Pour la deuxième fois en moins d’une année, l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle dissoute est au cœur d’une controverse.

Pour la deuxième fois en moins d’une année, Mme Mborantsuo est au cœur d’une controverse. Mais, cette fois-ci, le sujet semble plus sensible dans la mesure où il se rapporte aux causes, aux acteurs, au sens et à la portée du coup de force du 30 août. © Facebook/M.Madeleine.

 

Dans un pays marqué par 14 années de gouvernance hérétique et cinq années d’usurpation du pouvoir, l’évocation du nom de Marie-Madeleine Mborantsuo déclenche des cris d’orfraie. Accusée d’avoir été, 32 ans durant, au service d’intérêts privés et partisans, l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle dissoute est tenue pour l’une des principales inspiratrices et bénéficiaires des dérives enregistrées depuis la fin de la Conférence nationale. Soupçonnée de s’être systématiquement livrée à des interprétations biaisées de la loi, elle est présentée comme l’auteure de nombreuses manipulations institutionnelles. Pointée du doigt pour avoir validé des résultats électoraux frauduleux, elle est décrite comme peu respectueuse du vote de ses compatriotes et, partant, de la souveraineté du peuple. Or, durant l’étape altogovéenne de sa Tournée républicaine, le président de la Transition a déclaré : «Même Mme Mborantsuo a tout fait pour annuler cette élection». Allusion au tristement célèbre scrutin du 26 août 2023 au format et à la nature inconnus des juristes. Il n’en fallait pas plus pour créer la polémique.

«Révolution de palais» ?

Comme piqués au vif, de nombreux observateurs de la publique ont aussitôt réagi avec véhémence. Parmi eux, la blogueuse Anne-Marie Dworaczek Bendome aura été l’une des plus tranchantes : «Votre tentative de réécrire l’histoire n’est pas acceptable», a-t-elle lancé à l’endroit de Brice Clotaire Oligui Nguéma, dans un audio devenu virale, ajoutant : «Les morts des différentes élections, leurs familles et leurs descendances n’ont pas oublié le rôle capital qu’a joué (cette dame) dans le maintien du régime.» Et de trancher : «Nous vous demandons de ne pas vous mettre les Gabonais à dos…» Après le vaudeville de son honorariat mort-né, l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle dissoute est, pour la deuxième fois en moins d’une année, au cœur d’une controverse. Pour de multiples raisons, une partie de l’opinion goûte peu au traitement qui lui est réservé. Mais, cette fois-ci, le sujet semble plus sensible dans la mesure où il se rapporte aux causes, aux acteurs, au sens et à la portée du coup de force du 30 août.

Jusque-là unanimement célébrés comme des «libérateurs», les membres du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) sont maintenant soupçonnés d’avoir été les exécutants d’une stratégie conçue en dehors d’eux et visant à permettre à une certaine caste de ne pas perdre la totalité du pouvoir. Faut-il accréditer l’idée d’une «révolution de palais», suggérée par Albert Ondo Ossa, ancien candidat consensuel de la plate-forme Alternance 2023 ? Faut-il se montrer sourd aux protestations diverses, au risque de laisser sédimenter des incompréhensions, d’assister à l’élargissement des lignes de fracture voire à l’ancrage d’un sentiment de défiance, synonyme de délégitimation des événements du 30 août 2023 ? Déjà, certains ont tôt fait de rappeler le rôle de la Cour constitutionnelle dans le processus électoral, se demandant comment aurait-elle pu annuler les résultats avant l’ouverture du contentieux. D’autres ont parlé de «réhabilitation», glosant sur les relations entre Sylvia Bongo et Marie-Madeleine Mborantsuo. Tout ceci épaissit le mystère autour du 30 août, semant le doute quant aux motivations du CTRI.

Absolution pour les abus commis lors des précédentes élections

Dans sa première prise de parole, le CTRI avait motivé son acte par trois éléments : le refus de valider des élections générales aux «résultats tronqués», le souci d’en finir avec une «gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se (traduisait) par une dégradation continue de la cohésion sociale (…)» et, la volonté de protéger les institutions. À la fois spontanée et forte, l’adhésion populaire reposa alors sur deux convictions : celle d’avoir échappé à un «bain de sang de plus» et celle de «s’être débarrassé enfin du système Bongo-PDG». Près d’une année plus tard, les déclarations du président de la Transition au sujet de Marie-Madeleine Mborantsuo résonnent dans certaines oreilles comme l’absolution pour les abus commis lors des précédentes élections, singulièrement la présidentielle de 2016, marquée par un contentieux électoral devenu proverbial. Fallait-il en arriver là ? Quelle sera la suite ?

Pour l’heure, les masses populaires, particulièrement celles se réclamant de la société civile ou de l’ancienne opposition, baignent dans l’incompréhension. Entre mutisme et explications académiques en vase clos, ténors et cadres sauront-ils les rassurer et les tenir mobilisées ? Pourront-ils les convaincre des bonnes intentions du CTRI et de la nécessité de lui réaffirmer leur soutien ? Nul n’aurait la prétention de trancher. Loin de toute attaque ad hominem, il faut dire les choses comme elles sont : au vu de l’accueil réservé à chaque initiative la concernant, Marie-Madeleine Mborantsuo reste un cas particulier, à traiter avec prudence.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Akoma Mba dit :

    Plus bête qu’un gabonais, tu meurs. Qu’est-ce qui nous surprend? Nos libérateurs ne bougeaient aucun petit doight lorsque les mercenaires nous tiraient dessus comme des lapins après chaque Coup d’Etat Electoral de l’assassin Ali Bongo, le biafrais qui n’aurait dû se présenter à aucune élection. Quand va-t-on le mettre en taule? Ah il a la peau trop noire. Suivez mon regard

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