Remaniement ministériel : Du sens et de la portée
De huit mois sous Ali Bongo, la durée de vie moyenne d’un gouvernement n’a manifestement pas été allongée. Si on jugera sur pièces, on cherche encore à comprendre.
Annoncé et attendu de longue date, le remaniement ministériel est finalement intervenu le 15 janvier courant. Mais, eu égard à l’architecture du nouveau gouvernement et au regard de sa composition, on cerne mal la portée et l’intérêt de ce jeu de chaises musicales. Répond-il à l’esprit du 30 août ? S’inscrit-il dans la continuité du Dialogue national inclusif (DNI) d’avril 2024 ? Fait-il écho au référendum constitutionnel de novembre dernier ? On ne saurait trancher. Pis, si on a comme l’impression d’une opération à visée électoraliste, décidée à la va-vite, on a aussi le sentiment de retomber dans l’instabilité institutionnelle caractéristique du régime déchu : de huit mois sous Ali Bongo, la durée de vie moyenne d’un gouvernement n’a manifestement pas été allongée. Comme si la valse des ministres était gage de vitalité démocratique ou de bonne gouvernance. Comme si la nomenclature gouvernementale ne disait rien des priorités et de l’orientation des politiques publiques.
Questions
Pourtant, bien avant l’avènement du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), nombre d’observateurs l’avaient souligné : en changeant les gouvernements à un rythme effréné, on crée les conditions de l’instabilité tout en annihilant toute possibilité d’action. Le récent remaniement ministériel corrobore cette analyse. A maints égards, il apparaît comme un aveu d’échec. En changeant le titulaire du portefeuille de l’Économie, les deux principales têtes de l’exécutif ont implicitement admis n’avoir pas su impulser des «réformes majeures» au plan économique. En le remplaçant par un novice, quasiment étranger à la sphère politico-administrative, ils ont laissé le sentiment d’être en manque de personnel. En rattachant la direction générale de la Dette au ministère des Comptes publics, ils ont remis en cause le montage institutionnel en vigueur jusque-là. Était-ce l’objectif ? Pourquoi n’avoir pas reconfiguré les ministères financiers dès après le 30 août 2023 ? Pourquoi s’être accommodé d’une architecture pourtant contestée ?
Même si elles peuvent paraître superflues, ces questions valent leur pesant d’or. Surtout, depuis le retour d’un ministère en charge de la Planification et de la prospective. Ne fallait-il pas profiter du dernier remaniement pour revenir à une configuration plus classique, longtemps en vigueur, c’est-à-dire à un ministère de l’Économie et des Finances, en sus de celui déjà occupé par Alexandre Barro Chambrier ? Pourquoi avoir maintenu trois ministères financiers ? Dans un souci de rationalisation, de clarification des compétences et d’efficacité, il n’aurait pas été inutile d’y réfléchir. De même, il aurait certainement été utile de s’interroger sur les interactions entre différents départements. Fallait-il détacher la pêche ? Ne fallait-il pas la rattacher aux Eaux et forêts ou à l’Agriculture ? La même interrogation vaut pour l’Industrie, la Formation professionnelle et la Protection de l’enfance, respectivement appelés à interagir avec l’Économie, le Travail et la Justice.
Chamboulement de l’ordre protocolaire
Marqué, entre autres, par l’élévation de deux de ses membres au rang de ministres d’Etat, ce remaniement s’est soldé par un chamboulement de l’ordre protocolaire. Numéro 2 dans le tout premier gouvernement de l’ère CTRI, Murielle Minkoué Mintsa se retrouve en cinquième position. Si la nomination d’Alexandre Barro Chambrier comme vice-Premier ministre pouvait expliquer son passage au troisième rang, son nouveau positionnement s’explique difficilement. La restauration des institutions n’est-elle plus la première des priorités ? Ou doit-on y voir un désaveu de sa personne et de son travail ? On ne saurait le croire, la Constitution rédigée par une commission présidée par ses soins ayant été plébiscitée lors du référendum. Mieux, en ce moment même, le Code électoral élaboré sous sa direction est en discussion au Parlement. Comment le comprendre alors ? Surtout, comment justifier la promotion de la ministre de l’Éducation nationale quand on connaît l’état de ce secteur ? Mystère et boule de gomme…
Au regard du déroulement de la Transition, le sens de ce remaniement reste à trouver : sur les neuf entrants, un seul avait jusque-là joué un quelconque rôle. Comme si les événements ne s’enchainaient pas, comme s’ils n’avaient aucune répercussion sur la suite, ni les principaux animateurs du DNI ni les artisans de la campagne référendaire n’ont été jugés dignes de rejoindre l’équipe gouvernementale. En revanche, il a été fait appel à des personnalités aux états de service inconnus ou vierges de tout engagement politique et civique. On jugera sur pièces, mais on cherche encore à comprendre.
3 Commentaires
On crée plusieurs ministères pour faire du Café pour Tous.
Akoma Mba persiste et signe. 18 ministères seraient suffisant. On n’a pas besoin que chaque village ou province ait son petit ministre pour que les moutons aillent lécher le c… et obtenir un peu de miang
Oligui semble suivre la même voie qu’Ali Bongo. Est-ce en raison de leurs liens familiaux, ou parce qu’ils partagent les mêmes conseillers, tels que Rossatanga, qui les conduisent à accumuler des erreurs de casting dont les ajustements ne font que les enfoncer davantage ? Deux hypothèses se dégagent : soit il estime que Mouissi n’a pas suffisamment mouillé le maillot lors du référendum et ne compte donc pas sur lui pour sa campagne présidentielle, soit il cherche à contenter les extrémistes altogovéens. Ces derniers s’opposent à ce qu’une personne extérieure à leur cercle, ni issue du PDG, bouscule leurs habitudes avec des réformes et des méthodes axées sur la transparence et l’efficacité. À cela s’ajoutent les opérateurs économiques et le personnel des régies financières mécontents de ne plus pouvoir détourner aisément taxes et impôts.
Dans tous les cas, la décision semble motivée par des visées électoralistes. Écarter Mouissi en raison des retards de paiement, sans considérer l’ensemble de son travail, revient à jeter le bébé avec l’eau du bain. Cela est d’autant plus dommage qu’Oligui avait lui-même choisi de miser sur la technicité et le méthodisme de Mouissi plutôt que sur une parfaite maîtrise et expérience des mécanismes administratifs. Il a donc droit a l’erreur par au côté administratif à moins qu’il y ait des problèmes plus graves que ce qu’on veut nous faire croire et difficile à rectifier quand à source de ces retards.
Mais P……; peuple gabonais, réveille toi, arrête de faire la politique de l’autruche; lorsque tu prendras conscience réellement de ce qui se passe à la tête du pays, il sera peut-être trop tard pour réagir. Entre OLIGUI NGUEMA c’est bonnet blanc et blanc bonnet; il n’y a que les acteurs qui changent mais dans le fond, ce qu’il en ressort, à peu de chose prêt, est identique; il n’y a que le nom qui change