À l’inauguration, le 14 octobre, du siège de la plateforme «Ensemble pour le Gabon» dont il est le président, l’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, a fait une nouvelle déclaration sur les réformes en cours dans le pays. Comme lors de ses précédentes sorties, et au nom de ses compagnons, il a lancé «un appel à la sagesse et au ressaisissement», notamment à l’endroit du CTRI, de ses membres et des tenants actuels du pouvoir. «Sortons de ces chemins escarpés et dangereux», a préconisé l’ex-locataire du 2-Décembre.

Le président de «Ensemble pour le Gabon», Alain-Claude Bilie-By-Nze, le 14 octobre 2024, à Libreville. © GabonReview

 

La plateforme «Ensemble pour le Gabon» édifiée autour de l’ancien Premier ministre dans le but de «défendre les valeurs et les principes de la République durant la période de la transition» s’est dotée d’un siège, le 14 octobre, à Libreville. Occasion pour le premier responsable de cette entité, Alain-Claude Bilie-By-Nze, de revenir sur ce qui fait débat et amène ces femmes et hommes à se mettre ensemble pour appeler au ressaisissement et à la sagesse pour un aboutissement efficient de la Transition.

«Le CTRI s’est détourné de son objectif initial»

Évoquant le discours, du 4 septembre 2023, du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui, lors de la cérémonie de prestation de serment, déclarait : «à l’issue de la Transition, avec l’apport de tous les Gabonais et partenaires au développement, nous entendons rendre le pouvoir aux civils en organisant de nouvelles élections libres, transparentes et crédibles, dans la paix», évoquant également le Dialogue national inclusif (DNI) organisé par le CTRI «censé sortir notre pays de la crise multiforme qui le mine», et qui «a malheureusement suscité des polémiques et des inquiétudes au sein de l’opinion…», la plateforme estime qu’«il n’échappe à personne que le CTRI s’est détourné de son objectif initial : la restauration des institutions et la restitution du pouvoir aux civils».

Soucieuses donc de «la préservation des acquis démocratiques» dans le pays, «fruit des luttes du peuple gabonais depuis la Conférence nationale de 1990», les parties prenantes à la plateforme «Ensemble Pour le Gabon» se sont engagées à mener, par des moyens légaux et démocratiques, des actions et des activités aux fins de la sauvegarde de la République, de ses principes et de ses valeurs. D’où cet appel à la sagesse et au ressaisissement émis par la voix de son leader, le dernier chef du gouvernement d’Ali Bongo.

«Le projet de Constitution porte en lui les germes d’une division profonde de la société gabonaise»

Les membres de la plateforme «Ensemble pour le Gabon» posant avec leur président, le 14 octobre 2024, à Libreville. © GabonReview

«Appel à la sagesse, car, ainsi que je l’ai dit le 26 septembre dernier lors de la première sortie de la plateforme «Ensemble pour le Gabon», le projet de Constitution en préparation porte en lui les germes d’une division profonde de la société gabonaise, ainsi que d’une mise en danger de notre vivre-ensemble, en créant des catégories de citoyens aux droits différenciés et en fabriquant des ‘sous-Gabonais‘», a dénoncé Bilie-By-Nze.

Il fait davantage savoir qu’«il n’est pas trop tard pour bien faire», relevant que s’ils ont pu, par le passé, pécher par ignorance, par arrogance ou par ivresse du pouvoir comme cela leur est parfois reproché, à tort ou à raison, ils ont aujourd’hui le devoir collectif d’entendre raison afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs.

L’appel à la sagesse et au ressaisissement que lance la plateforme «Ensemble Pour le Gabon» se fonde ainsi «sur la nécessité de revoir certaines dispositions proposées». Toute chose visant «à doter notre pays d’une loi fondamentale consensuelle, car, en l’état actuel, même si par extraordinaire le OUI devait l’emporter, ce serait une victoire à la Pyrrhus dont les effets dévastateurs nous rattraperont tôt ou tard», a fait noter l’ancien Premier ministre.

L’appel porte essentiellement sur la nature du régime, les conditions d’éligibilité, l’amnistie et le foncier. S’agissant du régime politique, Alain-Claude Bilie-By-Nze estime qu’«après les dérives constatées dans les précédentes gouvernances, il est temps de mettre en place un régime politique garantissant une réelle séparation et un véritable équilibre des pouvoirs». «Cela signifie un exécutif à deux têtes, avec un président de la République qui préside et un Premier ministre, chef du gouvernement qui gouverne et conduit la politique de la Nation», a-t-il dit.

«C’est par la gouvernance que nous avons collectivement péché»

Dévoilage de la plaque symbolique du siège de la plateforme. © GabonReview

Pour les conditions d’éligibilité, il fait noter qu’elles «n’ont à ce jour posé aucun problème dans notre pays». «C’est par la gouvernance que nous avons collectivement péché, y compris les militaires aujourd’hui au pouvoir. C’est par l’amélioration de la gouvernance que nous devons réparer notre pays», a-t-il déclaré, précisant concernant l’amnistie que «ce dispositif n’a pas sa place dans la Constitution et peut, tout au  plus, faire l’objet d’une loi spéciale, à condition, toutefois, que les crimes et délits pour lesquelles cette absolution est demandée soient connus, de même que leurs auteurs, car en matière pénale, la responsabilité est individuelle».

Pour le foncier, «Ensemble pour le Gabon» juge que «cette proposition est contre-productive. Car, il conviendrait au contraire d’encourager ceux qui ont choisi de vivre au Gabon et d’y travailler à y investir, à condition toutefois de ne pas priver le Gabonais de l’accès au foncier». «Personne n’a encore jamais vu quelqu’un quitter le territoire national et emporter ses maisons et terrains dans ses bagages», a ironisé Bilie-By-Nze.

Au final, la plateforme «Ensemble Pour le Gabon» appelle donc «le CTRI à emprunter la voie de la sagesse et à ne pas fractionner la société gabonaise par des propositions populistes et démagogiques dont l’application éventuelle ne manquera pas de poser plus de problèmes encore».

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Bilie Bi Nze, le Gabon n’est en aucun cas en danger. Il ne faut pas oublier que tu as soutenu l’arrivée d’Alihanga, qui se présentait comme métisse et gabonais d’origine, bien qu’il ait acquis la nationalité de manière frauduleuse dans sa quête de pouvoir. C’est une partie douloureuse de l’histoire du Gabon. Les Gabonais ont tiré des leçons de ces épreuves, ce qui a conduit à l’adoption de mesures radicales pour protéger le pays. Vous aviez accès à tous les services de l’État et saviez qu’Alihanga prétendait dans son livre être le fils biologique de son père, une affirmation fausse. Pourtant, vous avez fermé les yeux sur ce mensonge dangereux venant d’un homme déjà entouré de doutes quant à sa moralité.

    Si Ali Bongo n’avait pas surmonté son AVC, avec des institutions déjà acquises à la cause d’Alihanga, rien ni personne n’aurait pu empêcher ce dernier d’accéder à la présidence sur la base d’une tromperie aussi flagrante, facilitée par votre soutien.

    Est-il vraiment raisonnable de croire que les ambitions de certains individus priment sur la défense de la souveraineté de notre pays ? Le problème de la nationalité gabonaise et de l’éligibilité à la présidence n’est pas soulevé par Oligui, mais exprimé par les Gabonais eux-mêmes, qui ont vu leur pays courir le risque de tomber entre les mains d’un opportuniste. Au vu de leur histoire récente et des épreuves subies, il est essentiel que le pays se protège. Les leçons tirées des souffrances passées nous rappellent que la sauvegarde de notre patrimoine commun doit être une priorité, avant les ambitions politiques de quelques-uns.

    La vie implique des choix, avec leurs avantages et inconvénients. Le Gabon autorise toujours la double nationalité, contrairement à des pays comme la RDC ou le Cameroun, où cela n’est pas perçu comme un problème de sécurité, malgré les affirmations de Bilie Bi Nze.

    Il est regrettable que ce qui s’est passé sous Alihanga soit traité avec autant de légèreté, au point de semer le doute sur la pertinence des décisions des Gabonais visant à verrouiller l’accès à la présidence. Comment a-t-on pu permettre qu’un Gabonais naturalisé, qui mentait en prétendant que son père adoptif était son père biologique, puisse approcher les portes de la fonction suprême ? Bilie Bi Nze ignore-t-il que même les États-Unis, avec les services de sécurité les plus puissants, peuvent être infiltrés par des agents étrangers ayant acquis la nationalité ? Pourquoi notre pays, plus fragile et vulnérable, ne devrait-il pas tenir compte de ces dangers réels au nom de principes abstraits sur la démocratie et les droits citoyens ?

    Bilie Bi Nze semble vivre dans un monde idéaliste, où il cherche à nous faire croire que tout fonctionne ainsi. De plus, Alihanga a des origines dans un pays qui a des intérêts puissants et souvent opposés aux nôtres, ce qui peut nuire aux intérêts du Gabon et de son peuple.

    • Gayo dit :

      Brice Fargeon a supprimé ses profils, Facebook. Je pensais retrouver les extraits de son livre qu’il partageaient où il dit qu’il est métisse et fils biologique de Monsieur Alihanga. Ce dernier est aussi un bandit qui est complice des mensonges de son fils adoptif. Jamais entendu se lever pour dénoncer ce gros mensonge qui visait à pirater le Gabon comme on pirate un avion en plein vol.

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