Si l’on reconnaît au président de la République le pouvoir d’ordonner un remaniement ministériel, on doit pouvoir en saisir la portée. Pourquoi ne pas avoir fait écho au mal-être des populations ? Par souci de protéger le Premier ministre ?

Une fois de plus, le Gabon devra se coltiner un gouvernement coupé du réel, peu en phase avec les défis de l’époque et attentes de son peuple. © Gabonreview

 

Rendu public le 08 mars courant, le nouveau gouvernement portera-il des réponses aux défis de l’heure ? Ou restera-t-il dans les annales comme un banale jeu de chaises musicales ? Avant même son entrée en fonction, d’aucuns y voient une scorie d’une époque marquée par les incertitudes nées de la pandémie à coronavirus et de l’état de santé du président de la République. D’autres le décrivent comme un remake des équipes jadis conçues à l’inspiration de Brice Laccruche-Alihanga, c’est-à-dire une manœuvre politicienne destinée à confirmer l’emprise d’un clan sur les affaires publiques.  Au total, six départs pour 12 entrées. Outre l’arrivée de deux élus du parti Les Démocrates, la nomination de Félicité Ongouori Ngoubili à la Défense nationale et le retour d’Yves-Fernand Manfoumbi au Commerce sont les principales caractéristiques de cette équipe. Ni encourageant ni engageant à première vue. En tout cas, on peine à en saisir la portée politique. Surtout, à la lumière des derniers événements,

Un acte politique

Certes, comme le dit l’adage, «c’est au pied du mur que l’on voit le maçon.» Certes, le président de la République jouit du pouvoir discrétionnaire. Il est tout autant seul juge de l’opportunité. Mais, la modification de la liste des membres d’un gouvernement fait toujours suite à l’une ou l’autre des deux situations ci-après : soit un ou plusieurs ministres souhaitent s’en aller pour des mobiles politiques ou pour convenances personnelles ; soit le président de la République décide de les révoquer pour diverses raisons. Sommes-nous dans l’un ou l’autre de ces cas de figure ? On peut en douter. Quel sens donner alors ce remaniement ministériel ? Un changement de gouvernement n’eût-il pas été plus conforme à l’ère du temps ? Dans une telle perspective, la Première ministre aurait été amenée à démissionner, quitte à être reconduite.

Comme le changement de gouvernement, le remaniement ministériel est un acte politique. Peu importe le sort du Premier ministre, l’option arrêtée doit tenir compte de deux éléments : l’état de l’opinion et, les résultats. Sur ces deux points, chaque jour apporte son lot d’arguments, de certitudes et d’angoisses. Le dernier remaniement peut-il être compris comme la réponse voire la solution à cette ambiance anxiogène ? On peine à le croire. Déjà, les interrogations fusent. Fallait-il changer de ministre des Affaires étrangères en pleine crise diplomatique internationale, au moment où le Gabon siège au Conseil des droits de l’homme des Nations-unies ? Fallait-il confirmer le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et celui de la Santé sans attendre leurs propositions d’allègement du dispositif de lutte contre la covid-19 ? Est-ce une réaction aux récentes déclarations de Jean Ping ? Ou la conséquence de la nomination du Haut-commissariat de la République ? À y perdre son latin.

Un changement de gouvernement ? Plus opportun

Si l’on reconnaît au président de la République le pouvoir d’ordonner un remaniement ministériel, on doit pouvoir en saisir la portée ou, tout au moins, en percevoir la ligne directrice. Pourquoi ne pas avoir fait écho au mal-être des populations ? Par crainte de leur donner raison ? Ou par souci de protéger le Premier ministre et certains ministres ? Mais le peuple reste le seul souverain, l’unique délégant du pouvoir d’Etat. Pis, durant les deux dernières années, il a été éreinté, essoré par des restrictions pas toujours proportionnées. Encore moins pertinentes. Remaniement ministériel ou changement de gouvernement ? Quels ministres changer ? Par qui les remplacer ? Avant de trancher, il eut été utile de se pencher sur les deux années écoulées. Avec froideur et recul.

Si un remaniement avait été nécessaire, on aurait entendu parler de couac au sein du gouvernement, de faute commise par un quelconque ministre. Or rien de tel n’a transpiré. Au contraire, l’équipe sortante a donné l’impression d’agir en rangs serrés. En modifiant sa composition, le président de la République a implicitement affirmé ne pas être satisfait de ses résultats. De ce point de vue, un changement de gouvernement aurait sans doute été plus opportun. Mais, il aurait fallu attendre la remise du rapport sur la «stratégie permettant d’alléger considérablement ou lever certaines mesures barrières telles que le couvre-feu ou la limitation du nombre de personnes participant aux cérémonies.» Une fois de plus, le Gabon devra se coltiner un gouvernement coupé du réel, peu en phase avec les défis de l’époque et attentes de son peuple. Il était pourtant possible de faire autrement…

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Moussavou Ibinga Jean dit :

    Est ce qu’Ali Bongo et ses collégiens font la différence entre remaniement gouvernemental et changement de gouvernement ?

  2. Prince dit :

    Franchement cette bande de tocards me fait rire combien de gouvernement faut t’il à ce type pour développer le Gabon qui je rappelle c’est 2 millions d’habitants la population d’une commune à d’Abidjan mon Dieu que faut t’il faire le pays dispose de toute les richesses du monde pourtant ils ont du mal si ce n’est de la médiocrité comment qualifier ali bongo et ses 40 voleurs ?

  3. Delannoy René-Paul dit :

    Oh! Très chère Roxane à la plume si fleurie ?et reconnaissable entre toutes, c’est de l’air du temps dont il s’agit! Ce n’est pas banal (sans »e »…)

  4. Lavue dit :

    Son manque réel de niveau intellectuel, culturel et politique n’a pas permis à ALI depuis son installation au pouvoir en 209 de tracer un nouveau cap dans la manière de faire de la politique au Gabon; alors que beaucoup d’espoir y était fondé. Il s’est contenté de se battre pour conserver coûte coûte le pouvoir et de s’entourer des amis de tous poils souvent aux mêmes profils que lui (ACCROMBESSI, LACCRUCHE ALLIANGA, MANFOUMBI, faussaires parmi les faussaires, pour ne citer que ces exemples). Dépassé par les évènements et diminué par son AVC il n’a d’autre choix que e recourir à la pratique politique de papa OMAR: créer des postes politiques sans substance pour distribuer la rente aux mécontents, acheter les soi-disant opposants en instaurant un clientélisme éhonté. Vous pouvez changer les apparences des gens, mais leur niveau intrinsèque lui ne change pas. Quand on n’a pas l’étoffe, on le l’a pas et ce ne sont pas les loges maçonniques qui y changeront quoi que ce soit. Voilà où est le mal.

    Le Gabon devra encore patienter pour un jour avoir un Grand Homme d’Etat à sa tête, là aujourd’hui on a affaire simplement à de la médiocrité, du n’importe quoi sans plus.

  5. Lesly Renombo Gombo dit :

    On dit que le continent africain brille par sa jeunesse. Comment concevoir qu’on confirme et donne une promotion à une ministre déléguée qui a passé tout son mandat à se balader. Confier un ministère aussi sensible que l’éducation nationale a Camelia NTOUTOUME est vraiment sacrifier la jeunesse gabonaise! Que peut-elle transmettre aux élèves ? Quand la veille du remaniement elle se trouve à une soirée en France pour célébrer la JFD loin des préoccupations des attentes des enseignants que nous sommes!!! avec des résultats nuls, on lui sert un nouveau fauteuil de ministre plein! Mettre une personne aussi nulle sans consistance à la tête de l’éducation nationale est vraiment une insulte au corps professoral! Mais elle est au bureau politique du PDG! Autant sacrifier la jeunesse et mettre en avant les idées du parti. Quel pays ! Pitiation et désolation

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