Près d’un mois après avoir été renversé par un véhicule sur le boulevard de l’Indépendance à Libreville, un feu tricolore continue de fonctionner, couché au sol, sur l’un des axes les plus empruntés de la capitale, y compris par le cortège présidentiel. Devenue source de dérision sur les réseaux sociaux, cette situation illustre les défaillances du service après-vente du CNEE. Un cas d’école qui interroge sur l’efficacité des services publics dans l’entretien des infrastructures.

Le feu tricolore qui «régule le trafic aérien» à Jeanne Ebori (Louis, Libreville) © Facebook/Thierry.Valay

 

Dans la capitale gabonaise, l’absurde côtoie parfois la négligence administrative. À l’intersection de la descente de Louis et du boulevard de l’Indépendance communément appelé boulevard du bord de mer, un feu tricolore a été terrassé, aplati par un véhicule. Pointant désormais sa signalisation vers le ciel, il poursuit depuis près d’un mois sa mission avec une singulière obstination : réguler le trafic… céleste.

Une signalisation pour les drones au ciel ?

© Facebook/Thierry.Valay

L’histoire aurait pu prêter à sourire si elle ne se déroulait pas sur l’un des axes les plus sensibles de Libreville, régulièrement emprunté par le cortège du Chef de l’État, le Général Brice Oligui Nguéma. Cette infrastructure, vestige horizontal de la modernisation urbaine lancée en juin 2022, continue donc vaillamment d’accomplir ses cycles tricolores, dans une chorégraphie aussi absurde que révélatrice du dysfonctionnement des services publics.

Sur les réseaux sociaux, les Librevillois ont rapidement transformé cette défaillance en folklore urbain. «Depuis 3 semaines un feu tricolore pour les drones ?» s’amuse T.V. un internaute, tandis qu’un autre, A.L., évoque, non sans malice, «un dispositif pour les drones qui viennent à l’hôpital». L’humour, cette arme des citoyens face à l’incurie administrative, ne peut cependant masquer une réalité plus préoccupante.

L’inaction du Conseil national de l’eau et de l’électricité (CNEE) interroge. Comment expliquer qu’un équipement de sécurité routière, installé il y a moins de deux ans dans le cadre d’un ambitieux programme de modernisation de la signalisation routière urbaine, puisse être abandonné à son sort ?

Que dit la loi ?

La question est d’autant plus pertinente que le cadre légal est particulièrement strict en la matière. En effet, la Loi N° 13/2023 du 24 juillet 2023 relative au Domaine Routier National ne laisse place à aucune ambiguïté. Toute dégradation d’une dépendance du domaine public routier est passible d’une amende comprise entre 100.000 et 150.000 francs CFA, assortie d’une obligation de remise en état sous astreinte quotidienne de 500 francs. Un dispositif légal qui semble aussi horizontal que le feu tricolore en question. L’automobiliste auteur de cette situation a-t-il été juridiquement inquiété ? On n’ose croire qu’il évanoui dans la nature, son véhicule ayant dû avoir été gravement endommagé. Qu’a-t-il donc été fait depuis lors au niveau du CNEE ?

Au-delà de l’aspect sécuritaire, c’est l’image même de l’efficacité des services publics qui est en jeu. Dans une capitale qui aspire à la modernité, la persistance d’un tel dysfonctionnement sur un axe emprunté quotidiennement par les plus hautes autorités de l’État constitue un paradoxe difficilement justifiable.

L’urgence d’une intervention du CNEE n’est plus à démontrer. Il en va non seulement de la sécurité des usagers, mais aussi de la crédibilité d’une administration qui se doit d’être exemplaire, particulièrement sur les axes névralgiques de la capitale.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Encore de l’amateurisme sous la restauration des institutions et des valeurs.

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