Le gouvernement de transition vient de miser sur un vétéran de la maison pour sauver la SEEG du naufrage. À l’issue du Conseil des ministres d’hier, Jean Liévin Idoundou Manfoumbi s’est, en effet, vu confier les rênes de cette importante entreprise en crise. Alors que les coupures d’eau et d’électricité exaspèrent la population, cet ingénieur devenu capitaine d’industrie aura-t-il, fort de ses 32 ans d’expérience, les épaules assez solides pour relever le défi titanesque qui l’attend ?

Jean Lievin Idoundou Manfoumbi, l’homme qui affirmait que la SEEG lui avait «tout donné» est désormais en position de lui rendre la pareille. © GabonReview

 

Alors que la rumeur et plusieurs posts sur les réseaux sociaux annonçaient la nomination à ce poste d’Aurélien Mintsa Mi Guéma (frère d’Oligui Nguéma et directeur général du Budget et des Finances publiques – DGBFiP- démis de ses fonctions le 17 juin), le Conseil des ministres du 31 août 2024 a nommé Jean Liévin Idoundou Manfoumbi au poste d’Administrateur provisoire de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG). La décision du conclave gouvernemental s’inscrit dans le cadre des réformes engagées par le président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, visant à redresser l’entreprise publique confrontée à des difficultés persistantes.

Un expert interne devant «tout donner» face à une feuille de route ambitieuse

Ingénieur civil de formation et fort de 32 ans d’expérience au sein de la SEEG, Idoundou Manfoumbi n’est pas un novice dans l’entreprise. Nommé Président du Conseil d’Administration (PCA) en décembre 2023, il se voit aujourd’hui investi de responsabilités élargies pour mener à bien une mission de redressement qui s’annonce complexe. «La SEEG m’a tout donné pendant 32 ans», avait-il déclaré lors de sa prise de fonction en tant que PCA. Cette fois-ci, c’est à lui de tout donner pour sortir l’entreprise de l’ornière.

La tâche qui attend le nouvel administrateur provisoire est considérable. Il devra mettre en œuvre une série de mesures annoncées par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), parmi lesquelles :

  • La renégociation de la dette de l’entreprise
  • La digitalisation et la sécurisation du système informatique
  • La création d’une Direction de la sécurité et de la lutte contre la fraude
  • Le lancement de l’opération «Un Gabonais, un compteur»

En choisissant de promouvoir un cadre issu des rangs de la SEEG plutôt que de faire appel à une personnalité extérieure, les autorités de la transition semblent miser sur un équilibre entre continuité et renouveau. Idoundou Manfoumbi aura la lourde tâche de naviguer entre les écueils d’une gestion passée défaillante et les impératifs de modernisation urgente.

Les enjeux d’une nomination stratégique

Son expérience en tant que PCA depuis janvier dernier lui aura sans doute permis de prendre la mesure des défis à relever. Il devra notamment s’atteler à la mise en œuvre du plan de redressement qu’il avait été chargé d’élaborer, tout en composant avec les nouvelles directives du CTRI.

Alors que le Gabon traverse une période de transition politique, la réforme de la SEEG apparaît comme un test crucial pour la crédibilité du nouveau régime. Jean Liévin Idoundou Manfoumbi se retrouve ainsi propulsé au cœur d’un enjeu national : restaurer la confiance des Gabonais envers un service public essentiel.

L’homme qui affirmait que la SEEG lui avait «tout donné» est désormais en position de lui rendre la pareille. Les prochains mois diront si ce pari audacieux sur un enfant de la maison s’avérera payant pour redresser le navire SEEG et, par extension, pour améliorer le quotidien de millions de Gabonais.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Cela confirme le pragmatisme du CTRI. Mais enfin des domaines aussi techniques devraient être confiés à ceux qui ont fait carrière dans la chose et maitrisent de prêt les enjeux, au lieu des profils plus politiques. C’est valable pour les services publiques ou les fonctionnaires sont habitués à voir des gens venus de nulle part débarquer venir les commander sans écouter et respecter les avis et conseils d’expert qu’ils sont. Surtout dans un pays où les chefs ont tendance à penser qu’ils sont devenus plus experts que les experts parce que chef, il est mieux de nommer des chefs parmi ceux qui connaissent la structure et son fonctionnement et peuvent mettre la main dans la pate et non des politiciens dont le seul rôle est de signer des documents dont ils ne comprennent la porté et toucher des salaires faramineux indus.

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