À la faveur d’une audience accordée, le 4 décembre, aux représentants des médias, le président Oligui Nguema a mis fin à la polémique visant la ministre de la Communication et des Médias, Laurence Ndong, suspectée d’avoir envisagé le détournement d’une partie des 500 millions de francs CFA destinés à la presse privée. Les explications détaillées du président de la Transition ont permis la levée de la confusion autour de cette affaire. Retour sur une controverse née d’un malentendu lexical et les éclaircissements qui en découlent.

Palais présidentiel, le 4 décembre 2004. Face aux représentants de la presse privée, Oligui Nguema a rappelé que Laurence Ndong (en bleu) attend simplement le positionnement des fonds pour agir conformément aux procédures. © Communication présidentielle

 

Une polémique a enflammé le paysage médiatique gabonais ces dernières semaines. En cause, des accusations implicites visant la ministre de la Communication et des Médias, Laurence Ndong, soupçonnée de projeter le détournement d’une partie des 500 millions de francs CFA destinés à la presse privée. Alimenté par des malentendus autour de la notion de «réserve», ce soupçon vient de trouver son épilogue grâce aux explications fournies par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Une confusion autour de la notion de «réserve»

La controverse est née, en effet, d’une déclaration de la ministre Laurence Ndong évoquant le terme de «réserve» à propos de l’aide de l’État à la presse. Mal compris par certains acteurs, ce mot a été interprété comme une tentative de détourner une partie des fonds. Or, cette notion se réfère en réalité à une pratique courante du Trésor public, qui prélève systématiquement un pourcentage sur les montants transitant par ses caisses.

L’exemple de la subvention à la presse sous Ali Bongo est particulièrement éclairant sur cette pratique. Sous le régime déchu, bien que le montant initial de la subvention fût fixé à 150 millions de francs CFA, le Trésor appliquait une retenue d’environ 15,33 %, réduisant ainsi la somme, effectivement distribuée, à 127 millions. Un montant bien connu des patrons de presse qui ne s’en sont jamais interrogés. Ce mécanisme, connu et documenté, n’a rien d’exceptionnel. Dans le contexte actuel, la «réserve» évoquée par la ministre Laurence Ndong n’est donc qu’une référence à ce prélèvement réglementaire, et non une intention de détourner ou de réaffecter les fonds.

Les clarifications du président de la Transition

Face à la montée des spéculations, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a réuni, le 4 décembre 2024, les représentants des médias pour désamorcer la polémique. Il n’a donc pas manqué, lors de cette audience, d’apporter des explications détaillées sur la situation. «Le retard du paiement de la subvention est principalement lié à une tension de trésorerie. Il a fallu prioriser des dépenses cruciales telles que le règlement des rappels de solde des fonctionnaires, assurer les salaires mensuels et le financement du récent référendum constitutionnel», a-t-il littéralement expliqué. Et Oligui Nguema de certifier que l’argent n’était pas encore positionné au Trésor public, rendant ainsi prématurée la convocation de la commission d’attribution, étape préalable à la distribution des fonds.

Le président a également pris soin de disculper Laurence Ndong de toute intention malveillante. «Il n’est nullement question de détournement ou d’irrégularité de la part de la ministre de la Communication», a-t-il affirmé, appelant les acteurs médiatiques à davantage de patience et de discernement. Il a par ailleurs rappelé que le mécanisme de répartition des fonds, bien que retardé, reste inchangé et que la subvention promise de 500 millions de francs CFA sera bel et bien allouée dès que les conditions financières le permettront.

Les leçons d’une polémique mal engagée

Cet épisode révèle les défis persistants de la communication publique dans un contexte marqué par des tensions économiques et politiques. Si le terme «réserve» utilisé par la ministre a pu semer la confusion, les clarifications du président Oligui Nguema permettent aujourd’hui de replacer les choses dans leur contexte.

Laurence Ndong, conformément aux procédures en vigueur, a choisi d’attendre le positionnement des fonds au Trésor public avant de convoquer la commission de répartition, étape indispensable au paiement de la subvention.

Par ailleurs, la malheureuse controverse porte au grand jour la nécessité d’une pédagogie accrue sur les mécanismes financiers de l’État. Bien que née d’un malentendu, la polémique autour de la subvention à la presse a révélé des failles dans la perception des pratiques financières de l’État. Grâce à l’intervention du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, la lumière est désormais faite sur les véritables enjeux. En plus de disculper Laurence Ndong, cette clarification offre une opportunité d’améliorer la communication publique pour éviter que de telles incompréhensions ne se reproduisent. Au-delà des différends, c’est la cohésion entre les médias et les autorités qui devra être renforcée pour faire face aux défis à venir.

 

 
GR
 

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