Ne pas motiver ses décisions en s’abritant derrière l’article 92 de la Constitution ne revient pas à faciliter leur compréhension et leur application, mais à promouvoir l’idée de connivence institutionnelle. La Cour constitutionnelle devrait le comprendre et se résoudre à s’expliquer.

© Le Figaro

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Le débat sur la tenue à date des législatives n’a pas eu lieu. Il a été escamoté par l’aphonie volontaire de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) et de l’ensemble des institutions en charge des élections. Au final, il a été étouffé par un invariant de la vie politique national : la connivence institutionnelle. En décidant, à la hussarde, du report de ces élections pour juillet prochain, la Cour constitutionnelle a ravivé un autre débat: celui sur son mandat réel.
Régulièrement mise en cause, accusée d’être un écueil majeur à la démocratisation du pays, cette institution est regardée de travers par une bonne partie de l’opinion. Une fois encore, elle n’a nullement déjoué les pronostics. De manière fort brillante, sa dernière décision vient conforter le point de vue de ses détracteurs. Comme annoncé par la rumeur, elle a décidé de reporter les législatives après la Coupe d’Afrique des nations (Can). Conformément aux pronostics entendus dans tous les bistrots du pays, elle a prorogé la législature actuelle de six mois, les plaçant même «au plus tard en juillet 2017», c’est-à-dire à l’orée des vacances scolaires, période propice à la transhumance électorale. Or, par la bande, l’opinion était déjà informée de la tenue des législatives en juin prochain. Indubitablement, la décision de la Cour constitutionnelle apporte de l’eau au moulin des sceptiques, conforte la position des tenants de la défiance institutionnelle.
Arguments spécieux
Pour justifier sa décision, la Cour constitutionnelle a avancé des arguments spécieux. Elle a argué des «difficultés financières ainsi que (de) la prise en charge, dans l’urgence, des dépenses imprévues consécutives aux violences enregistrées à l’issue de l’élection du président de la République du 27 août 2016». Seulement, les législatives sont une échéance constitutionnelle. Elles sont prévues cinq ans à l’avance et budgétisées. Leur inscription dans la loi de finances se fait conformément aux principes d’annualité, de sincérité et de spécialité. Pourquoi une dépense prévue et à laquelle des recettes sont affectées doit être exécutée en juin/juillet et pas en janvier/février ? Du fait «des dépenses consécutives aux violences enregistrées à l’issue de l’élection du 27 août 2016» ? En raison des tensions de trésorerie ? Soit ! Mais gouverner c’est prévoir. Mieux, il existe des instruments financiers pour faire face à ce type de situation. Pourquoi ne pas contraindre le gouvernement à un redéploiement budgétaire ?
La Cour constitutionnelle devrait répondre à ces interrogations. Elle devrait dire quand a-t-elle été saisie par le gouvernement et pourquoi cette saisine s’est-elle faite dans la confidentialité. Elle serait plus crédible en brandissant le rapport de l’évaluation financière des émeutes post-électorales. Elle serait plus audible si elle motivait sa décision en indiquant quand a-t-elle auditionné les ministres en charge des finances, des infrastructures, de l’économie et de l’intérieur. Sans ces éclaircissements, en absence de réponses à ces questions, sa décision sera perçue comme une bouée de sauvetage pour la majorité. L’opinion publique aurait alors beau jeu de dénoncer une nouvelle entourloupe de la «Tour de Pise». Par voie de conséquence, une éventuelle victoire de la majorité aux prochaines législatives serait vécue comme la résultante d’une connivence institutionnelle.

Évaluation du contexte

Les juges constitutionnels ont-ils procédé à une évaluation du contexte politique et sociologique avant de rendre leur décision ? Ont-ils pris en compte le discrédit populaire dont souffre leur institution ? Ont-ils appliqué les règles et procédures valables en pareille circonstance ? En l’état actuel des choses, rien ne permet de l’affirmer. Tout milite plutôt pour une lecture orientée, politique, voire politicienne des événements. Si des preuves irréfutables attestent du respect des procédures, la décision de la Cour constitutionnelle pourrait être tenue pour claire et conforme. Si l’existence d’un authentique «cas de force majeur» est objectivement vérifié, elle deviendrait intelligible et recevable. Autrement, elle suscitera encore et toujours des interrogations voire la controverse.
La Cour constitutionnelle se prêtera-t-elle à l’exigence d’explication si ce n’est de reddition de comptes ? Nul ne le croit. On la voit même déjà brandir son arme ultime, celle au nom de laquelle elle s’autorise tout : l’article 92 de la Constitution. Non seulement l’inexistence des voies de recours lui donne des ailes mais en plus, elle est certaine d’imposer sa décision. Son attitude peut être interprétée comme l’expression d’un désir de dicter sa loi et non d’une volonté de dire le droit. Jamais, elle n’a accepté de se justifier ou reconnu s’être trompée. Or, au-delà de l’interprétation littérale des textes, ses décisions doivent être comprises et acceptées par tous. La compréhension d’une décision contribue toujours à en faciliter l’application. Les juges constitutionnels doivent le savoir. Même s’ils ont tendance à agir au gré de leurs intérêts, ils sont théoriquement au service de l’intérêt général. En principe, ils agissent au nom du peuple.

Rendre justice et se rendre justice

Motiver sa décision ne retirerait rien à l’extravagant pouvoir de la Cour constitutionnelle. Ne pouvant empêcher le report des législatives, cette entreprise aurait simplement le mérite de la soumettre à une exigence démocratique élémentaire : la transparence. Au-delà, elle rendrait ce report légitime. Il en découlerait même une compréhension partagée, propédeutique à la restauration de l’image de la haute juridiction. Malheureusement, cette urgence semble bien éloignée des préoccupations de ses membres. À leurs yeux, le simple fait d’avoir rendu une décision suffit à clore tout débat. À aucun moment, ils ne se sentent en devoir de s’expliquer, se justifier ou rendre des comptes au peuple souverain. Inconsciemment, ils assimilent la loi au droit. Mécaniquement, ils confondent le pouvoir de rendre justice au pouvoir de se rendre justice. Est-ce bien constitutionnel ?
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. gabonais dit :

    Même après avoir vomis par les populations et tués plusieurs pour se maintenir au pouvoir, les Bongos et les pédigistes n’ont pas changé leur manière de gouverné, violation et mépris de la loi. L’absence de recherche de légitimité et de légalité de leurs pratiques et décisions discrédite toujours à jamais leurs institutions familiales et fragilise la stabilité du pays. Et c’est avec des hommes pareil qu’on veut dialoguer. Un homme qui est né méchant, de mauvaise foi et sans principe, qu’est ce qui peut encore changer Ali et Mado à leurs âge? Le dialogue ne consistera qu’à les maintenir au pouvoir et non à offrir au Gabon des perspectives plus fiable par une gouvernance soucieuse de la légalité et de la légitimité démocratique.

  2. Airborne dit :

    Je crois qu’il est temps de mettre ces gens hors d’etat de nuire le Gabon, car nous entrons dans ce siecle à reculons avec ces nouveaux gouvernants qui perdent les reperes de la democratie, et ces peuple qui en patie.

  3. diogene dit :

    Sur de la terreur qu’il inspire ce régime installe son pouvoir sans partage.
    Il voudrait sans doute, un bain de sang pour clore le chapitre démocratique, un retour au parti unique…
    Le règne de la brutalité idiote se renforce.
    La haine qu’il déchaine s’intensifie, se cristallise.
    La confrontation est elle inévitable?

  4. Faustino Nzue Ondo dit :

    Roxanne, que de temps perdu ?! Que de talent gâché ?
    Posez leurs la seule question qui vaille :
    Combien chaque membre de la Cour Constitutionnelle a-t-il touché pour endosser cette énième violation de la souveraineté du peuple Gabonais !?
    Pitié ! Pitié pitié !

  5. TCHE GOREMA dit :

    Ali et sa C.C vous demontrent qu’il n’y a plus de loi ou de droit qui tiennent au Gabon dans leur dictature ils n’ont pas de comptes à rendre à personne/Vous croyez que si sa femme Sylvia Bongo veut aujourd’hui un Jet (‘Avion)privé plus performant que les deux dont elle dispose,il aura besoin de vous consulter? Ne revez plus ,pauvres idiots/Une chose est sure,les Gabonais sont malades , envoutés/ Voyez comment Ali se fout de ces psedo politiciens/Il lui suffit de declarer » »Dialogue »Legislative » Les voilà comme une meute de chiens affamés se jettent sur des os/ Et comme pour se foutre d’eux,il declare encore « Attendez ,je vais d’abord finir avec ma CAN de foot:les voilà encore les mains sur la tete « A tara nzame ,agnambiè /on a des obligations ,on est foutu oh oh oh/ L’in’Action est vetement plus grand que le corps qui le porte///

  6. CONSCIENCE NATIONNALE dit :

    C’est vrais « TCHE GOREMA » , L’in’action est un vetement plus grand que le corps qui le porte et ça met mal à l’aise qui le porte,c’est le cas du peuple Gabonais aujourd’hui/Heureusement y a une « JEUNESSE EN JAUNE » en train de sillonner le pays,entrain de braver les hivers à travers le monde pour liberer leur ¨Pays ,oui c’est avec eux que la Seconde République se construira aux cotés de leaders loyaux.

  7. Georges ongali dit :

    Vous ne connaîtrez jamais la stratégie, la technique et le jour du départ de ce Mr. Gardez votre calme et sachez que tout partira de son bongoville natale dont il ne connait pas les noms des deux seuls villages qui font le département de la ndjouori agnili. Ali n’a personne derrière lui capable de supporter le bruit assourdissant de l’éclatement de trois roquettes ou la musique AA52. Laissez les boeufs courirent. Nous sommes sur de notre stratégie. Les chefs militaires actuels de G2 ne sont que des bouffes cadeau. Nous avons fait le tour, il n’ya plus un seul capable de donner clairement un ordre de bataille. Depuis l’extérieur ou je suis nous avons fait le point. Les portes sont ouverte. Je vous le rassure, soyons tjrs unis, la transition est en marche. Elle partira de G2. Nous faisons quelques petits réglages de là où sommes. Bientôt les magistrats feront tranquillement leur travail. Merci et bonne lecture.

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