À ce jour, tous les chantiers institutionnels semblent en plan. Pour marquer l’histoire et devenir un modèle réplicable ailleurs, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) doit rester fidèle à ses engagements de départ.

En mettant fin à un régime vieux de 56 ans, réputé indéboulonnable, le CTRI a d’ores et déjà marqué l’histoire. Il lui appartient maintenant de savoir y graver les noms de ses animateurs en lettres d’or. © D.R.

 

La première année n’est pas encore bouclée, mais des interrogations fusent. En ce début de mois d’août, d’aucuns se demandent si le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) reste fidèle à sa mission originelle. Entre révision des listes électorales, attributions des numéros d’identification personnelle (NIP), enregistrement des demandes de carte nationale d’identité électronique (CNIE) et révision aux forceps du Code électoral, le gouvernement a laissé le sentiment de conduire un processus électoral au pas de charge. Comme la Tournée républicaine en cours, comme le sournois lancement d’une campagne référendaire, les appels à la candidature du président de la Transition n’ont pas toujours été du meilleur effet. Bien au contraire. Ils ont instillé le doute, suscité la controverse, légitimé toutes les accusations. «Le CTRI n’a plus qu’un seul projet : confisquer le pouvoir», a-t-on pu lire sous la plume de citoyens.

Impasse sur certaines réformes de fond

Sans nier l’importance des questions économiques et sociales, il faut le redire : le CTRI est avant tout attendu sur le terrain institutionnel. Ayant proclamé sa détermination à «bâtir des institutions fortes, crédibles et légitimes», il a le devoir d’initier des réformes consensuelles, conformes aux engagements internationaux du pays. Ayant affirmé sa volonté de poser les fondements d’«un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable», il a l’obligation de conduire une réforme du système électoral, dans la transparence et la concertation. Ayant pris l’engagement de promouvoir et protéger les droits de l’homme et libertés publiques, il doit œuvrer à l’élargissement de l’espace civique et à l’apaisement de la vie publique. À ce jour, tous ces chantiers semblent en plan. Si une nouvelle constitution est en gestation, le Code électoral a été modifié dans la confusion. Quant aux autres textes majeurs, nul n’en parle.

Si l’agenda du CTRI suscite des questions, l’attitude de certains de ses soutiens intrigue. En appelant à la candidature du président de la Transition, Alexandre Barro Chambrier et le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) ont donné l’impression d’avoir déjà fait l’impasse sur certaines réformes de fond. En motivant leur position par «sa détermination à doter le pays d’infrastructures de base», ils se sont inscrits dans une perspective économique et sociale. Or, de l’avis général, les événements du 30 août 2023 ont été motivés et justifiés par des considérations électorales, des questions politiques et institutionnelles. Si le chef du RPM a recommandé aux uns et autres d’«attendre patiemment la mouture de cette nouvelle constitution», il a néanmoins dénoncé les réserves liées à la nature du prochain régime, minimisant le risque de parvenir à des institutions peu fonctionnelles ou peu conformes aux catégories admises par les juristes. Dans tous les cas, il s’est gardé de parler du système électoral.

Changement d’agenda ?

Dans l’opinion, commentaires et supputations vont bon train. Sur le fondement de bruits de couloir faisant état d’un probable accourcissement de la Transition, certains dénoncent un changement d’agenda, accusant le CTRI d’avoir renoncé à ses engagements, y compris au chronogramme rendu public en novembre 2023. Sur la base de rumeurs relatives à l’organisation d’une présidentielle durant le premier trimestre de l’année prochaine, d’autres crient à la volonté de s’accrocher au pouvoir, affirmant redouter un remake des vaudevilles électoraux de 2009 et 2016. Jour après jour, la confiance dans processus s’étiole, l’atmosphère se crispe et les incertitudes s’amoncellent. Comment en sortira-t-on ? Dans quel état ? Nul ne le sait. Une chose est cependant sûre : rien n’est définitivement perdu, des corrections étant encore envisageables.

En 1990, la Transition post-Conférence nationale fut gâchée par la volonté d’Omar Bongo de se maintenir au pouvoir par tous les moyens. On connait la suite : si l’homme était parvenu à ses fins, il n’a pas laissé un souvenir impérissable dans l’inconscient collectif, sauf auprès de ses affidés. Et même là encore, on a parfois entendu Ali Bongo l’accuser d’avoir laissé un «champ de ruines». Or, en mettant fin à un régime vieux de 56 ans, réputé indéboulonnable, le CTRI a d’ores et déjà marqué l’histoire. Il lui appartient maintenant de savoir y graver les noms de ses animateurs en lettres d’or. Il lui revient aussi de choisir de faire du processus en cours un modèle réplicable ailleurs. Pour cela, il gagnerait à se conformer à ses engagements de départ. Sauf, bien entendu, s’il fait le choix du coup de poker, avec tous les risques induits.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Jean Jacques dit :

    Chers journalistes le Gabon est un petit ou le peuple facile à manipuler, le peuple croit aux mensonges,,à l’illusion, comme un individu commet un crime ce dernier promet une sécurité dans la cité, et les résidents croient. Dans changement attendre ?0n voit le pillage, corruption, l’insécurité, la pauvreté, chômage, manque de transparence dans la gestion de l’argent public, son les noms qui continuent de s’enrichir avec les revenus des richesses qui devraient bénéficier tous gabonais, mais non.

  2. Akoma Mba dit :

    Que peut-on attendre d’autre d’un Pays au Parti Unique appelé CTRI où tous les fameux partis politiques ont accepté de chanter les louanges aux militaires?

  3. Amakaya dit :

    Le flics continuent toujours à raquetter à l’échangeur des charbonnages, aux feux du pk8, rond-point d’Okala, feu d’Akebe, de Glace et autres points de Libreville au vu et au su de tous.
    Les militaires font maintenant le taxi, c’est ça la transition?
    Entre-temps, on paie toujours au prix fort les denrées alimentaires et les produits de première nécessité malgré tous les simulacres de Mays Mouissi de qui on attendait mieux. La femme de Moundounga Séraphin est la régente de la Présidence depuis que son époux est revenu aux affaires. Ce sont des milliards qui sont ainsi brassés dans la plus grande opacité alors que le peuple crie de faim, de souffrance. Transition c’est pour du beurre, oui!

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