Arrêtés pour avoir appelé à la mobilisation du plus grand nombre en vue de la contestation de certaines mesures gouvernementales qu’ils jugent «suicidaires», plusieurs jeunes leaders d’opinion sont actuellement en garde à vue à Libreville. SOS Prisonniers Gabon invite les autorités et particulièrement le procureur de la République à garantir et à veiller au respect de leurs droits, conformément aux instruments internationaux dont le pays est signataire.

Philippe Arsène Owono, un des promoteurs de la « Révolution des casseroles », serait actuellement en garde à vue à Libreville. © Facebook personnel

 

Ces derniers jours à Libreville comme à l’intérieur du Gabon, de jeunes leaders d’opinion ont été mis aux arrêts. Leur tort : avoir pris part, voire incité les populations à se mobiliser autour de la «Révoution des casseroles», le mouvement de contestation des mesures gouvernementales contre le Covid-19 lancé le 17 février dernier dans plusieurs localités du pays. Certains d’entre eux, à l’instar de Gaël Koumba Ayouné (le Général des Mapanes), Hervé Linga et Philippe Arsène Owono seraient actuellement en gardés à vue au «B2». Aucune autorité n’a encore confirmé ou infirmé leur arrestation. Qu’à cela ne tienne, l’association SOS Prisonniers Gabon s’inquiète déjà des conditions de leur détention.

Dans un communiqué de presse parvenu à Gabonreview, Lionel Ella Engonga, président de ladite association, invite les autorités judiciaires, et particulièrement le procureur de la République, à «veiller scrupuleusement aux respects des dispositions des articles 56, 57, 58 et suivants du Code de procédure pénale gabonais, car la garde à vue ne peut excéder 48 heures et peut être prorogée de 48 heures de plus sur autorisation du procureur». Par ailleurs, il ne manque pas de rappeler que, «pendant toute la durée de la garde à vue, il est fait obligation d’entretenir la personne en parfait état de nutrition et d’hygiène», de respecter son droit de s’entretenir avec un avocat pour connaître le motif de son arrestation, tout comme la personne gardée à vue a droit à un examen médical pour juger de l’aptitude de celle-ci à poursuivre ou non la garde à vue, comme le précise l’article 60 du même code.

«La manifestation pacifique est un droit»

Tout en exprimant sa solidarité et son soutien à Philippe Arsène Owono et aux autres jeunes leaders d’opinion en garde à vue, SOS Prisonniers Gabon «condamne cette vague d’arrestations qui n’honore pas notre pays et exige l’arrêt des persécutions judiciaires et la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées suite au « mouvement des casseroles »».

Son président rappelle par ailleurs aux autorités judiciaires que «la manifestation pacifique est un droit inaliénable» garanti par la Déclaration universelle des droits de l’homme et bien d’autres instruments internationaux dont le pays est signataire. «Nul ne peut être arrêté pour ses opinions, fussent-elles en contradiction avec le pouvoir», indique Lionel Ella Engonga qui ne manque pas d’inviter le gouvernement à «lever ou du moins assouplir les mesures de confinement, et surtout l’interdiction des visites en prison pour les proches et les avocats».

 
GR
 

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