La société civile, le chômage des jeunes et le travail de la terre
Axé sur le rôle de l’agriculture dans la lutte contre le chômage, le forum citoyen sur l’emploi s’est ouvert le 11 août dernier dans l’amphithéâtre de l’immeuble Arambo.
Le «Collectif des organisations de la société civile pour le développement et la lutte contre la pauvreté», une plate-forme de 50 ONG et syndicats, organise, depuis le 11 août dernier, un séminaire de réflexion sur les liens entre agriculture et lutte contre le chômage. En présence d’experts Malaisiens et pendant trois jours, les participants examineront des thèmes en rapport avec la question agricole. «Régime foncier et mécanismes de partage et d’attribution des terres aux agriculteurs gabonais», «Mécanismes de financement des exploitations agricoles», «Rôles des agro-industries dans le développement d’une agriculture compétitive», «Choix des spéculations pour une agriculture prospère et créatrice d’emplois», et «Etat des lieux de la situation de l’agriculture gabonaise», tels sont les axes de réflexion retenus pour la circonstance. Il s’agit, pour les organisateurs, de produire une déclaration finale sur la base de laquelle seront conduites les activités de plaidoyer au niveau national.
Dans son allocution d’ouverture, le président du forum a livré quelques statistiques. Selon Dieudonné Minlama Mintogo, sur 100 jeunes gabonais qui entrent à l’école primaire, seulement 2% atteignent le niveau bac +5, 6% arrivent au niveau licence et à la fin seul 14% terminent leur cursus avec une qualification alors que 86% sortent du système sans qualification. «Des chiffres effrayants qui ne devraient laisser personne indifférent», a-t-il dit, avant d’établir le lien avec le chômage et de clamer sa détermination à en finir avec ce fléau. «(Le chômage est) un problème transversal qui concerne tout le monde : le gouvernement, les partis politiques, et même la société civile. Tous les Gabonais sont concernés», a-t-il avancé, soulignant qu’au «vu des potentialités naturelles dont regorge le Gabon, la promotion d’une agriculture prospère et créatrice d’emplois au bénéfice des jeunes constitue une solution idoine et réaliste au problème du chômage».
Une préoccupation partagée par le sociologue du développement, enseignant-chercheur à l’UOB, Marcel Bridon. Pour lui, la situation du Gabon est paradoxale puisque le pays demeure sous-équipé en infrastructures avec une économie extravertie alors qu’il dispose d’un potentiel forestier, pétrolier et minier important. «Le Gabon a perdu au fil des années, la capacité à nourrir sa propre population, elle a choisi depuis longtemps, l’option d’une agriculture moderne capitaliste et tournée essentiellement vers les exportations agro-industrielles notamment le palmier à huile et hévéa. (…) Les choses peuvent changer », a-t-il affirmé, poursuivant : «Les échecs agricoles du passé sont essentiellement dus à la mauvaise gouvernance. Aujourd’hui, il faut être plus rigoureux, on ne peut plus laisser les gens faire n’importe quoi, parce qu’ils sont issus de tel bord politique».
1 Commentaire
Des propos comme ceux relayés par cet article sont incroyables. Depuis plus de cinquante ans au moins, le Gabon fait fonctionner un ministère de l’agriculture, avec un budget et des programmes annuels toujours plus prolixes en termes de financements et d’aides diverses. Où sont passés ces financements et ces budgets en dizaines de milliards ? Où est l’ONCA ? Pourquoi des bâtiments d’élevage pourrissent-ils dans nos brousses ?Où sont passées ces plantations pilotes et quel bilan en a-t-on tiré ? La situation calamiteuse de notre agriculture démontre que les dirigeants du Gabon, après Léon Mba, n’ont jamais eu aucune volonté de mener une véritable politique agricole. A part ces détournements colossaux des deniers publics.