Scandale au concours de la police nationale : les six officiers suspendus dans l’impasse
Suspendus et mis en résidence surveillée il y a plusieurs mois en raison de leur implication présumée dans des irrégularités lors du concours d’incorporation dans les Forces de police nationale, six officiers attendent toujours d’être réhabilités malgré une enquête les disculpant. Pourquoi ces fonctionnaires, pourtant blanchis, n’ont-ils pas encore retrouvé leur poste ? Retour sur une affaire où l’inaction des autorités soulève des questions.
Le 26 février dernier, une note officielle du Commandant en chef des Forces de Police nationale, le général de division Serge Hervé Ngoma, annonçait la suspension et la mise en résidence surveillée de six officiers pour une durée d’un mois. Les noms de ces officiers, parmi lesquels le lieutenant-colonel Guy Sylvain Meye M’Owono et cinq autres collègues, étaient associés à des «failles constatées lors de l’organisation du concours d’incorporation dans les Forces de Police nationale et à la divulgation de documents confidentiels via les réseaux sociaux». Ces accusations avaient secoué l’institution, alors en pleine tourmente face à une affaire de fuites qui remettait en question la transparence des concours de recrutement.
À la suite de cette suspension, les six officiers étaient placés sous l’autorité de l’inspection générale des Forces de Police nationale, chargée de mener une enquête disciplinaire. Sept mois plus tard, une situation d’attente persiste. Bien que les conclusions de l’enquête aient été rendues en faveur des officiers, ils n’ont toujours pas été réhabilités ou redéployés. Les documents prouvant leur innocence reposeraient depuis des mois sur les bureaux du ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, et du Commandant en chef, sans qu’aucune action concrète n’ait été prise.
Selon des sources proches du dossier, l’enquête administrative menée par l’inspecteur général des forces de police, le général de brigade Yves Guillaume Bevigna Pither, n’a trouvé aucun élément à charge contre les officiers. Ceux-ci n’étaient plus impliqués dans la gestion du concours depuis novembre de l’année précédente, bien avant que les irrégularités ne soient dévoilées. Quant à la fuite des documents sur les réseaux sociaux, il apparaît qu’elle aurait été orchestrée par des candidats recalés dans une tentative de dénonciation des fraudes constatées.
Dans une lettre datée du 30 septembre, le général de brigade Yves Guillaume Bevigna Pither écrivait au Commandant en chef pour recommander la réhabilitation des officiers. Il affirmait qu’après avoir examiné toutes les informations disponibles, «aucun élément incriminant ne subsiste» et qu’il était impératif de les réintégrer afin qu’ils puissent reprendre leurs activités dans des conditions sereines. Il suggérait même que des sanctions soient envisagées à l’encontre des véritables responsables, désormais identifiés et toujours en fonction au Commandement en chef.
Cependant, malgré ces recommandations, la situation reste figée. Le général Serge Hervé Ngoma, qui avait rapidement pointé du doigt ces officiers en février, semble aujourd’hui en difficulté pour rectifier ses accusations hâtives. L’absence de décision quant à la réhabilitation de ces officiers interroge sur les raisons d’une telle inaction, alors même que les véritables auteurs des dysfonctionnements sont connus.
Cette affaire, marquée par des décisions initiales précipitées et un silence prolongé des autorités, met en lumière un dysfonctionnement interne au sein des Forces de Police nationale. Elle suscite également des interrogations sur l’état de la gestion disciplinaire et administrative au plus haut niveau de l’institution.
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