Face à l’ampleur du phénomène de la traite des personnes et du trafic de migrants entre le Togo et le Gabon, les deux pays unissent leurs forces pour y apporter une réponse concertée et durable. Le 22 janvier 2025, ils ont officiellement lancé le Programme conjoint de renforcement de la gestion de la migration mixte et de lutte contre la criminalité transnationale organisée. Soutenue par plusieurs partenaires internationaux, cette initiative vise à intensifier la coopération bilatérale et multilatérale pour démanteler les réseaux criminels tout en renforçant la protection des populations vulnérables, notamment les femmes et les enfants.

Face à l’ampleur du phénomène de la traite des personnes et du trafic de migrants entre le Togo et le Gabon, les deux pays unissent leurs forces pour y apporter une réponse concertée et durable. © GabonReview

 

Réunis à Lomé et Libreville, en présentiel et en virtuel, les représentants des gouvernements gabonais et togolais, les coordonnateurs résidents des Nations Unies, ainsi que les partenaires techniques et financiers ont réaffirmé leur engagement dans le combat pour l’éradication du fléau de la traite des êtres humains et du trafic de migrants en Afrique de l’Ouest et Centrale. Financé par le Fonds d’affectation pluri-partenaire pour la migration (Migration MPTF), ce programme s’inscrit dans la continuité de l’accord de coopération signé entre les deux pays en 2018 sur la lutte contre la traite des enfants dans un contexte migratoire transfrontalier.

Le Gabon, pays de destination pour de nombreux migrants en provenance du Togo et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, renforce ainsi ses dispositifs de surveillance et de contrôle des frontières. Le Directeur de Cabinet représentant le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité du Gabon, Hermann Immongault, a salué cette initiative, soulignant qu’elle apporte «une réponse encore plus forte, plus inclusive et plus dynamique pour éradiquer cette gangrène transnationale». Il a également insisté sur la nécessité d’«intensifier les contrôles, moderniser les équipements de surveillance et mettre en place des patrouilles coordonnées avec les pays voisins».

Pour la ministre togolaise, Professeure Kossiwa Zinsou-Klassou, ce programme vient compléter les efforts déjà entrepris par son pays, notamment à travers un arsenal législatif et institutionnel structuré, dont la création de la Commission nationale de lutte contre la traite des personnes et l’adoption de plusieurs lois sur la protection des enfants et la répression du trafic humain.

Un projet d’envergure aux ambitions claires

Avec un budget total de 2,2 millions de dollars et une durée de 24 mois, ce programme repose sur une approche holistique. Il vise à améliorer la protection et l’assistance aux victimes, à renforcer la coordination entre les services de sécurité et de justice, et à sensibiliser les populations sur les dangers du trafic humain. L’objectif est de briser les circuits d’exploitation qui mettent en péril la dignité et l’avenir de nombreuses personnes, en particulier les enfants, souvent contraints à l’exploitation domestique ou économique.

Selon Coumba Dieng Sow, coordonnatrice résidente du système des Nations Unies au Togo, cette initiative «permettra aux autorités locales compétentes et aux agences des Nations Unies de travailler en synergie tout au long des itinéraires de trafic», tout en améliorant «la protection et l’assistance aux victimes et aux migrants le long du corridor Togo-Nigéria-Gabon».

L’UNICEF, fortement impliqué dans le projet, concentrera ses efforts sur la protection des enfants et des femmes, tant en amont qu’en aval. Dr Isselmou Ould Boukhary, représentant résident par intérim du bureau de l’UNICEF au Togo, a souligné que l’agence accompagnera les bénéficiaires du programme et espère pouvoir assister entre 7 000 et 10 000 personnes vulnérables.

Une coopération qui s’inscrit dans les engagements internationaux

Lancé dans un contexte où les flux migratoires sont souvent exploités par des réseaux criminels organisés, ce programme s’aligne sur les engagements pris par le Togo et le Gabon au sein des Nations Unies. Il répond notamment aux Objectifs de Développement Durable (ODD), en particulier l’ODD 8.7 sur l’éradication de la traite des êtres humains et l’ODD 16.2 visant à mettre fin à l’exploitation et aux violences faites aux enfants.

Par ailleurs, cette initiative traduit concrètement les engagements du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté en 2018. Elle contribue directement à l’atteinte des objectifs 9, 10 et 11 du Pacte, qui visent respectivement à renforcer la réponse transnationale contre le trafic de migrants, à éradiquer la traite des personnes et à améliorer la gestion des frontières de manière coordonnée et sécurisée.

Si cette initiative constitue une avancée majeure, elle ne saurait porter ses fruits sans un engagement durable et une collaboration renforcée entre tous les acteurs concernés. États, agences des Nations Unies, ONG et partenaires techniques doivent conjuguer leurs efforts pour assurer le succès de ce programme et garantir une protection efficace aux victimes de la traite et du trafic de migrants.

 
GR
 

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