667 pages en version PDF largement distribué sur les réseaux sociaux au Gabon, mais que peu liront. «Ils savent que je sais tout : ma vie en Françafrique», le tout dernier livre de Robert Bourgi, figure emblématique des relations franco-africaines, ne contient pas de révélations si fracassantes sur le Gabon et la dynastie Bongo. Bien entendu, entre financements occultes et jeux de pouvoir, l’avocat franco-libanais y revient sur les coulisses d’un système bien rodé, offrant un peu plus de compréhension des mécanismes de la Françafrique. Les quelques passages concernant le Gabon dans ce livre.

Selon Robert Bourgi, bien longtemps avant même d’être candidat à la présidence, Ali Bongo avait été préparé à la fonction suprême par son père. © GabonReview (Montage)

 

Dans son tout récent ouvrage «Ils savent que je sais tout», Robert Bourgi, personnage aussi emblématique que controversé des coulisses de la Françafrique, entend lever le voile sur des pans méconnus de la relation intime entre la France et plusieurs États africains. Fidèle compagnon des présidents français et conseiller secret de nombreux chefs d’État africains, Bourgi partage des confidences sans détour. Parmi ses révélations, le Gabon et ses présidents, Omar et Ali Bongo, occupent une place de choix. Même si on n’y apprend rien de bien nouveau n’ayant déjà été révélé, GabonReview relaie quand même, à l’usage des novices et jeunes générations, les cinq points marquants concernant le Gabon et ses dirigeants, tels que relatés par Bourgi.

  1. Omar Bongo et le financement de la présidentielle française de 2002

Robert Bourgi aborde à nouveau une réalité souvent murmurée mais rarement confirmée : les financements occultes de campagnes électorales françaises par des chefs d’État africains. Lors de la présidentielle de 2002, Omar Bongo aurait versé 3 millions de dollars (environ 1,8 milliard de francs CFA) pour soutenir Jacques Chirac. Lors d’une réunion au secrétariat général de l’Élysée, en présence de Dominique de Villepin et Pascaline Bongo, ce montant aurait été remis discrètement. Bourgi écrit à ce sujet : «Nous étions au secrétariat général de l’Elysée. Omar Bongo était accompagné de Pascaline. Il y avait Jacques Chirac, Dominique de Villepin et moi-même. C’est l’époque où j’ai commencé à ressentir un vrai malaise par rapport à ces pratiques, surtout après la séquence des djembés». Cette description éclaire les liens étroits, voire financiers, qui existaient entre la classe politique française et des régimes africains, notamment celui d’Omar Bongo, devenu pour beaucoup l’incarnation de la Françafrique.

Cette révélation, bien que choquante, n’est guère une surprise pour les observateurs de longue date des relations franco-africaines. Elle confirme l’influence considérable que Bongo exerçait non seulement au Gabon, mais aussi dans les arcanes du pouvoir français.

  1. Ali Bongo, préparé à la succession

Avant même d’être candidat à la présidence, Ali Bongo avait été préparé à la fonction suprême par son père. «J’ai commencé à le « coacher » en juin 2008, à la demande de son père. Il tenait à ce que Nicolas Sarkozy le reçoive à l’Élysée ce qui, dans un premier temps, n’a pu se faire. Il a pu néanmoins s’entretenir avec Claude Guéant à l’occasion d’un petit-déjeuner au Bristol.» Il reste q’Ali Bongo était nommé ministre de la Défense dès 1999.

Orchestrée par Omar Bongo, la formation d’Ali Bongo démontre l’importance que ce dernier accordait à sa dynastie politique. Malgré les critiques de ses adversaires, le fils d’Omar s’est progressivement construit un réseau d’influence à l’international, sous la bienveillance de son père et de figures comme Robert Bourgi.

  1. La gestion brutale de l’après-présidentielle de 2016

Les élections présidentielles de 2016 auront résolument marqué un tournant dans l’histoire politique du Gabon. C’est connu et ressassé : Ali Bongo, contesté par une partie de la population et l’opposition alors dirigée par Jean Ping, a réagi avec une violence sans précédent. Bourgi souligne qui a été écrit à ce sujet : «La violence avec laquelle Bongo-fils a géré l’après-présidentielle de 2016 m’a donné raison dans mes prises de distances. Il a quand même fait bombarder la résidence de Jean Ping, un acte sans précédent dans ce pays

Contrastant avec la gouvernance plus modérée de son père Omar, cette lapalissade ne reste pas moins saisissante en ce qu’elle dresse un portrait sombre de la présidence d’Ali Bongo, marquée par une militarisation et une radicalité croissantes.

  1. Un régime de plus en plus autoritaire

Pour Bourgi, Ali Bongo s’est enfermé dans une dérive autoritaire. Là où Omar Bongo savait maintenir un équilibre fragile entre redistribution des richesses et maintien de la paix sociale, son fils a opté pour un régime plus centralisé et autoritaire. S’étant éloigné de la finesse politique de son père, selon Bourgi, avec Ali Bongo «ce fut le césarisme, l’omnipotence, le totalitarisme ».

Le jugement sévère de Bourgi envers Bongo-fils n’est en réalité qu’un écho des critiques formulées par de nombreux observateurs de la scène gabonaise. La comparaison entre Omar et Ali Bongo ne souligne pas moins la rupture dans le style de gouvernance, et peut expliquer en partie les difficultés rencontrées par Ali pour stabiliser son pouvoir.

  1. La chute d’Ali Bongo : un coup d’État attendu

En août 2023, Ali Bongo est renversé par le coup d’État d’Oligui Nguema. Pour Bourgi, cette déchéance n’était pas surprenante : «Pas du tout puisque j’ai toujours affirmé dans la presse que son régime allait mal finir au regard de sa radicalité. On peut reprocher ce qu’on veut à Omar Bongo, mais son système garantissait la paix sociale. Il redistribuait et connaissait son pays comme personne. Pas un seul écho du moindre village de la moindre province gabonaise ne lui échappait». Ali, lui, aurait perdu cette maîtrise, menant à sa chute.

Prédite par Bourgi ? La chute d’Ali Bongo bien que prévisible pour certains, témoigne en tout cas de l’échec d’un régime à s’adapter aux nouvelles réalités politiques et sociales du pays.

Au final, le livre de Robert Bourgi ne dit rien de bien nouveau sur les rouages des relations franco-gabonaises. Il dresse un petit portrait contrasté des deux présidents Bongo. Omar, fin stratège et gestionnaire, et Ali, leader autoritaire ayant finalement succombé aux démons de la politique gabonaise.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Aubame Eyi dit :

    Pourquoi ces gens viennent-ils toujours dire ce qui s’est passé…après?

  2. ACTU dit :

    Pour ce qu ils ont fait contre le Gabon Omar Bongo, Ali Bongo meritent d etre poursuivi et dechu a titre postume de leur nationalite Gabonaise

    Qt au Syro-Libanais auteur de ce ramassi erriged en ouvrage, sa place comme Sarkozy est en prison.

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