Au terme d’un scrutin interne mettant en opposition les arguments du «NON» au référendum contre ceux du «OUI», le parti Réappropriation du Gabon de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir) a finalement opté pour la négative en invoquant trois principaux arguments. Pour ce parti, le vote du «NON» loin d’être le signe d’une opposition au président de la Transition et au CTRI, est un appel à rectifier le tir pour mieux prendre en compte les préoccupations du peuple gabonais.

Jean Valentin Leyama entouré de ses frères d’armes, le 6 novembre 2024. © GabonReview

Suite à l’adoption du projet de Constitution, le parti Réappropriation du Gabon de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir), sous la direction de son président intérimaire Guy Roger Aurat Reteno, a entrepris d’examiner le texte en relatant les arguments aussi bien en faveur du «OUI» qu’en faveur du « NON afin de soumettre les deux propositions au Conseil national du parti composé de plus d’une vingtaine de participants lors des travaux du mardi 5 novembre 2024. «Au terme d’un scrutin démocratique et transparent, le NON l’a emporté à plus de 60%», a informé ce mercredi 6 novembre, le secrétaire exécutif de Réagir, Jean Valentin Leyama.

Le parti a donc adopté cette position et entend voter «NON» le 16 novembre. Réagir s’oppose à «un texte équivoque en ce sens qu’il semble faire l’apologie du coup d’État». Il regrette pour ainsi dire que la première mouture du projet qui énonçait dans le préambule alinéa 2 quelques aspirations du peuple gabonais, ait été remplacé par une disposition qui pour le parti, s’apparente à une légitimation constitutionnelle de la prise de pouvoir par la force en plus des articles 169 et 170 qui accordent une amnistie aux militaires. Notamment, ceux impliqués dans les événements du 30 août 2023.

Rectifier le tir

Réagir évoque la durée du mandat présidentiel et les conditions d’éligibilité. Alors que le texte prévoit une durée de 7ans, Réagir aurait voulu que cette durée soit ramenée à 5 ans pour encourager un renouvellement démocratique et estime que le caractère cumulatif des conditions posées par l’article 43 pose problème tant, «il exclut un grand nombre de concitoyens de manière arbitraire». Réagir invoque également la séparation et l’équilibre des pouvoirs en arguant que le texte actuel manque de garanties explicites à ce propos.

«La lecture combinée des articles 41 et 69 suscite de réelles interrogations, rend impossible toute cohabitation», a dit Jean Valentin Leyama. «De même, autant le président de la République conserve le pouvoir de dissolution du Parlement, autant le Parlement perd tout pouvoir de censure du gouvernement», a-t-il ajouté estimant qu’«il est impératif de rectifier cette lacune avant toute adoption». Pour Réagir, le vote en faveur du «NON» n’est pas l’expression d’une opposition contre le président de la Transition et le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), mais «une interpellation sur les inquiétudes exprimées» sur ce projet.

Rappelant aussi que dans son adresse à la Nation du 5 novembre le président de la Transition n’a pas orienté le choix des votes, Réagir appelle les autorités de la Transition à «l’égal traitement des partisans du NON et du OUI dans le respect du principe de la pluralité d’opinions».  «Que vous soyez pour ou contre ce projet de Constitution, votre point de vue enrichit le débat national. Chaque opinion compte, chaque voix mérite d’être entendue», a rappelé mardi Brice Clotaire Oligui Nguema.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire