Dix mois après les arrestations au Gabon de plusieurs présumés trafiquants d’ivoire appartenant à un réseau international, puis l’arrestation au Nigeria du présumé chef de ce réseau opérant entre le Gabon, le Cameroun et le Nigeria, une première audience sur les cas des trafiquants arrêtés au Gabon devrait se tenir au Tribunal spécial de Libreville, le 31 mai 2024. Conservation justice espère que des peines lourdes seront requises pour ces indélicats, semble-t-il, récidivistes pour la plupart.

Des présumés trafiquants arrêtés au Gabon. © Conservation justice

 

À travers un communiqué le 27 mai, l’ONG Conservation justice a annoncé l’ouverture d’une audience correctionnelle sur des cas de trafic international d’ivoire du Gabon vers le Cameroun le 31 mai. L’audience qui se tiendra au tribunal spécial de Libreville est la suite des arrestations effectuées dix mois plus tôt au Gabon dans les villes de Lambaréné et Makokou. Des présumés trafiquants d’ivoire considérés comme les principaux instigateurs d’un réseau international. Il s’agit notamment d’Ibrahim Gaël Ngangni, Guy Bertrand Evouna, Tonga Assouman et sept de leurs présumés complices.  Cette affaire, a fait savoir Conservation justice qui a appuyé les opérations ayant conduit aux différentes arrestations, remonte à août 2023.

Ibrahim Gaël Ngangni, Guy Bertrand Evouna (déjà arrêté par le passé pour trafic d’ivoire), Fabrice Mpizeloube, Patrice Abene Ndoume Patrice, Tonga Assouman (déjà arrêté par le passé pour trafic d’ivoire), Zoulaoube, Thierry Ivary, Guy-Roger Sandou et Romaric Andele, tous soupçonnés de faire partie à différents niveaux d’un réseau international bien organisé de trafic d’ivoire qui opérait entre le Gabon, le Cameroun et le Nigeria étaient arrêtés. «L’affaire a connu un rebondissement au niveau international avec l’arrestation au Nigeria de Mohamadou Ibrahim, chef d’orchestre présumé de ce réseau de trafic d’ivoire entre le Gabon, le Cameroun et donc le Nigeria», indique Conservation justice.

Pris en flagrant délit

Pris en flagrant délit de détention et transport illégal de 21 défenses d’éléphant et 4 morceaux d’ivoire pour un poids total de 131 kilogrammes en plus de munitions, «ces trafiquants et braconniers majeurs ont joué un rôle actif dans la collecte, la vente, l’intermédiation et le braconnage des éléphants au Gabon». «Outre les provinces du Moyen-Ogooué et de l’Ogooué-Ivindo, celles de la Nyanga, de la Ngounié, du Haut-Ogooué, du Woleu-Ntem et de l’Estuaire sont concernées» souligne Conservation justice qui notre que «ce réseau international opérait sur presque tout le Gabon». L’ONS annonce tout aussi l’arrestation à Mfum au Nigeria en février 2024 par la Douane nigériane, d’Ibrahim Mohamadou.

L’homme est présenté comme un «célèbre trafiquant» et «principal cerveau de ce réseau de trafiquants d’ivoire opérant entre le Gabon, le Cameroun et le Nigeria depuis plusieurs années». Ce, en possession de cinquante-deux défenses d’ivoire pesant près de 200 kilogrammes, un pistolet et des munitions réelles. Ce dernier avait déjà été arrêté au Cameroun en 2020, avec plus de 600 kilogrammes d’ivoire provenant en majorité du Gabon. Là-bas, il avait été condamné à 4 mois de prison fermes, mais a fini par récidiver avant d’être dénoncé par les trafiquants arrêtés au Gabon en août 2023 puis arrêter de nouveau au Nigeria en 2024.

Les trafiquants utilisent des véhicules modifiés avec des compartiments secrets aménagés. © Conservation justice

Le chef du réseau arrêté au Nigeria

«Précisons que certains des ivoires saisis au Cameroun en 2020 étaient des anciennes saisies provenant des scellés du Tribunal de Libreville, ce qui montre les implications et complicités qui peuvent exister», souligne Conservation justice selon qui, Ibrahim Mohamadou devrait être jugé au Nigeria où il a été arrêté pour un autre cas. L’ONG espère cependant que «les autorités judiciaires nigérianes seront plus strictes que celles du Cameroun en infligeant des décisions de justice plus dissuasives, comme c’est généralement le cas au Gabon». Au Gabon les peines vont pour ainsi dire jusqu’à 10 ans d’emprisonnement selon le Code pénal.

Cependant, l’ONG signale que ces peines peuvent doubler dans les conditions prévues par l’article 396 du Code pénal gabonais s’il est prouvé que les trafiquants faisaient bel et bien partie d’une bande organisée. «Cela semble être le cas ici, puisque plusieurs personnes sont impliquées régulièrement et que les méthodes utilisées sont sophistiquées comme l’atteste le transport des ivoires au moyen des véhicules modifiés avec des compartiments secrets aménagés», commente l’ONG qui appelle à «stopper le massacre d’éléphants et ce trafic international organisé par des personnes étrangères en complicité avec des Gabonais».

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire