Subvention à la presse : Guy Pierre Bitéghé dénonce l’évaporation de 25% de la somme avant sa distribution
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Au Gabon où 500 millions de francs CFA ont été mis à disposition pour l’aide à la presse privée écrite et en ligne, 125 millions de francs CFA pourraient être ponctionnés avant d’atteindre les bénéficiaires. Ce mercredi 19 février, Guy-Pierre Bitéghé a dénoncé un détournement déguisé de 25% de cette subvention par le ministère de la Communication qui devrait prélever 10% pour la Commission de répartition et le ministère du Budget qui aurait retenu 15% à la source. Il en appelle à Brice Clotaire Oligui Nguema.
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Guy Pierre Bitéghé s’exprimant, le 19 février 2025. © GabonReview
Une controverse enflamme la distribution de la subvention annuelle accordée par l’État à la presse écrite, désormais étendue à la presse en ligne, au Gabon. Lors d’une conférence de presse ce mercredi 19 février, Guy Pierre Bitéghé, l’ancien président de l’Organisation patronale des médias (Opam) et directeur de publication du journal Le Mbandja, a dénoncé des prélèvements qu’il juge excessifs et injustifiés sur l’enveloppe de 500 millions de francs CFA initialement prévue par le chef de l’État. «Les associations dont nous sommes membres sont allées ventre à terre conclure un humiliant accord avec la tutelle», dit-il.
Détournée avant distribution et accusations de trahison
D’après ses affirmations, ces associations de presse auraient accepté un accord avec la ministre de la Communication prévoyant le prélèvement de 10% de cette somme, soit 42 millions de francs CFA, pour financer les travaux de la Commission de répartition. «C’était au cours d’une réunion au ministère de la Communication tenue le 27 janvier 2025», a-t-il précisé. Parallèlement, le ministère du Budget aurait retenu 15% à la source, soit 75 millions de francs CFA. Ainsi, un quart de la subvention totale serait détourné de sa vocation initiale, une situation qu’il considère comme une manœuvre abusive.
«Si ce n’est pas du détournement, ça y ressemble», a-t-il commenté dénonçant une pratique injustifiée qui prive directement les médias d’une part importante des fonds qui leur sont destinés. «Je ne voudrais pas être désobligeant envers mes collègues présidents de nos associations, mais l’acte grave qu’ils ont posé en allant donner quitus à cette entourloupe gouvernementale, n’est, à mes yeux, ni plus, ni moins que de la traitrise», a lâché l’ancien président de l’Opam qui n’a pas mâché ses mots. «J’en ai touché un mot au président de mon association, l’Opam. Et ne pouvant cautionner cette fourberie, j’ai pris la décision de me désolidariser de ceux qui ont fait ça et leur dire hautement que ce n’était pas bien», dit-il.
Implication controversée de l’Unesco et de l’OIF et appel au chef de l’État
«Cela fragilise notre corporation», a-t-il insisté. «Si la ministre disposait d’un texte l’autorisant à prélever 10%, elle n’avait pas besoin de notre quitus», a-t-il soutenu soulignant également que le ministère du Budget, en prélevant directement 15% de la somme, agit en totale opacité et sans justification valable. Guy Pierre Bitéghé dénonce tout aussi l’implication de l’Unesco et de l’OIF dans la commission de répartition des fonds. Il s’interroge sur l’intérêt de cette participation alors que des mécanismes précédemment instaurés permettaient une répartition transparente en présence des éditeurs.
«Est-on obligé d’avoir recours à une commission pour attribuer la subvention aux médias en règle ? Quid du rôle des services du Ministère de la Communication, notamment de la DGCOM ?» a-t-il questionné appelant le chef de l’État à intervenir pour annuler ces prélèvements et garantir que l’intégralité des 500 millions de francs CFA soit effectivement reversée à la presse. Alors que ladite commission a commencé ses travaux le 17 février, il est désormais attendu une réaction officielle des autorités concernées.
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1 Commentaire
Bjr. Morceau au choix: «Si la ministre disposait d’un texte l’autorisant à prélever 10%, elle n’avait pas besoin de notre quitus». L’intéressé appréciera. Amen.