions et son courage à dire vrai. Autres faits de sa vie privée n’enlèvent rien à ses droits de citoyenne gabonaise à part entière ; sans préjudice des responsabilités qui pourraient éventuellement jouer contre elle, à divers titres.

Des Bongo, père et fils, il sera difficile et même «difficultueux»  pour les Gabonais de retenir du positif sur les 56 ans de règne sans partage sur ce doux pays ; trop de ‘’cadavres’’ garnissant leurs placards. Et pourtant, les défenseurs de l’esprit Républicain et de la Démocratie, s’interrogent encore sur l’espèce d’isolement que subit le président déchu, fut-il destitué par un coup d’Etat, sans qu’il ne lui soit officiellement signifié aucune poursuite judiciaire ?

Qu’on l’aime ou pas, cette sortie de Nicole Assélé a le mérite de mettre en lumière de nombreux non-dits à ce sujet. Elle interroge, autant qu’elle appelle de la part des autorités de la transition quelques éclaircissements.

Libertés et retour à la case départ ?

Il y a dans le même temps lieu de demander où va le Gabon en matière de libertés d’expression et d’opinion, des libertés tout court. Hier, c’était le PDG qui était interdit d’antenne, sans raison valable, aujourd’hui c’est le tour de Nicole Assélé de ne plus avoir le droit de s’exprimer sur la télévision de service public. Sans que ni l’un ni l’autre n’ait été officiellement déchu de ses droits.

Il se trouve que l’émission ‘’Questions politiques – Questions actuelles’’, sur Gabon 1ère, avec pour principale invitée, Nicole Assélé, a été ‘’sucrée’’ (interdite de diffusion), jeudi dernier sur Gabon 1ère, sans notification aucune à l’intéressée et aux téléspectateurs. Ce, en dépit d’une capsule promotionnelle diffusée en rotation forte sur les antennes de la télévision publique et sur la toile. Les téléspectateurs pris pour les dindons de la farce, non pas, non plus, eu droit à la moindre excuse des nouveaux seigneurs.

Selon certaines indiscrétions en interne, à Gabon 1ère, l’interdiction de diffusion (l’émission ayant été enregistrée jeudi en matinée) serait venue du «Haut», sans plus.

Les mêmes sources confient qu’une copie de l’émission aurait été faite juste après enregistrement pour un visionnage préalable par ailleurs. On ne sait dans quel but, ni même pourquoi cette émission a-t-elle été autorisée à l’enregistrement et, surtout, pourquoi avoir expressément conviée Nicole Assélé au débat ? Si de telles pratiques venaient à prospérer, il y a fort à craindre un véritable recul en matière de libertés d’expression et du droit des populations à savoir. En fait, une privation des libertés tout court. Ce qui pourrait être de mauvais augure pour la société gabonaise et singulièrement pour la corporation des journalistes et professionnels de l’information, à l’heure du dialogue national inclusif.

Aïeul Barack

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Prince dit :

    RT-ctri? Je me rappelle il ya a peine 6 mois les bars les rues se vidaient pour aller suivre le journal de 20h que peut t’on dire aujourd’hui? Les mêmes causes produisant les mêmes effets, voici la RTG qui est retombée dans le même piège du kounabelisme plus rien n’à mettre sous la dent si ce n’est que les activités du ctri de la présidence ou ministérielle, la RTG visiblement rattrapée par ses vieux démons est devenu La RT -Ctri.

  2. Lavue dit :

    Il y a des cas beaucoup plus importants à traiter que cette distraction sur le cas d’un ALI BONGO qui devrait être content de se retrouver dans la situation qui est la sienne aujourd’hui. Sous d’autres cieux, ce Monsieur dont la médecins avaient confirmé la pleine possession des ses moyens intellectuels et physiques, que son parti-secte qu’est le PDG en avait fait le champion sans contestation pour mener le pays vers 5 années supplémentaires de déclin et de désordre généralisé serait en train de croupir en prison ou ne serait peut-être plus de ce monde. Il ne faut pas l’oublier, le CTRI a fait preuve de grandeur à son égard, il devrait le remercier.

    Ceux qui sont naïfs, qui rêvent en croyant qu’on ne redresse un pays qu’avec la démocratie ne veulent pas qu’on redresse notre pays. C’est pas la démocratie qui fait avancer les pays, mais la volonté des leaders. Ceux que le CTRI affiche comme intention au profit du plus grand nombre des Gabonais, c’est cela qui compte. Les sorciers du PDG qui se revendiquaient tous démocrates ont fait quoi en 41 et en 14 ans? La situation actuelle d’un ALI BONGO n’est d’un aucun intérêt pour les Gabonais, cet incapable qui a foutu des milliers de Gabonais dans la merde.

    le CTRI lui aurait demandé d’aller dans son pays le MAROC, il aurait refusé. Voilà ce que Mme ASSELE doit à la limite solliciter du CTRI. Qu’il aille au MAROC, ce monsieur n’a fondamentalement rien avoir avec les Gabonais, si ce n’est le goût de l’argent du pays adoptif. Qu’il patiente que sa guinguerou et moche épouse sorte de prison après avoir restitué les énormes détournements pour filer en France ou Maroc leurs véritables pays. Qu’il apprenne maintenant à être patient ALI, lui qui n’a jamais eu cette qualité.

    Quant à Nicole ASSELE, elle a toujours été dans la médiocrité, et dire ce sont des gens comme ça qui dirigeaient le pays, nulle besoin d’en rajouter

  3. Gayo dit :

    On n’a pas entendu parler Nicole lorsque son frère Ali Bongo privait de nombreux gabonais de leur liberté et de leur dignité. Où était Nicole quand Bertrand Zibi était maltraité sur la base de mensonges et de crimes de lèse majesté? Ou était Nicole quand Gregory Ngwa Mintsa était privé de salaire? Dieu seul sait combien ses enfants et son épouse on souffert. Combien de personnes ont été privés de bien etre et d’avenir à cause de crimes de lèse majesté qui emmenait les Bongo a couper leurs salaires. Nicole devrait aussi se taire pour le cas de son frère pour ne pas frustrer et blesser encore les gabonais avec cette prise de position qui ne révèle non pas une soif de justice que les Assélé et les Bongo n’ont jamais reconnu aux adversaires pourtant gabonais comme eux mais leur égocentrisme qui consiste à croire qu’ils peuvent violer illégalement les droits et libertés d’autrui pendant que les leurs restent intouchables. Pour une personne de son rang quand on a été incapable de défendre les droits de tous le monde, on ne vient pas faire le bruit parce que ton frère est dans la même situation au nom du principe d’égalité des citoyens. Nous aussi subissons le couvre feu qui perdure avec plus de conséquence pour certaines familles que Ali Bongo. C’est pour la sécurité et la stabilité du pays. Qu’il reste pour le moment dans son château doré ou qu’il s’exile.

    Et vous parlez de quel franc parlé de Nicole Assélé? Elle n’a jamais défendu le Gabon et les gabonais? Elle ne parle franc que quand il faut défendre des intérêts partisans et familiaux.

    • Yann Levy Boussougou-Bouassa dit :

      Gayo, Lavue, je ne suis pas d’accord avec vous. Si on estime que Ali Bongo a eu un comportement répréhensible durant sa magistrature, alors que son cas soit traité dans le cadre d’une justice transparente. On le condamne ou on le relaxe. On ne peut accepter qu’il soit gardé dans une situation « grise » au motif que sous d’autres cieux, par rapport à ce que la population lui reproche, il serait « sincèrement » embastillé ou, pire, envoyé ad patres.
      On ne peut priver quelqu’un de sa liberté fondamentale d’aller et venir, que pour des raisons justifiées et claires. Dans CTRI, il y a le vocable « transparence ». Sur la situation d’Ali Bongo, comme sur d’autres au passage, je trouve qu’on est plutôt dans une opacité scabreuse. Aujourd’hui c’est Ali Bongo qu’on n’aime pas (à juste titre), mais demain quelqu’un d’autre pourrait être dans la même situation pour des raisons peu objectives. A l’heure où nous construisons une nouvelle aube pour notre pays, évitons de réfléchir sous l’influence de nos émotions.

  4. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. C’était tellement prévisible que n’importe quel gardien pouvait arrêter ce tire. Amen.

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