RSE : Outil intéressant mais non essentiel ?

Pour valoriser la richesse intellectuelle de l’établissement, notamment ses enseignants-chercheurs, l’Institut universitaire et scientifique (IUSO), organise des conférences thématiques interactives, permettant d’élargir les échanges au-delà des salles de classe. Une axée sur la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et le respect de l’environnement a récemment focalisé les attentions. Les intervenants ont évoqué un enjeu pour les entreprises, mais pas une obligation absolue.

Instantané de l’échange avec les étudiants de l’IUSO. © GabonReview
Organisée par le Laboratoire de recherche en sciences de l’organisation (LARESO), cette conférence a réuni un enseignant-chercheur permanent de l’établissement, le Dr Gildas Bissielou, sociologue du travail et ingénieur QHSE, ainsi qu’un expert extérieur, Michael Moukouangui Moukala, journaliste spécialisé en environnement. Définissant la RSE comme étant l’engagement volontaire des entreprises à prendre en compte les besoins des parties prenantes et des communautés Gildas Bissielou a indiqué que la RSE n’est en aucun cas une obligation légale, mais une démarche volontaire des entreprises.
Prenant le cas de certaines entreprise installées au Gabon et parfois certifiées ISO 26000, une norme de référence pour la mise en œuvre de la RSE, ainsi que ISO 14001, qui concerne la gestion de l’environnement, il a souligné le fait qu’au de l’application de certains principes de la RSE en faveur des populations locales, les politiques mises en œuvre de la RSE par ces entreprises ne répondent pas toujours aux attentes des communautés. Il a dans sa démarche, exprimé des réserves sur la législation encadrant la RSE dans le pays estimant que rendre la RSE obligatoire reviendrait à transférer les responsabilités régaliennes de l’État aux entreprises.
Les limites de l’engagement des entreprises
Selon lui, si cette législation était mise en place, les entreprises, notamment les multinationales, pourraient exercer une pression considérable sur les États, modifiant ainsi l’équilibre des pouvoirs. Pour lui, seuls le respect des lois, le paiement des taxes, et la contribution au développement local par les collectivités sont essentiels. «Ce n’est pas à une entreprise de construire des routes ou des ponts, mais de respecter les lois et de contribuer financièrement à la société», a-t-il souligné. Michael Moukouangui a pour sa part, insisté sur les nombreux problèmes écologiques causés par les entreprises malgré leurs certifications.
Ce, regrettant le fait que certaines entreprises ne respectent pas toujours les normes de protection de l’environnement, ce qui fait souffrir les communautés locales de pollution, de dégradation de leurs terres et de pertes dans leur biodiversité. Il en veut pour preuve, «la destruction des lacs autour de la gare de Mouanda, qui étaient auparavant utilisés pour la pêche, mais qui sont désormais inutilisables en raison des activités». Dans sa démarche il a mis en lumière les conséquences sociales du déplacement des populations locales vers de nouvelles zones, sans tenir compte de leurs besoins environnementaux et culturels.
Dans sa volonté de valoriser son équipe scientifique et pédagogique, l’IUSO entend pérenniser cette initiative de conférences thématiques. Ce qui permettrait aux étudiants de découvrir de nouvelles façons d’accéder au savoir en dehors des salles de classe, en favorisant des échanges libres avec les experts.

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