Régimes politiques : Moundounga démantèle le modèle français et plaide pour un exécutif responsable
Lors de son intervention devant l’Assemblée constituante, le Dr Séraphin Moundounga, président du CESE, a livré une analyse percutante des régimes politiques et de leur pertinence pour l’avenir du Gabon. Remettant en question l’héritage constitutionnel du pays, il a plaidé pour un système responsabilisant davantage le pouvoir exécutif. Un discours, mêlant perspective historique et vision. Retour sur une leçon de choses devant faire réfléchir.
Intervention magistrale que celle effectuée, le 17 septembre devant l’Assemblée constituante, par le Dr Séraphin Moundounga. Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) de la Transition a, en effet, livré une analyse incisive des régimes politiques, traçant les contours d’un possible renouveau institutionnel pour le Gabon. Son discours, mêlant érudition historique et pragmatisme politique, a esquissé les enjeux cruciaux de la nation gabonaise en quête de son modèle de gouvernance idéal.
La dichotomie fondamentale des régimes démocratiques
Séraphin Moundounga a d’emblée posé les jalons de sa réflexion en rappelant appelé une vérité souvent oubliée : «En gouvernance démocratique, il n’y a que deux types de régime politique : le régime parlementaire et le régime présidentiel.» Loin d’être réductrice, cette affirmation lapidaire souligne la nécessité de revenir aux fondamentaux de la théorie politique pour mieux appréhender les choix qui s’offrent au Gabon en cette période de gestation d’une nouvelle Constitution.
Dans cet élan, le président du CESE n’a pas manqué de pointer du doigt l’exception française, qualifiant le régime semi-présidentiel de la Vème République de «3ème type de régime [qui] n’est qu’une hybridité qui puise dans les deux autres régimes et qui est une invention propre à la France, sous le Général de Gaulle.» Une observation mettant en lumière le particularisme d’un modèle souvent copié dans les anciennes colonies, mais absent des démocraties anglo-saxonnes et rarement compris dans sa complexité intrinsèque.
Le Gabon et son histoire constitutionnelle : un laboratoire politique
Retraçant l’histoire constitutionnelle du pays, le Dr Moundounga a rappelé les expériences passées du pays : «Le régime parlementaire douloureusement expérimenté lors des premières années de l’indépendance de notre pays», suivi du «régime présidentiel […] avec pour Vice-président du Gouvernement feu Paul Marie Yembi, jusqu’au passage à un régime présidentiel ‘’dyarchique’’». Loin d’être un simple exercice de mémoire, la fresque historique brossée par l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, visait sans doute à souligner la quête perpétuelle d’un équilibre institutionnel adapté aux réalités gabonaises.
L’adoption en 1975 d’un système inspiré de la Vème République française a marqué un tournant, introduisant la figure du Premier ministre dans l’échiquier politique gabonais. Posant une question rhétorique percutante, Séraphin Moundounga a cependant remis en question la pertinence de ce modèle : «Est-ce qu’il faut […] continuer avec le régime français, qui n’existe nulle part ailleurs et qui s’essouffle désormais chez son géniteur, la France, tout en sachant qu’il s’agit d’une construction juridique unique en son genre, où le Président n’est responsable de rien, mais décide de tout, en utilisant le Premier ministre comme fusible et le Gouvernement comme organe émonctoire ?» Une interrogation qui pointe du doigt les apories d’un système où la responsabilité politique se dilue dans les méandres institutionnels.
Vers un nouveau paradigme constitutionnel gabonais ?
Le plaidoyer du président du CES soulève en tout cas des questions fondamentales sur la responsabilité politique et l’efficacité gouvernementale. Ainsi, Moundounga plaide clairement pour un système qui responsabiliserait davantage le chef de l’État, rompant ainsi avec des décennies de pratique inspirée du modèle français. Sa réflexion ouvre la voie à une approche novatrice, taillée sur mesure pour répondre aux aspirations d’une nation en quête de renouveau démocratique.
Devant l’Assemblée constituante, Séraphin Moundounga ne s’est pas contenté de dresser un tableau historique des régimes politiques au Gabon. Il a lancé un appel à une réflexion profonde sur l’avenir institutionnel du pays, invitant les constituants à considérer non seulement l’histoire, mais aussi les défis contemporains de la gouvernance démocratique. Dans un contexte de refondation nationale, ces réflexions pourraient bien jeter les bases d’un nouveau chapitre dans l’histoire constitutionnelle gabonaise, marqué par une quête d’équilibre entre efficacité gouvernementale et responsabilité politique.
7 Commentaires
Un régime démocratique repose sur un Président de la République et un Premier Ministre issu du Parti qui remporte les élections législatives. Le reste serait nier au people le choix de ceux et celles qui doivent gouverner.
Et pour être sérieux, on prépare une Constitution Démocratique qui respecte les Droits de tous les citoyens et non pas ce machin taillé à la mesure du Grand Maître du Gabon.
La grande réthorique et l’art oratoire c’est bien mais les actes c’est mieux. Il est temps, après plus de 57 ans que le Gabon connaisse enfin un régime démocratique et un peuple qui doit arrêter d’être des bénis oui-oui en disant oui à tout ce qui vient d’en haut. La politique ce n’est pas l’Evangile. N’importe qui peut marcher sur la Mer Morte comme fit Jésus-Christ.
MOUNDOUNGA,mange tes millions de salaire en paix,malgré les exemples clairs, on a le traitement que les agents de la seeg, jusqu’à couper les cheveux, on a vu le cas du jeune Gaetan à moanda,on a vu le de otounga,kidnappé, séquestré et torturé, on monter les conneries des fondations entretenuent avec l’argent public, on a vu ex DG du budget, malgré le comportement impropre avec l’argent public, il est limogé jusqu’aujourd’hui même la justice garde silence. On voit l’hypotisme. VOUS TOUS QUI INTERPELLÉ Olingui sur ses cas?
Bonjour Monsieur Akoma Mba,
Michel Barnier, actuel Premier ministre français, n’est pas issu du parti majoritaire des dernières législatives françaises. Ni le NFP, ni le RN/LR, ni Renaissance n’obtienne de majorité absolu pour gouverner.
Soyez très attentif, il est d’usage (mais ce n’est écrit dans la Constitution
française de la Vème République) que le Président nomme un Premier ministre issu du parti majoritaire à l’assemblée nationale.
Par ailleurs, systématiquement dans les monarchies constitutionnelles
(Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Espagne par exemple), le Premier ministre est issu de la majorité. En Allemagne, on assiste à des gouvernements de coalition. En Suisse, il n’y a pas de Premier ministre. Il y a un Président qui tranche
les questions importantes et un collège de 9 membres qui exécute la politique générale du pays (le plus souvent par référendum).
Pour finir, je pense que Monsieur S. Moundounga devrait rester dans son rôle de Président du CESE et œuvrer dans ce sens. Sans nier ses compétences distinctives en matière de Droit. Il y a un ministre de la Justice Garde des
Sceaux, un ministre chargé de la Réforme institutionnelle plus habilité.es à engager (politiquement) le débat sur le profil de nos institutions. Il faut apprendre à ménager la sensibilité de ses collègues en politique
lorsqu’on fait cause commune. S’il souhaite prendre la place (hypothèse) de P.-M Gaujoudt, qu’il attende le prochain remaniement ministériel. Es-il à sa place au CESE?
Je persiste et signe. Le cas de Monsieur Barnier est un Gouvernement de coalition, donc un cas particulier normal en démocratie. Normalement c’est le Chef du parti gagna t qui forme le Gouvernement dans toutes les vraies démovraties.
Bonjour Monsieur Akoma Mba,
Sur quelle majorité législative, le Président de la République sénégalaise, Bassouri Diomaye Faye, a t-il nommé Ousmane Sonko Premier ministre?
Il a dissout l’assemblée nationale sénégalaise parce qu’il n’a de majorité pour gouverner. Si son parti perd les prochaines élections législatives, il ne
nommera pas un Premier ministre issu de l’opposition victorieuse (issu du parti de Macky Sall). Il gouvernera par décret. En France, il s’agit en l’absence de majorité d’appliquer le 49.3. Élisabeth Borne (Première ministre avant G.
Attal) a eu recours majoritairement (voire abusiment) au 49.3.
Il faudrait supprimer dans notre Constitution la fonction de Premier ministre.
Pour le moment. Revoir le decoupage électoral et avoir de vrais partis politiques. Pas ceux qui sont actuellement existants. Car ce sont des coquilles vides. Notre démocratie a encore du chemin à faire.
Cordialement.
Mon cher Desiré. J’ai horreur des discussions bizantines. Bon dimanche.
En réalité il ne s’agit pas de vous! N’importe qui aurait posté ce commentaire, j’aurais eu la même réponse. Autant nous réclamons des journalistes une certaine objectivité et rigueur, autant les commentateurs doivent pouvoir faire preuve d’une certaine pédagogie. Nous sommes lu par des étudiants et des lecteurs en quête de culture générale. Argumentez, c’est avant tout convaincre! Nous avez remercié GabonReview de vous publier alors que les autres médias vous bloquaient. Estimez-vous heureux. Vous avez une tendance à faire des commentaires sans argumenter.
Commenter pour commenter n’a aucun sens! Quand on n’a pas la lumière à tous les étages, c’est que le plus souvent on n’est en heures creuses! Pour les lecteurs « byzantin » (adjectif et nom) au sens figuré signifie: Qui évoque, par son excès de subtilité, son caractère formel et oiseux. Sachez que la contradiction que je vous aie faite a un sens. Je répète, il n s’agit pas vous. Arrêtez d’être auto-centré!
So long guy!