Santé : des taux d’avortement clandestins préoccupant en Afrique
Le nombre d’avortements clandestins tend à progresser dans le monde, avec une très mauvaise posture du continent africain, selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Guttmacher Institute.
Le nombre d’avortements dans le monde ne diminue plus, l’adhésion à la contraception ne progresse plus non plus. Après une période de diminution considérable des avortements, le taux d’avortement mondial est au point mort, depuis plus de 5 ans, conclut une étude conjointement menée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Guttmacher Institute.
Le continent africain apparait, dans les conclusions publiées dans l’édition en ligne du 19 janvier dernier du magazine médical britannique « Lancet », comme le principal point noir : cette région ne rassemble que 17% de la population féminine du monde en développement en âge de procréer, mais représente la moitié de la mortalité imputable à l’avortement non médicalisé.
D’après les analyses de l’OMS, les complications imputables à l’avortement non médicalisé représentaient 13% des décès maternels en 2008. Cette mortalité se situe presque entièrement dans les pays en développement. Elle est 350 fois le taux associé à l’IVG légale aux États-Unis (0,6 pour cent mille).
L’Afrique représente la moitié de la mortalité imputable à l’avortement non médicalisé. Les femmes africaines et les femmes les plus pauvres ont le plus difficilement accès aux services de planification familiale, aux soins après avortement et sont donc les plus vulnérables. Sur 47 000 femmes décédées de suite d’avortements mal faits, 29 000 sont issues du continent africain.
Les auteurs soulignent le rôle des législations, ainsi, la sous-région d’Afrique australe, où près de 90% des femmes bénéficient de la législation libérale de l’Afrique du Sud, présente le taux d’IVG le plus faible d’Afrique (15/1.000).
Richard Horton, rédacteur en chef de la revue médicale britannique « Lancet » commente : «Cette étude établit clairement que si une femme est résolue à éviter une naissance, elle aura recours à l’avortement non médicalisé s’il s’agit là de sa seule option, quoi qu’en dise la loi. Tant que l’avortement non médicalisé ne sera pas reconnu tel un problème de santé publique en mal d’attention urgente, les femmes, les familles et les communautés continueront à souffrir de ses conséquences, y compris la mort et la maladie.»
L’interdiction de l’IVG par les gouvernements se révèle inefficace et même contre-productive, soulignent les auteurs. Il existe un fossé criant entre les comportements du Sud et ceux du Nord. Les pays en voie de développement concentrent 86 % des avortements en 2008, un chiffre en hausse continue. Le taux d’avortement dans ces pays s’élève à 29 ‰, contre 24 ‰ dans les pays industrialisés. Il culmine même à 38 ‰ dans l’est de l’Afrique et à 36 ‰ en Asie du Sud, tandis que l’Europe de l’Ouest affiche un taux de 12 ‰.
Le seul point positif est donc que l’Afrique australe fait figure d’exception avec le taux d’avortement le plus faible du continent : 15 pour 1.000 des femmes sont concernées. Ce qui s’explique, sans doute, par la législation libérale de l’Afrique du Sud.
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