SEEG : Moins de 50% de l’eau facturée, des impayés de plus 250 milliards, plus de 2 600 sous-traitants
La Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) est-elle un colosse aux pieds d’argile ? La réponse est visiblement à l’affirmative au regard de l’interview accordée par son directeur général, Joël Lehman Sandoungou, au quotidien L’Union. Depuis quatre ans, la société enregistre des résultats déficitaires. Dans le même temps, moins de 50% de l’eau produite est facturée, tandis que les impayés de la clientèle dépassent les 250 milliards de francs CFA à la fin 2023. Dans ce montant, la part de l’État se chiffre à au moins 72 milliards. De même, il a fallu à la direction de se défaire de plus de 1 350 sous-traitants.
La Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), entreprise de service public de l’eau et de l’énergie fait de plus en plus face aux récriminations de la population, au regard de la qualité de ses services, en dessous des attentes. Interviewé, le directeur général, Joël Lehman Sandoungou, s’est longuement exprimé sur la situation de la société. Dans le quotidien L’Union de ce vendredi, 14 juin, il fait le point sur la situation structurelle et financière de la société.
S’agissant de la situation financière de la SEEG, le patron du top management a clairement fait savoir qu’elle n’a de cesse de se dégrader depuis 2020. Soit 4 années au cours desquelles l’entreprise enregistre des résultats en dessous des attentes et donc déficitaires. Sur ce point, il invoque deux raisons essentielles. La première, a présenté le directeur général, est la stagnation du chiffre d’affaires avec le blocage des tarifs et les mauvais rendements de la facturation. La deuxième repose quant à elle sur la forte augmentation des charges consécutives à la croissance de la production en électricité et en eau et à l’inflation.
Eu égard à cette situation, il fait savoir que «la demande électricité et en eau potable qui ne cesse d’augmenter peine à être satisfaite convenablement en l’absence d’un renforcement des capacités productives». Joël Lehman Sandoungou indexe également les performances opérationnelles en constante dégradation, ainsi que les rendements des facturations qui n’atteignent pas les 50% en eau et inférieures à 75% pour ce qui s’agit de l’électricité. «C’est-à-dire que moins de 50% de l’eau produite est facturée», a-t-il expliqué, indiquant que «le mouvement des créances auprès des clients n’est pas efficace».
Plus clairement, le patron de la SEEG indique que «les impayés de la clientèle dépassent les 250 milliards de francs CFA à la fin 2023». Dans ce montant, l’État est débiteur de plus de 72 milliards de francs CFA. Dans ce sillage, le directeur général précise que «la croissance du chiffre d’affaires est également freinée par le blocage des tarifs de l’électricité et de l’eau depuis octobre 2018».
Si la situation se durcit, explique-t-il encore, c’est entre autres parce que la SEEG n’a pas été autorisée à répercuter sur ses tarifs l’inflation enregistrée sur ses consommables et les produits de base tels que le gazole, le gaz, les produits chimiques et les prestations diverses.
Ainsi, le retard dans les opérations d’entretien, et de maintenance a entraîné la casse régulière des équipements. «Ce qui a engendré de nombreuses interruptions de service. La qualité de service s’en est ressentie», a-t-il regretté non sans indiquer que «les mesures de redressement sur la réduction des charges ainsi que sur l’amélioration de la facturation et du recouvrement doivent permettre de changer la situation», tout comme il préconise la recapitalisation de l’entreprise.
À sa prise de fonction, la SEEG disposait de plus de 2 600 sous-traitants et de 9 directions. Depuis son arrivée en septembre 2023, le directeur général assure faire des efforts pour l’assainissement de l’entreprise. De 2 600 sous-traitants, on est passé environ, 241 tandis que pour les directions, elles ont été ramenées à 6. Ce qui permet de réaliser des économies.
10 Commentaires
1300 sous traitants??? Pour quel rendement? Certains des sous traitants fictifs. J’avais déjà fait un rapport de 200 pages sur ça mais jeté aux orties
Bjr à tous et à toutes, je pense que notre compatriote a tout simplement omis de nous parler de l’achat des véhicules de grand luxe pour les directeurs. Et aussi d’évoquer d’autres achats superflus que nous ne voyons pas. De toute façon, lorsqu’une entreprise est malade il faut commencer par réduire les charges fixes (salaires et autres) et non chercher à augmenter les tarifs. De plus l’État doit commencer à payer sa part d’autant plus l’eau et l’électricité sont surtaxée…(TVA et Contributions).
Merci pour ce commentaire vous avez tout dit
Etrange conception des priorités et des valeurs on dirait… En effet, Ces achats de véhicules grand luxe et autres superflus sont-ils à la hauteur des 250 milliards d’impayées ou des milliers de mètres cubes d’eau non facturés?
Je ne partage pas votre point de vue et celui de Mme Ada.
Il y a à ma connaissance 2500 salariés à la SEEG. Les salaires font partie des charges fixes, en principe incompréhensibles. Avec l’inflation galopante, les ménages gabonais ne s’en sortent plus (pas). En baissant les salaires, il prend le risque de créer des mouvements d’humeur. Voire des grèves. De ralentir le service public. Voire de l’arrêter. En revanche, été donne que l’entreprise ne faut pas de bénéfice, ce serait une aberration financière de verser un 13ême mois (en crédit revolving: Quelle ineptie!).
La véritable question est de savoir pourquoi l’Etat gabonais ne règle pas ses factures? Quels sont les clients qui représentent 178 milliards? (250-72) Des particuliers qui ne règlent jamais leurs factures et qui sont devenus irrécouvrables.
Attention : si certaines dépenses sont qualifiées de somptuaire par le commissaire aux comptes, alors il y a un abus de biens sociaux (ABS).
Lire « incompressibles » en lieu et place d’incompréhensibles. Les charges fixes sont des charges incompressible parmi lesquelles on peut citer les salaires, les amortissements, les provisions, etc.
« Il préconise la recapitalisation de l’entreprise ». Cette décision est une « curiosité ».
Recapitaliser, c’est fondamentalement modifier la structure du capital. Va t-elle créer des actions nouvelles? Va t-elle vendre les actions anciennes et à qui?
Il faut rappeler que la SEEG est dans un secteur stratégique pour le pays. Elle doit demeurer une entreprise nationale. Une recapitalisation suppose créer des actions nouvelles et les vendre aux salariés. Si la SEEG réalise des
bénéfices, alors les salariés reçoivent un dividende (qui est la rémunération de l’action).
On peut également considérer que ces actions nouvelles comme ne épargne que
le salarié peut retirer après cinq ans sans impôts. Épargne rémunérée
par exemple à 10%.
La recapitalisation ne suppose pas vendre les parts de l’Etat à un tiers et perdre la minorité de blocage (33%).
Je serai défavorable à une recapitalisation de la SEEG. L’Etat gabonais, qui est son actionnaire principale, doit comprendre que le « costume est peut-être trop grand » pour Monsieur Sandoungou J.L.
Il serait peut-être temps d’envisager une opération de scission de la SEEG. D’une part, il y aurait SEEG EAU (BLEU). D’autre part, SEEG ELECTRICITE (VERT). Avec chacune à sa tête un Pdg. Chapeauté par un conseil d’administration
unique.
Cette décision stratégique peut avoir l’avantage de résoudre les problèmes
d’efficacité opérationnelle: le service client, le recouvrement des créances, la normalisation des comptes, etc.
Peut-être une piste à suivre…
Suite…
Je serai favorable à une recapitalisation de la SEEG si, et seulement si elle était scindée en deux entités opposées par rapport à leur domaine d’activités stratégiques.
Mais en réalité « intimement » reliées « financièrement’. SEEG EAU BLUE aurait 25% de capital chez SEEG ELECTRICITE VERTE. Et cette dernière serait propriétaire de 25% de SEEG EAU BLUE. Cette opération financière s’appelle des »
articipations croisées ». Résumons: État 51% (majoritaire à SEB et SEV), salariés (24%) et SEEG E.B. (25% SEEG E.V) et SEEG E.V. (25% SEEG E.B).
Les Pdg de chaque nouvelle entité aura un mandat de 3 ans et transférable dans l’entité opposé. Il s’agit de favoriser les phénomènes de « portes coulissantes », d’éviter les stratégies d’enraciment destructrices de valeur et de permettre d’accroître les polyvalences de nos dirigeant.es.
J’insiste sur le fait que nos entités publiques peuvent être gérées par des femmes compétentes.
Lire enracinement et non enraciment.
Lire participations croisées au lieu de articipations croisées.