À travers les derniers débauchages, une certaine pratique politique crache son venin. Quelque part, ces revirements sont la conséquence des méthodes de Jean Ping.

Jean Ping se trouve pris à son propre piège. Que reprocher à Ndemezo’o Obiang quand son ralliement fut obtenu contre la promesse d’en faire le Premier ministre en cas de victoire ? Comment blâmer Eyeghé Ndong quand on l’a jadis encouragé à se moquer des délibérations de son parti ? © Facebook

 

Le procédé est efficace. Reproduit à l’identique, il donne toujours les mêmes résultats. A l’intérieur du même camp, il fait des dégâts. D’un camp à l’autre, les uns en tirent bénéfice, au grand dam des autres. Désireuse, elle aussi, d’élargir sa base sociologique ou d’asseoir son hégémonie, la majorité présidentielle procède à des débauchages. Après René Ndemezo’o Obiang, Fréderic Massavala Maboumba et Féfé Onanga, Jean Eyéghé Ndong vient de la rejoindre. Comme l’ancien directeur de campagne du candidat unique de l’opposition ou l’ancien porte-parole de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), l’ancien représentant de la CNR dans l’Ogooué-Maritime et l’ancien président de sa conférence des présidents viennent de virer de bord. Avec armes et bagages. Désormais, ils feront cause commune avec Ali Bongo face à… Jean Ping.

OPA hostile sur l’UN

A travers ces revirements, la politique politicienne crache son venin. Au lieu de se confondre en anathèmes, il faut analyser les trajectoires des concernés. Quelque part, ces départs sont la conséquence des méthodes de Jean Ping. Prévisibles, ils révèlent les limites de ses modes de faire. Au-delà des considérations matérielles ou pécuniaires, ils soulignent une réalité : construite sur une promesse de grand soir, la CNR n’offre plus de perspective à court ou moyen termes. Certes, l’ancien candidat unique de l’opposition reste droit dans ses bottes, affirmant poursuivre le «combat (…) engagé avec la majorité des Gabonais au péril de (leurs) vies.» Certes, il continue de prédire sa «victoire» prochaine. Mais cette rhétorique ne fait plus totalement recette. A maints égards, elle paraît puérile voire chimérique.

Ayant trop souvent usé de méthodes peu orthodoxes, Jean Ping gagnerait à faire son examen de conscience. En s’alliant aux Souverainistes, regroupement de militants de l’Union nationale (UN) alors en délicatesse avec leur parti, il s’était frontalement attaqué à cette formation politique. En se gargarisant du soutien de deux de ses vice-présidents et de son secrétaire exécutif adjoint, en l’occurrence Jean Eyéghé Ndong, Jean Ntoutoume Ngoua et Gérard Ella Nguéma, agissant à «titre individuel», il avait lancé une offre publique d’achat (OPA) hostile sur l’UN. Quant à ses annonces unilatérales, elles finirent par nuire à l’unité du Front de l’opposition pour l’alternance. Jamais leader n’avait autant cherché à en imposer aux autres. A l’exception du Parti démocratique gabonais (PDG), nul n’avait autant pratiqué le débauchage au sein de l’opposition. Jean Ping, lui, le fit en mettant en avant deux éléments : d’énormes moyens financiers et des promesses de poste.

Pris à son propre piège

Dans sa quête du leadership de l’opposition, le président de la CNR a utilisé des outils propres au pouvoir en place. Avec un certain cynisme, il a reproduit une conception hérétique de la politique. Sans s’en rendre compte, il a légitimé des pratiques peu démocratiques. L’accusait-on d’avoir déboursé la bagatelle de 300 millions de francs pour prendre le contrôle de l’UN ? Il se refusait à toute explication, préférant se murer dans un silence moqueur. Condamnait-on sa propension supposée à distribuer des prébendes voire des véhicules en contrepartie du soutien à sa personne ? Goguenard, il reconnaissait avoir aidé certains «financièrement». Lui reprochait-on de s’être autoproclamé, dès janvier 2016, «candidat unique du Front de l’opposition pour l’alternance» ? Il affirmait aussitôt jouir du soutien de 16 membres sur les 27, feignant de mettre partis et personnalités sur un pied d’égalité. A la fin des fins, il a donné le sentiment de privilégier ses seuls aux intérêts au détriment du dessein collectif, apparaissant même comme un adepte du clientélisme.

Ayant obtenu de nombreux soutiens moyennant des avantages divers, Jean Ping se trouve pris à son propre piège. D’une certaine manière, le sort lui rend la monnaie de sa pièce. Au jeu de la corruption ou de l’achat des consciences, le pouvoir sort toujours vainqueur. Que reprocher à René Ndemezo’o Obiang quand, selon ses propres dires, son ralliement fut obtenu contre la promesse d’en faire le Premier ministre en cas de victoire ? Ou quand on lui a versé 34 millions au lieu des 50 promis ? Comment blâmer Jean Eyeghé Ndong quand on l’a jadis encouragé à se moquer des délibérations de son parti ? Ou quand on a volé à son secours au moment où ses frères d’armes lui faisaient grief d’avoir rencontré Ali Bongo nuitamment puis d’avoir placé son fils à la tête de la mairie du 2ème arrondissement de Libreville ? Sauf à faire dans le culte de la personnalité, chacun doit s’en souvenir.

 
GR
 

9 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    Vous en êtes encore là ? Nous, on ne défend plus Jean Ping, tout ce qu’on veut c’est la libération totale du Gabon. Et ça reste toujours possible.Il suffit de nous mettre ensemble pour obtenir cette libération. Ensemble, non pas au PDG, ni plus dans aucun autre parti politique ridicule de ce pays. Mais tout simplement se retrouver autour d’une table pour dire enfin: arrêtons au plus vite cette hémorragie grave de notre enfant Gabon pour le plus grand bien des générations futures.

    Il y a surtout une tête à couper définitivement pendant ces retrouvailles :c’est celle de la francafrique. En coupant celle de ka francafrique, nous couperons la bonne partie du cancer, parce que ka métastase Bongo aura aussi disparue définitivement.

    Bonne journée au peuple gabonais. Le combat se poursuit.

  2. Ulys dit :

    Donc c’est tout ce qui intéressait Ndemezo’o Obiang (le poste de 1er ministre) ? Quelle ridicule motivation. Idem pour Jean Eyeghe Ndong. Voilà pourquoi on ne s’en sortira jamais. Notre principal combat ne doit pas être la ridicule quête de poste, mais la recherche de la libération totale du Gabon, ka liberté, la vraie liberté, la véritable indépendance, pas celle octroyée par ces ridicules français qui ne peuvent se maintenir comme « puissance » sans nos richesses.

    Il ne vous arrive jamais de penser que l’on peut se sacrifier pour nos enfants qui nous seront très reconnaissants d’avoir lutté pour la libération du pays ? Laissez tomber vos ridicules ambitions pour vous battre en priorité pour la libération du Gabon.

  3. Irène dit :

    Ils se battent pour leur ventre, pas pour l’intérêt du Gabon. CQFD.

  4. Roger dit :

    Quand la françafrique tombera, l’Afrique Subsaharienne s’éveillera. Mais à une autre condition aussi : qu’on ait des africains qui travaillent pour leur pays et non pour leur ventre et leur propre gloriole.

  5. Lavue dit :

    Chers amis,
    Le post de Roxanne resort tout. On fait la politique au Gabon pour le ventre avant tout. Comment imaginer qu’un type comme NDEMEZO’O qui a été plusieurs fois ministres sous OMAR et ALI puisse se faire acheter pour 34 millions de FCFA, qu’est-ce que ça représente. C’est tout dire à quel point ces gens sont démunis financièrement et intellectuellement. Ils sont incapables de créer de la richesse. De faire de la politique et de se reconvertir en hommes d’affaires. Il est n’est pas le seul dans la sphère politique gabonaise, tous ou presque sont des paresseux et leurs agissements aujourd’hui n’étonnent pas. Ya pas d’idéologie au PDG, on y est pour participer au partage des revenus générés par la rente. Le Gabonais dans son ensemble est un paresseux qui ne sait que jouir de l’argent facile issu de la rente des matières premières. Il sont très peu qui sont devenus riches à la sueur de fronts, même pas les BONGO. Quand vous êtes dans un système pareil, on ne peut pas faire de véritable bonds qualitatifs. Le pays ne se développera jamais comme il se doit, car on est la avant tout pour le partage du gâteau. Les parlementaires du PDG en sont la triste illustration de ce que j’avance. Ils ont tout bien compris. N’en déplaise à mon cher Serge MAKAYA qui pense naïvement que la Francçafrique n’est présente qu’au Gabon, ce système est présent dans toutes les anciennes colonies françaises. Mais faut essayer de comprendre pourquoi les autres pays comme la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Sénégal etc. avec des revenus par habitant bien inférieur à celui du Gabon connaissent un Développement plus rapide et mieux structuré? La réponse je vous l’ai déjà donnée plus haut. Quant aux BONGO, ils ne feront que profiter de la situation tant que l’élite politique gabonaise (s’il en existe) ne se donnera pas les moyens d’un véritable changement. On n’est à un stade d’où il faut donner un coup fatal au PDG, c’est pas avec les NDEMEZO’O, les EYEGHE NDONG ou les FEFE ONANGA que le Gabon changera. Ces gens ont été achetés, ils ont trouvé leurs comptes. L’avenir du peuple n’est pas leur tasse de thé. Il faut surtout se méfier dans anciens pédégistes, PING y compris.
    Si seulement Pierre MAMBOUNDOU pouvait ressusciter ! Hélas, il nous faut trouver d’autres Pierre MAMBOUNDOU.
    Faut regarder les choses en face. Ayez de le vue.

  6. Belossi dit :

    Faites vos débauchages comme vous voulez,depuis 1993 cela ne paie pas!Toutes les élections qui se sont déroulées même chose toujours des défaites pour la majorité et le seul recours a toujours été la cour constitutionnelle.Tous ceux qui reviennent n’ont jamais été des opposants voulant changer de paradigme mais des mécontents qui ont été prives des postes de responsabilités. Ils viennent dans l’opposition afin de se faire désirer par les gens du pouvoir.Leur plan a toujours marche puisqu’ils reviennent a chaque fois aux affaires.Le PDG devrait comprendre qu’ils ne reviennent pas par loyalisme mais par opportunisme.Ils vous trahiront en 2023,ils l’ont toujours fait,les contres campagnes vous avez oublié?

  7. Peter NZAMBA dit :

    L’attitude de Jean EYEGHE NDONG n’est autre qu’une traitrise envers le peuple Gabonais. Qu’il décide de se séparer de Jean PING OKOKA pour les raisons qui sont les siennes, nous ne voyons aucun inconvénient. Mais repartir auprès de ceux qui ont fait tant de mal au Gabonais, c’est reconnaître et adouber leur forfait.

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