Ancien président de l’agence Image et Stratégie Europe, ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, ancien chef du Service d’information du gouvernement français, Thierry Saussez, a rendu visite à la rédaction de Gabonreview en marge de l’opération «Café Com», organisé par le secrétariat général du gouvernement. Il en a profité pour livrer sa vision de la communication gouvernementale au Gabon.

Thierry Saussez, interviewé à la rédaction de Gabonreview, le 16 juillet 2014. © Gabonreview
Thierry Saussez, interviewé à la rédaction de Gabonreview, le 16 juillet 2014. © Gabonreview

 

Gabonreview : Qui êtes-vous Thierry Saussez ?

Thierry Saussez : je suis conseil en communication depuis quarante ans. J’ai exercé dans le privé à la tête d’une agence de communication que j’ai créée. Puis, je suis passé de l’autre côté du miroir pour voir comment ça fonctionnait du côté de l’État en acceptant d’être le délégué interministériel à la communication du gouvernement français.

Vous êtes intervenu dans une campagne de Nicolas Sarkozy, croyons-nous savoir…

Je suis intervenu sur 500 campagnes électorales depuis quarante ans dont celle d’Edouard Balladur, de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy et beaucoup d’autres. J’ai également effectué de nombreuses interventions et conseils auprès des chefs d’État, Premiers ministres, en France, en Europe et en Afrique.

Qu’est-ce qui justifie votre présence au Gabon ?

C’est une vieille promesse. Quand la vie a été belle avec vous, il faut toujours tenir ses engagements. Nous avons pris l’engagement il y a quatre ans, quand je dirigeais le service d’information du gouvernement français, de venir donner quelques tuyaux ou conseils pour développer la communication gouvernementale au Gabon. L’actualité française était tellement chaude et la responsabilité tellement prenante que je n’ai pas pu le faire. Mais comme il faut toujours tenir ses engagements, je le fais maintenant, et à mes propres frais. Ce qui prouve que c’est un engagement important pour ce pays.

Vous avez rencontré les communicants de l’administration gabonaise, comment avez-vous trouvé cet échange ?

Je l’ai trouvé excellent parce que je sens bien qu’ils ont des difficultés à trouver leur place, à convaincre les acteurs principaux c’est-à-dire les ministres et probablement une bonne partie de l’administration. Ce que j’ai moi-même toujours expliqué comme étant absolument central, c’est que la communication est une stratégie publique : de la même façon qu’il y a une stratégie économique, politique, sociale, il faut qu’il y ait une stratégie de communication. Le philosophe Alain disait : «la totalité de l’information c’est la totalité de la démocratie». Les médias jouent un rôle central dans ce dispositif, à la fois agréable pour relayer la parole publique et de temps en temps désagréable, c’est la partie contre-pouvoir. Mais il ne faut pas se plaindre, du côté du pouvoir politique, qu’à la limite les médias ne soient pas toujours agréables, si eux-mêmes sont en déficit de communication. C’est la même logique que sur les moteurs de recherche internet : vous ne pouvez pas supprimer une information négative, mais vous pouvez faire que toutes les informations positives sortent. Au fond, c’est ça le job d’un gouvernement.

Ici il y a des progrès à faire en matière de communication publique, en matière de communication gouvernementale, au niveau des grandes campagnes sur des enjeux de société, sur ce qui est fait pour les jeunes, pour la formation, pour la solidarité et pour l’action sociale. Il est clair qu’il n’y a pas assez de message du gouvernement sur ce qui fait la vie quotidienne des Gabonais et du coup on peut avoir l’impression qu’il y a des grands enjeux politiques sur le Gabon émergent, sur le Gabon vert, le Gabon industriel qui sont évidemment une vision, une stratégie, mais qu’on n’explique pas assez dans la vie quotidienne.

Comment pouvez-vous résumer le message que vous aviez délivré à l’ensemble des communicants de l’administration gabonaise ?

En quatre points je dirais :

  1. La communication est une stratégie publique au même titre que les autres ;
  2. Il y a la communication politique, celle électorale qui est très personnalisée et la communication publique qui est construite sur des thèmes (l’emploi, la formation des jeunes, les infrastructures, la sécurité, le pouvoir d’achat) et qui nécessite presque chaque jour d’expliquer ce qui se passe. Les deux sont évidemment complémentaires, communication politique et communication publique. Elles parlent, l’une à l’électeur et l’autre au citoyen mais elles représentent des enjeux de nature différente ;
  3. La professionnalisation des acteurs est absolument centrale. Si on veut que ça fonctionne, si on veut qu’il ait un effet d’entrainement, il faut que les communicants, les attachés de presse des administrations publiques et des ministères soient plus actifs, mieux formés et plus crédibles auprès de leurs propres patrons ;
  4. Il faut évidemment une coordination de la communication du gouvernement au niveau du secrétariat général du gouvernement, pour pouvoir encourager les meilleures initiatives partout.

C’est fini le temps où on pouvait rester dans son coin, un peu caché, en se disant au fond on va vivre plus heureux comme ça. Le monde bouge et, tous les jours, il y a des informations qui arrivent aux oreilles des Gabonais. Je veux bien que communiquer soit un risque, mais le plus grand risque dans ce monde en mutation est de ne pas communiquer.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Chiba dit :

    Bravo M. vous au moins vous avez donne de votre temps sans que ca ne coute à l’État Gabonais. Pouvez vous passer le message aux autres pour qu’ils fassent aussi dans le bénévolat. Merci

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