Les leaders d’envergure nationale ne doivent ni céder à l’attentisme ni réclamer de la commisération. S’ils ne peuvent se départir de leur humanité, ils gagnent toujours à affronter les épreuves avec froideur et dignité, comme en attestent les parcours d’Indira Gandhi ou Michelle Bachelet.

Si elle veut vraiment poursuivre tous les combats menés aux côtés (de Casimir Oyé Mba)», Paulette Missambo n’a pas beaucoup de choix : elle doit prendre le contrôle de l’UN. Après tout, depuis de longs mois, l’ancien Premier ministre se démenait pour la faire élire. © D.R.

 

Casimir Oyé Mba s’en est allé. Si ce décès est une «grande perte» pour l’Afrique centrale, le pays, l’opposition et l’Union nationale (UN), il l’est davantage pour une personnalité bien connue : Paulette Missambo. Engagée dans la course à la présidence de l’UN, l’actuelle vice-présidente de l’UN bénéficiait du soutien du regretté vice-président. Va-t-elle mettre un terme à sa campagne ? On ne saurait être définitif. Aura-t-elle les ressources pour la poursuivre ? On peut le penser. Prononçant l’éloge funèbre, Jeanine Taty-Koumba s’est voulu catégorique : «Pour vous, nous poursuivrons le combat, tous les combats que nous avons menés à vos côtés», a-t-elle lancé, face à la bière de l’ancien Premier ministre. Or, l’oratrice n’est pas une inconnue : trésorière générale sortante, elle candidate au poste de vice-présidente sur la liste conduite par… Paulette Missambo.

L’émotion est mauvaise conseillère

Loin de tout cynisme, il faut avoir le courage de le dire : en hommage au défunt, Paulette Missambo est condamnée à poursuivre la bataille. Certes, les décès génèrent toujours de la douleur. Certes, ils invitent toujours à une remise en cause. Certes, ils ouvrent toujours sur une période d’incertitude. Mais, les leaders d’envergure nationale se reconnaissent par leur capacité à surmonter de telles épreuves. En dominant leurs émotions, ils prennent de l’ascendant. En allant au-delà d’eux-mêmes, ils donnent un aperçu de leur aptitude à se mettre au service de la collectivité. Pour ne pas laisser place au doute, ils ne doivent ni céder à l’attentisme ni réclamer de la commisération. S’ils ne peuvent se départir de leur humanité, ils gagnent toujours à affronter les épreuves avec froideur et dignité, comme en attestent les parcours d’Indira Gandhi, Michelle Bachelet, Aung San Suu Kyi et d’autres encore.

Pour sûr, dans nos sociétés, le deuil se conçoit en fonction du rôle social du défunt : plus il est important, plus la période doit être longue et plus ses proches doivent montrer de l’affliction. N’empêche, l’émotion est mauvaise conseillère. Surtout en politique. L’équipe de Paulette Missambo semble l’avoir compris. Affirmant ne pas avoir de «mots assez justes pour (…) exprimer (leur) état émotionnel», Jeanine Taty-Koumba l’a dit : «C’est à (eux) de poursuivre l’œuvre que (Casimir Oyé Mba a) si noblement entreprise.» En le proclamant, elle a sonné la mobilisation de troupes assommées par ce malheureux évènement. Au-delà, elle a indiqué combien ses amis sont déterminés à l’emporter, se payant le luxe de prendre date au niveau national. «C’est à nous de vouloir que cette nation renaisse libre, unie dans la concorde et la fraternité. C’est à nous de réaliser le Gabon pour tous», a-t-elle proclamé.

Position notoirement connue

Pour autant, la tâche ne s’annonce pas de tout repos : l’équipe Missambo doit faire face à une autre, soutenue par Zacharie Myboto, président sortant, et, de manière plus discrète, par Raphaël Bandega Lendoye, président du bureau du Congrès, entité chargée d’expédier les affaires courantes depuis bientôt 10 mois. Si elle veut vraiment poursuivre «tous les combats (…) menés (aux) côtés (de Casimir Oyé Mba)», Paulette Missambo n’a pas beaucoup de choix : elle doit prendre le contrôle de l’UN. Après tout, depuis de longs mois, l’ancien Premier ministre se démenait pour la faire élire. Par monts et par vaux, il répétait sa conviction : «C’est une dame de grande valeur. Je connais ses capacités», tranchait-il. On l’a vu l’affirmer sur ses terres de Ntoum. On l’a aussi vu le dire dans le Woleu-Ntem, dans l’Ogooué-Lolo et dans le Haut-Ogooué, y compris à Mounana, fief de Zacharie Myboto. C’est dire s’il croyait en elle.

Même si l’éloge funèbre de Jeanine Taty-Koumba a abordé les enjeux nationaux, la situation interne à l’UN en était le fil rouge. Pour «réaliser le Gabon pour  tous», il faut au préalable contrôler un appareil politique. Or, dans la bataille interne en cours, la position de Casimir Oyé Mba était notoirement connue : «Vous devez être fiers (de Paulette Missambo). Vous devez la porter. Votez pour elle», lançait-il lors de sa dernière sortie politique. Comme pour dire sa disposition d’esprit à consacrer «tant de (son) temps, tant de (son) énergie, tant de (sa) sueur et tant de (sa) lueur» à son élection. Pour elle, cette épreuve revêt les caractéristiques d’une pierre de touche. Autrement dit, elle peut être le révélateur de sa réelle stature politique.

 
GR
 

8 Commentaires

  1. Bembicani dit :

    OYE MBA parti, MYBOTO se mettant en retraite politique, il est difficile de voir Paulette MISSAMBO poursuivre un combat autour de jeunes loups prêts à se croquer pour se faire une place au soleil. La politique c’est aussi une affaire de génération. Il est manifeste que le soutien intéressé de Casimir OYE MBA était le moteur de l’entrée en lice de Paulette MISSAMBO dans la course au perchoir de l’UN. Sans Casimir quelle configuration donner à la suite du combat. Le parapluie et la confiance d’un être cher pour vous aider c’est aussi ça la politique. Je pense que cet article qui sonne plus comme une forme de pression exercée sur Paulette gagnerait plutôt à poser la question de qui pour prendre le flambeau parmi les jeunes loups autour d’elle en cas de désistement, parce que in fine c’est plus leur combat que celui d’une dame qui n’a plus besoin de ça pour ajouter une autre ligne à son cv politique suffisamment fourni.

  2. isidore dit :

    61 ans que les gabonais rêvent en dormant. Ce qui explique cette longue léthargie. Lol.

  3. Serge Makaya dit :

    L’UN est un parti de la majorité usurpatrice du pouvoir depuis la pseudo indépendance. Même si elle accédait au pouvoir, ce serait toujours de l’usurpation, parce qu’elle aura été tout simplement adoubé par la francafrique.

    Le Gabon ne peut s’éveiller qu’en s’emancipant de cette emmerdeuse francafrique. Tant que nous aurons une armée d’occupation dans notre territoire, nous demeurerons des esclaves.

    Voilà pourquoi j’insiste sur le fait que pour libérer le Gabon, la priorité aujourd’hui n’est pas d’aller à la présidentielle, mais de s’assoir et de parler de notre avenir entre gabonais. Et je ne fais pas allusion à « une paix des braves » tel que certains le voulaient avec distribution de mallettes, mais d’une VRAIE concertation nationale pour mettre FIN à 61 ans de gestion calamiteuse du pays. Et ça, c’est POSSIBLE. Je le crois sincèrement. Il nous suffit pour ça de nous débarrasser de notre ÉGO.

    • Venance Pambou dit :

      @Serge Makaya. Vous êtes un robinet à bêtises. Mouf…

      • Yvette Ndong dit :

        Pas forcément, du moment où à chaque élection présidentielle la même magouille se produit. Ne me dites pas que vous ne voyez pas ça ? Pourquoi cela changerait avec la présidentielle de 2023 ? Qu’est-ce que nous empêcherait de nous asseoir, effectivement, pour qu’on puisse se dire « PLUS JAMAIS DE FRAUDES, PLUS JAMAIS DE CORRUPTIONS, PLUS JAMAIS DE DICTATURES, PLUS JAMAIS D’INFLUENCES EXTÉRIEURES (françafrique – Maroc et autres ». Surtout que dans 7 ans, vous reviendrez dire que la présidentitlle de 2030 sera « enfin » crédible. Oui, cessez de rêver messieurs et dames de l’UN et autres parti de la pseudo Majorité. A moins que vous soyez vous mêmes dans le jeu de la « BÊTISE » qui perdure depuis 61 ans ?

Poster un commentaire