Au terme du Dialogue national inclusif (DNI), le 30 avril dernier, au Gabon, les commissaires ont proposé la suspension de tous les partis politiques. Une recommandation participant de la réforme en profondeur du pays. En plus, les leaders du Parti démocratique gabonais (PDG), ex-parti au pouvoir, seront inéligibles pendant trois ans. Ces mesures ont suscité une vive polémique au point que le 17 mai dernier, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hermann Immongault, a dû expliquer que «les recommandations issues du DNI ne sont pas encore revêtues d’une quelconque autorité, encore moins dotées de la force juridique». 

Le chef du département de l’Intérieur et de la Sécurité, Hermann Immongault, le 17 mai 2024, à Libreville. © GabonReview

 

Au Gabon, certaines recommandations du dernier Dialogue national inclusif (DNI) passent mal. Tel est le cas de la suspension des partis politiques. Cette mesure, bien qu’étant à l’étape des recommandations, a amené le chef du département de l’Intérieur et de la Sécurité, Hermann Immongault, à s’exprimer et à éclairer l’opinion. En suspendant ces formations, on indexe leur fonctionnement actuel caractérisé notamment par un nombre jugé plus qu’exagéré, soit 104, «dont certains n’ayant jamais tenu un congrès ou concouru au suffrage universel». Cette suspension a donc pour finalité une meilleure réorganisation de l’environnement politique du pays.

«Des chiffres largement au-dessus du nombre même d’électeurs»

La recommandation de la suspension des partis politiques est vue par certains acteurs politiques comme une sanction de trop. Sanction d’autant plus qu’elle impacte le fonctionnement, disent-ils, de la démocratie. Le gouvernement de la Transition, de son côté, estime qu’il n’en est rien. Le ministre de l’Intérieur fait observer qu’«une simple arithmétique nous montre que ce serait 936.000 Gabonais qui militeraient dans ces partis». «Des chiffres largement au-dessus du nombre même d’électeurs», a-t-il fait noter, indiquant que la réalité est tout autre.

Hermann Immongault relève que le constat fait par les Gabonais est fortement négatif s’agissant de ces écuries politiques. «Et les qualificatifs animaliers utilisés, à l’exemple de «partis gazelles», une espèce animale au demeurant très prisée dans notre culture alimentaire, rendent compte d’une réalité dont tout le monde a connaissance», a-t-il déclaré.

En termes d’évolution quantitative des partis politiques, en 1990, il y avait 73, 47 en 2011, 51 en 2012, 56 en 2015, 60en 2017, 74 en 2018 et 104 en 2023. La plupart de ces formations ne disposant pas de siège et l’occupation spatiale est parfois insignifiante. De même, a souligné le ministre de l’Intérieur, elles n’ont pas d’élus locaux et/ou nationaux et affichent de manière notoire une absence d’autonomie suite à la signature des chartes de regroupement (majorité/opposition), ainsi qu’un manque réel de militants.

Finalité : une meilleure réorganisation de l’environnement politique du pays

«Nous parlons bien de suspension et non de dissolution, qui ne figure, d’ailleurs, nullement dans les recommandations issues du Dialogue national inclusif. Cette confusion sémantique doit être levée», a-t-il dit, ajoutant que selon les orientations du peuple gabonais, cette suspension a pour finalité une meilleure réorganisation de l’environnement politique du pays.

Le gouvernement se chargera de mettre en place un nouveau cadre législatif, modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°16/2011 du 14 février 2012 portant modification de la loi n°24/96 du 6 juin 1996 relative aux partis politiques, «en y apportant un certain nombre de réformes qui répondraient à l’aspiration d’un État encore plus démocratique».

Ce nouveau cadre juridique, a expliqué le premier flic du pays, énoncera des conditions préalables à la reprise des activités des partis politiques. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs été clairement recommandées par le peuple gabonais via le DNI à savoir, pour les partis politiques d’avoir (au minimum) dix-huit mille adhérents sur l’ensemble du territoire (contre neuf mille dans la loi actuelle) ; de justifier d’un état d’adhésion unique pour les adhérents.

Hermann Immongault assure ainsi qu’«avec l’attestation du NIP-Numéro d’identification personnel- que le MIS délivre depuis le 3 avril dernier, il sera désormais possible de s’assurer qu’il n’y a pas de multiples émargements (1 citoyen, 1 NIP, 1 parti politique)».

Construire une démocratie avec des partis politiques forts et bien structurés

La nouvelle législation devrait imposer à ces officines politiques de disposer d’un siège ; d’avoir un compte bancaire ;        de se positionner parmi les quatre blocs idéologiques retenus (Droite, Gauche, Centriste et extrême droite, NDLR) et d’observer l’obligation faite aux responsables des partis d’avoir une idéologie politique clairement identifiée.

«Si de tout temps les partis ont pu constituer des groupements politiques, nous ne doutons pas un seul instant de leur capacité à s’agréger autour d’une idéologie clairement établie ; exercice qui participera, assurément, au renforcement du débat d’idées», a-t-il espéré, précisant également que «cette exigence de réorganisation s’accompagne, ipso facto, d’une dissolution pure et simple des partis politiques qui n’auront pas pu remplir ces critères dans un délai bien précis [qui restera à fixer]».

Pour le ministre de l’Intérieur, «les Gabonais veulent construire une démocratie avec des partis politiques forts et bien structurés, qui concourent librement au suffrage universel.  Tout comme en Économie avec la loi du marché, les partis qui ne feront pas le poids sur le terrain s’étioleront pour disparaître d’eux-mêmes».

En attendant la mise en place de tous ces éléments, Hermann Immongault a souligné que jusqu’à présent, «les recommandations issues du DNI ne sont pas encore revêtues d’une quelconque autorité, encore moins dotées de la force juridique».  «Il faut qu’au préalable elles soient traduites en textes législatifs ou réglementaires», a-t-il dit.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Prince dit :

    trop de politique dans ce pays tous l’argent du Gabon va seulement dans la politique pour avoir de l’argent dans ce pays il faut faire de la politique et les Gabonais l’ont si bien compris, le Gabon compte une multitude de milliardaires d’abord sous omar bongo ensuite pire encore sous ali, maintenant c’est au tour des militaires de devenir des milliardaires à peine 8 mois aux affaires on compte déjà des milliardaires parmis eux de tous ses milliardaires anciens et nouveaux qui fait des affaires pour avoir autant d’argent ? Tous à un moment donné ont servi dans l’administration soit comme ministre, directeur général,président d’institution haut cadre, haut gradé…. aucun de ses milliardaires n’est parti de rien ils ont tous tripatouillés dans la politique et les détournements de l’argent publique lié à leur fonction.à la prise de pouvoir du général oligui c’est toujours les politiques à êtes reçu à la présidence et les Gabonais ont bien compris la leçon que pour avoir de l’argent dans ce pays il faut faire de la politique, nous avons pensé que cette règle va changer avec le ctri bein au contraire dés sa prise de pouvoir le général oligui à mis au tour de lui de véritables politiciens véreux, le chef du Gouvernement, le président du sénat et celui de l’assemblée nationale pour ne citer que ceux là ? Les choses ne changerons pas tant que le pays ne mettra pas une véritable politique de contrôle d’état c’est à dire comme aux USA l’argent n’est pas la propriété du président ou du ministre, mais chez nous le coffre du trésor public se trouve à la présidence de la République de ce fait à la merci de tous les prédateurs qui se servent comme bon semble.

  2. DesireNGUEMANZONG dit :

    Il faut aller beaucoup plus loin dans les conditions de création d’un parti politique et professionaliser cette activité. Supposons un Décret sur le non-financement des partis politiques. En conséquence, seul.es les membres peuvent financer le parti politique auquel ils ont adhéré. Soit 18000 membres au moins par parti politique. Soit l’obligation au parti politique de créer un compte bancaire à sa création. Fixons un minimum de cotisation mensuelle à 10000 Fcfa hors dons en chèque bancaire.

    A la création du parti politique, le compte bancaire devra obligatoirement être crédité de 18000×10000= 180000000 Fcfa.

    Par ailleurs, tout parti politique devra avoir un siège social et un boîte aux lettres. Les personnes qui travaillent en son siège sous contrat. Une obligation de fournir les contrats de travail des membres du secrétariat à temps plein ou partiel sera fixée. Le parti politique devra s’acquitter de ses cotisations patronales et sociales en temps et en heure sous peine de pénalités
    de retard.

    De plus, une obligation de certification des comptes annuels par un commissaire aux comptes sera exigée.

    Faire de la politique peut devenir un métier eu égard à ces exigences. C’est le fond de ma réflexion.

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