Élaboré en catimini, accordant une place de choix au ministre de la Défense, le projet du gouvernement est de nature à accroître la défiance populaire à l’égard de la classe dirigeante.

En intégrant tous les artifices jadis utilisés par la Cour constitutionnelle, en recyclant une recette de la période du parti unique, l’exécutif a jeté le doute sur la pertinence de son projet et la sincérité de ses motivations. © Gabonreview/Shutterstock

 

En initiant une nouvelle révision constitutionnelle, l’exécutif œuvre-t-il à l’enracinement de la démocratie et de l’État de droit ? Contribue-t-il à solidifier l’édifice juridico-institutionnel ? Travaille-t-il au raffermissement des liens sociaux ? En dehors de ses zélateurs patentés, nul ne peut l’affirmer. Hormis les militants aveuglés par des considérations partisanes, personne ne peut le prétendre. Bien au contraire, tout observateur a des raisons de s’interroger sur la solidité de nos institutions. Après tout, pour la deuxième fois en deux ans et la troisième en 11 ans, Ali Bongo est en passe de retoucher la Loi fondamentale, sans débat national ni concertation avec les forces sociales. Comme toujours, la logique du fait accompli prévaut. Comme les précédentes fois, on peut s’attendre à un passage en force.

Tirer des leçons du passé 

Depuis l’accession d’Ali Bongo à la magistrature suprême, de nombreuses voix n’ont eu cesse de s’élever contre cette tendance à légiférer en opportunité, pointant les risques d’une déstructuration de l’appareil d’État. Depuis octobre 2018 et le déclenchement de ses ennuis de santé, elles n’ont raté aucune occasion pour dénoncer cette propension à triturer la Constitution au gré d’intérêts partisans et privés, mettant en garde contre l’instabilité institutionnelle. Peine perdue. Année après année, l’exécutif s’évertue à cadenasser le jeu politique, quitte à aller à l’encontre de principes contenus dans le bloc de constitutionnalité. Événement après événement, il s’efforce de créer les conditions de la perpétuation du système, au risque de gripper la machine étatique.

Pourtant, l’histoire récente a montré combien cette volonté de verrouillage pouvait se révéler handicapante. On l’a vu avec la prestation de serment des ministres, devenue une contrainte de trop au plus fort des ennuis de santé d’Ali Bongo. On l’a expérimenté avec la toute-puissance de Brice Laccruche-Alihanga et les dérapages de l’Association des jeunes émergents volontaires (Ajev). Actuel pensionnaire du pénitencier de Sans-Famille, l’ancien directeur de cabinet aurait-il pu en imposer autant si les pouvoirs du Premier ministre n’avaient pas été réduits ? Aurait-il pu placer ses copains et coquins si le chef du gouvernement partageait encore le pouvoir exécutif avec le président de la République ? Les outrances de l’Ajev ne sont-elles pas aussi la conséquence de la révision constitutionnelle de janvier 2018 ? Ne faut-il pas tirer des leçons du passé ?

Défiance populaire

Pour l’heure, l’exécutif semble poursuivre des desseins politiciens. S’il justifie son initiative par la nécessité «d’éviter (….) (au pays) (…)  de s’exposer à  l’éventualité d’une interruption de la continuité de  l’État», l’usage de la notion d’«indisponibilité temporaire» parait suspect. Et pour cause : introduite par la Cour constitutionnelle à travers sa décision n° 219 du 14 novembre 2018, elle était jusque-là inconnue de notre droit. Mieux, même si «l’empêchement provisoire» ne figure pas dans notre Constitution, l’analyse de l’article 14d et de l’alinéa 2 de l’article 16 permet de régler la question de la «suppléance», par délégation ou par habilitation. Ces dispositions ne sont-elles pas suffisantes ? Ne permettent-elles pas de contourner d’éventuels blocages ? En France, une disposition similaire a été utilisée à plusieurs reprises pour assurer la continuité de l’État, notamment en 2005 quand Jacques Chirac fut frappé par un «malaise vagal.» Le Gabon serait-il condamné à réinventer la roue ? En quoi la mise en place d’un triumvirat permet-elle de mieux gérer l’intérim du président de la République ? N’est-ce pas plutôt la porte ouverte à des luttes d’influence et, partant, à une paralysie du système ?

En intégrant tous les artifices jadis utilisés par la Cour constitutionnelle, en recyclant une recette de la période du parti unique, l’exécutif a jeté le doute sur la pertinence de son projet et la sincérité de ses motivations. Il dit vouloir garantir «la continuité de l’État» ? Il crée les conditions d’un affaiblissement du chef du gouvernement en élevant un ministre au rang d’intérimaire du président de la République. N’en déplaise au secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG), ce projet de révision constitutionnelle ne fait pas du Gabon une «démocratie moderne». Élaboré en catimini, accordant une place de choix au ministre de la Défense, il est l’expression d’une volonté de conserver le pouvoir, y compris par le recours à la force. S’il venait à être adopté, il accroîtrait la défiance populaire à l’égard de la classe dirigeante. En mathématiques, on l’aurait baptisé «plus grand commun diviseur

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GR
 

9 Commentaires

  1. Justine dit :

    Je suis de la famille de Sylvia Bongo, et je ne cautionne nullement ce qu’elle est en train de faire au Gabon, un pays qui l’a pourtant tout donné. C’est bien triste ce qu’elle fait avec le soutien de français et de marocains.

    Au passage, Ali Bongo est mort. On vous ment depuis 2018. Et je peux accepter que tu prépares ton analphabète de fils de Nourredine à la gestion d’un pays, lui qui n’arrive même pas à gérer un restaurant.

    Un conseil Sylvia, laisse tomber ton plan machiavélique. Ça ne marchera pas. Tu bas raté l’occasion de te faire aimer du peuple gabonais.

  2. SERGE MAKAYA dit :

    QUI POUSSE CETTE FAMILLE BONGO-VALENTIN A VOULOIR A TOUT PRIX S’ACCROCHER AU POUVOIR ? Réponse : le Quai d’Orsay. Vous n’allez pas voir le Quai d’Orsay réagir au tripatouillage de la Constitution par le clan Bongo-Valentin. Parce que ce sont sont leurs valets. CQFD

  3. Maroga Guy dit :

    c’est loi du plus fort!!! La loi de celui qui détient les moyens régaliens de l’Etat.
    Cette hérésie nous conduira inexorablement vers une crise sociale…il est désormais acquis que un changement de pouvoir ne se fera que par la force.

    On ne peut pas construire une nation juste et prospère avec cette barbarie. Si cette arrogance ne cesse pas, si le peuple continue à être martyrisé moralement et de plus en plus physiquement, Ça finira par péter; c’est juste une affaire de temps!!!

    C’est l’occasion de louer la patience de ceux qui, à un moment ou depuis toujours , se sont opposés à ce pouvoir sans recourir aux armes (ou c’est juste qu’ils n’en ont pas les moyens !!!).

    Mais toute patience a des limites…surtout quand la confiscation du pouvoir ne bénéficie pas au plus grand nombre, au peuple souverain….c’est inexorable,ça finira par toucher le fond et exacerber.
    Les ressources du Gabon (notamment minière) ne sont pas inépuisables, elle se rarifie de plus en plus …et donc pour maintenir son train de vie, le pouvoir va progressivement accroître la pression fiscale sur les administrés. Accaparement du pouvoir + pression fiscale >>>>déstructuration de ce qui semble être encore une nation. Wait & see !!!

  4. diogene dit :

    Et l’impunité du chef de l’état ?
    Déjà qu’elle me semble louche durant l’exercice du pouvoir (héritage du droit divin); elle est très inquiétante lorsque elle s’inscrit dans l’éternité !

    Cette constitution n’est qu’un jouet pour les enfants gâtés de la Ripoublique du Gabongo !

  5. Lavue dit :

    Le clan BONGO détenteur du pouvoir porte et portera une grande responsabilité sur le devenir du Gabon, ça c’est clair et évident. Mais n’oublions pas que c’est la machine PDG qui a soutenu et cautionné l’avènement de quelqu’un reconnu comme incompétent, sans véritable niveau intellectuel, sans aucun solide bagage culturel gabonais, et de surcroit très affairiste, à la tête du pays. Le PDG cette invention de papa OMAR à la fin des années 60, ne pas être aujourd’hui l’outil qui mènera le pays vers le développement, il est dépassé et inadapté.
    Les PDgistes, nos parents parents PDGistes sont plus dangereux que la famille BONGO. Qui compose l’Assemblée Nationale, qui compose le SENAT, qui compose le cour constitutionnelle? les PDGistes, nourris aux petits soins.
    Ces opportunistes, payés gracieusement au frais du contribuable gabonais n’ont jamais défendu de manière sérieuse et responsable les intérêts du peuple qu’ils sont sensés représenter au sein des ces institutions. Tous de petites gens, sans envergure politique et simplement attirés par les miettes qui leur sont distribuées grâce à la rente à laquelle est perfusionnée l’économie gabonaise.

    Tant que le PDG, ce parti secte ne sera pas détruit, rien n’y changera. Beaucoup de compatriotes ne veulent pas imaginer le scénario d’un NOURREDINE BONGO- VALENTIN à la tête du pays quand ALI se retirera (car ça viendra bientôt). Mais le si le PDG, dont chacun de nous a au moins un parent qui en fait partie, soutient et appuie sans discernement la candidature ou l’imposture de NOURREDINE, vous verrez qu’il deviendra Président sans problème. La responsabilité de ce dessein impensable, s’il se réalisait incombera directement au PDG et non à la Famille BONGO. Ne perdez pas ça de vue. Il faut montrer et rappeler à nos parents membres du PDG, à tous les niveaux: familial, associatif, etc. qu’ils sont responsables de la déliquescence dans laquelle s’enfonce le pays.
    Pour que la France laisse tomber les BONGO-VALENTIN, il faut qu’en interne ces derniers soient d’abord lâchés. La France suite le mouvement du « vent ». Elle n’a que des intérêts, elle n’a pas de raison d’aimer particulièrement la famille BONGO.

    Les PDGistes sont les premiers bourreaux du Gabon, faut pas l’oublier.

    • Serge Makaya dit :

      Bonjour « Lavue »! Vous écrivez que « la France suit le mouvement dy vent », elle n’a que des intérêts, etc. Mais qui a placé les Bongo au pouvoir au Gabon ? Est-ce le peuple ou la France ? Ce pays de CACAS qu’est la France NIYS impose ses valets et n’est pas capable de venir elle même récupérer sa MERDE ? A Ntare Nzame!! Jusqu’à quand elle va continuer à jouer si hypocrisie avec l’Afrique ? Les Bongo ont toujours perdus les élections présidentielles au Gabon. Et le Quai d’Orsay à toujours TOUT fait pour maintenir cette pourriture de famille à la tête du pays.

      On ne peut plus continuer à vivre avec des gens aussi hypocrites et racistes que les français. Qu’ils aillent se faire FOUTRE. A Ntare Nzame!!

  6. Lavue dit :

    Serge MAKAYA soit tranquille, le Quai d’Orsay que tu dénonces ne changera pas sa façon de faire, tant qu’il y aura un serviteur des intérêts français en place ( Leon MBA a été serviteur, il a même refusé que le Gabon soit Indépendant, préférant que nous restions un Département Français, BONGO Omar a été pendant longtemps un bon serviteur et je ne pense qu’il sera difficile à la France d’en trouver d’autres au Gabon . Mais les temps ont quelque peu changé, les opinions sont plus entendus qu’il ya 50 ans . Alors que font les PDGistes à chaque crise majeure? Ils se comportent comme dans une secte, ne prennent pas position, très très peu qui quittent le bateau. Et pourquoi ne quittent-ils pas le bateau et laisser ALI gagner seul? En interne le PDG apparaît comme le soutien réel et premier du système BONGO. Ca fait bien sûr les affaires de la France bien sûr. La France ne n’imposera pas à chaque fois un homme abandonné, renié par les siens sur le plan politique. Au Gabon qu’on le veuille ou pas beaucoup profitent du régime PDG et ne franchissent pas le pas de dénoncer ses dérives. Le mal est là.

    Ce qui compte pour demain c’est bien évidemment comment faire pour tenir la France loin de nos affaires.
    Moi je voudrais clairement attirer l’attention sur la responsabilité interne que portent les PDGistes dans le déraillement encours du pays. Ces gens qui profitent du système ne peuvent pas continuellement se cacher derrière les BONGO.

    • Julien N'goua dit :

      Que le Burkina Faso nous serve d’exemple. Les français voulait remettre Blaise Compaore aux affaires. Ils n’ont pas réussi ce coup grâce à volonté des dirigeants actuels du pays qui ont compris l’hypocrisie française.

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