Lors des premières Rencontres Internationales Francophones en Évaluation Environnementale, organisées à Paris, Adrien W. N’Koghe-Mba, chroniqueur environnemental sur GabonReview, a porté la voix du Gabon et du bassin du Congo, en soulignant le rôle crucial de ses forêts tropicales dans la lutte contre le changement climatique. À travers un plaidoyer étayé, il a appelé à une responsabilité collective et à l’utilisation d’évaluations environnementales robustes pour concilier développement et préservation des écosystèmes.

Adrien W. N’Koghe-Mba (à droite sur la tribune) lors de son intervention aux premières Rencontres Internationales Francophones en Évaluation Environnementale, le 17 janvier 2025 à Paris, au Sénat français. © GabonReview

 

Du 13 au 17 janvier 2025, Paris a accueilli les premières Rencontres Internationales Francophones en Évaluation Environnementale. L’événement, organisé par le Secrétariat International Francophone pour l’Évaluation Environnementale (SIFÉE), France Évaluation Environnementale (FÉvE) et le Laboratoire Interdisciplinaire d’Évaluation des Politiques Publiques (LIEPP) de Sciences Po, a rassemblé experts, décideurs et praticiens pour aborder les enjeux complexes de la transition écologique. En combinant ateliers de formation, colloques et débats stratégiques, cette initiative a permis de faire avancer les discussions sur l’intégration de l’évaluation environnementale dans les politiques publiques.

Instantanés de la sortie du Gabonais au Sénat français. En bas, avec Brice Huet, Commissaire général de France au Développement durable. © GabonReview

Adrien W. N’Koghe-Mba, représentant le Gabon, a marqué cet événement par une intervention dédiée aux forêts du bassin du Congo. Son discours, à la fois analytique et prospectif, a souligné les interconnexions entre la gestion des écosystèmes africains et les responsabilités internationales.

Les forêts du bassin du Congo : une régulation climatique mondiale

Adrien W. N’Koghe-Mba n’a pas manqué de rappeler l’importance cruciale des forêts du bassin du Congo, deuxième plus grand massif forestier tropical au monde. «Le bassin du Congo est un écosystème vital non seulement pour l’Afrique, mais pour l’humanité tout entière», a-t-il affirmé. Il a notamment précisé que ces forêts, qui couvrent une superficie équivalente aux trois quarts de l’Europe, absorbent «six fois plus de carbone que l’Amazonie», soulignant ainsi leur rôle clé dans la régulation climatique.

Le Gabon, dont 88 % du territoire est recouvert de forêts, contribue de manière significative à cet équilibre en séquestrant autant de carbone que l’ensemble des pays de l’Amazonie. N’Koghe-Mba a mis en garde contre les pressions croissantes exercées sur cet écosystème : «Si elles disparaissent, les conséquences seront catastrophiques, y compris pour l’Europe.»

L’une des dimensions essentielles de l’intervention de N’Koghe-Mba a été de mettre en lumière le lien direct entre les pratiques européennes et la situation des forêts africaines. «Les choix politiques, économiques et de consommation des Européens jouent un rôle direct sur l’avenir du bassin du Congo», a-t-il déclaré. Il a pointé la transition énergétique européenne, qui repose sur des technologies utilisant des métaux rares comme le cobalt et le nickel, en provenance de régions telles que le bassin du Congo.

Selon lui, cette demande croissante exerce une pression considérable sur les écosystèmes forestiers et les communautés locales. «Des projets d’extraction minière, souvent mal encadrés, entraînent des destructions massives, non seulement des écosystèmes forestiers, mais aussi des moyens de subsistance des communautés locales

Les impacts globaux de la destruction des forêts

Adrien W. N’Koghe-Mba a littéralement martelé et averti sur les répercussions à l’échelle mondiale si les forêts du bassin du Congo venaient à disparaître. «La destruction de ces forêts pourrait provoquer une augmentation globale de 2°C des températures», a-t-il expliqué, soulignant les impacts que cela aurait sur les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations en Europe. Il a également évoqué le risque accru de zoonoses, en raison de la disparition de la barrière naturelle que représentent ces écosystèmes.

L’impact sur les migrations a également été évoqué : «La destruction des forêts du bassin du Congo perturberait le cycle hydrologique, entraînant des famines et des migrations massives vers le nord, en direction de l’Europe

Pour répondre à ces défis, N’Koghe-Mba a plaidé pour une généralisation et un renforcement de l’évaluation environnementale. «Ces outils permettraient d’anticiper les impacts de l’extraction minière et d’intégrer des mesures pour atténuer les dégâts environnementaux, réduire les conflits sociaux et garantir que ces activités ne se fassent pas au détriment des générations futures», a-t-il affirmé. Il a également souligné la nécessité d’une harmonisation des méthodologies d’évaluation entre l’Europe et l’Afrique afin de garantir des approches transfrontalières cohérentes.

Une vision partagée pour l’avenir

En mettant en avant le pacte environnemental lancé par le Gabon en 2025, il a appelé à des partenariats solides pour soutenir les initiatives des pays du bassin du Congo. «Protéger les forêts du bassin du Congo, c’est protéger l’Europe, c’est protéger notre avenir commun», a-t-il conclu.

L’intervention d’Adrien W. N’Koghe-Mba a donc souligné que la préservation des forêts du bassin du Congo dépasse les enjeux régionaux pour s’inscrire dans une dynamique globale. Elle a rappelé que la gestion durable de ces écosystèmes ne pourra être atteinte qu’à travers une collaboration internationale renforcée. Les Rencontres Internationales Francophones en Évaluation Environnementale se sont ainsi imposées comme une plateforme essentielle pour discuter de ces problématiques, posant les bases d’actions concertées à l’échelle mondiale.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire