L’agence de notation Fitch Ratings a réduit, le 26 juillet dernier, la note du Gabon. Un signe inquiétant pour l’économie du pays. Mais que signifie donc cette décision et quelles en sont les implications pour les Gabonais ? À l’usage des béotiens, GabonReview tente ici une explication des plus simples de cette note.

Le Gabon se trouve à la croisée des chemins : entre aspirations de développement et risque d’asphyxie financière. © GabonReview

 

Si le risque politique au Gabon a relativement diminué, avec la formation d’un gouvernement de transition et les élections prévues en 2025, un nouveau risque est apparu. Celui de liquidité, encore plus important comme risque. Les agences de notations le signifient depuis un moment. Suivant, en effet, l’exemple de Moody’s, l’agence de notation financière Fitch Ratings a abaissé la note des emprunts en devises du Gabon de «B-» à «CCC+», le vendredi 26 juillet.

Explication d’une note en baisse : le Gabon désormais à «CCC+»

Fitch Ratings a donc décidé d’abaisser la note du Gabon de «B-» à «CCC+». C’est comme si l’on passait d’un «peut mieux faire» à un «attention, danger». Cette nouvelle classification indique donc que le pays fait face à des risques croissants concernant sa capacité à rembourser ses dettes.

Mais pourquoi cette décision ? En premier lieu, des difficultés de trésorerie : le Gabon a du mal à trouver l’argent nécessaire pour financer ses activités et rembourser ses dettes. C’est comme si le pays avait du mal à «joindre les deux bouts» à la fin du mois.

En deuxième lieu, une envolée de la dette publique : la dette du gouvernement gabonais est en effet passée à 70,4% du PIB en 2023, dépassant le plafond régional de 70%. C’est comme si le pays avait emprunté plus que ce que ses voisins considèrent comme raisonnable.

Troisièmement, les dépenses en hausse : ainsi que cela transparait avec toutes les annonces des décideurs gabonais, le gouvernement de transition prévoit d’augmenter les dépenses publiques, notamment pour répondre aux besoins sociaux et d’infrastructure. Ce qui est naturellement louable, mais cela risque d’aggraver la situation financière du pays.

Enfin, quatrièmement, les remboursements importants à venir : le Gabon doit rembourser une obligation de 605 millions de dollars (environ 369,05 milliards de francs CFA) soit 2,6% environ de son PIB) en 2025. C’est, au demeurant, une grosse somme à trouver pour un pays déjà en difficulté financière.

Signification pour le Gabon et lueurs d’espoir

Cette situation rend plus difficile et plus coûteux pour le Gabon d’emprunter de l’argent. C’est comme si le pays avait une mauvaise cote de crédit : les prêteurs potentiels seront plus réticents ou demanderont des taux d’intérêt plus élevés.

Dans un tel contexte, Fitch Ratings prévoit que la dette publique du Gabon pourrait atteindre 79% du PIB d’ici à 2026, bien au-dessus de la moyenne de ses pairs. Un niveau préoccupant qui pourrait limiter la capacité du pays à investir dans son développement.

Malgré ces défis, il y a quelques points positifs. D’abord, la transition politique en cours : depuis le coup d’État militaire d’août 2023, un gouvernement de transition est en place, un dialogue national inclusif a été organisé et des élections sont prévues en août 2025. Toutes choses qui pourraient apporter plus de stabilité politique.

Ensuite, les ressources naturelles : le Gabon reste riche en pétrole, bois et manganèse, des atouts qui pourraient l’aider à se redresser s’ils sont bien gérés.

En troisième lieu, une croissance économique modeste : Fitch Ratings ne prévoit pas moins une croissance de 2,8% en 2024, principalement grâce aux secteurs non pétroliers.

En définitive, le Gabon traverse bien une période économique difficile. Aussi, les autorités devront-elles faire preuve de prudence dans la gestion des finances publiques et trouver un équilibre entre les besoins de développement du pays et la nécessité de maintenir une dette soutenable. L’avenir économique du Gabon dépendra donc en grande partie de sa capacité à diversifier son économie, à améliorer la gestion de ses ressources et à renforcer ses institutions.

 
GR
 

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