Référendum constitutionnel au Congo : L’indignation de Tournons la page
Estimant que «le Congo est en danger » et qu’ «il faut vite intervenir», ce collectif d’organisations de la société civile s’élève contre l’initiative de Denis Sassou Nguesso.
Le collectif Tournons la page a dénoncé, le 23 octobre courant, le référendum constitutionnel annoncé par le président congolais, Denis Sassou Nguesso, aux fins de pouvoir briguer un mandat supplémentaire à la tête de son pays. Dans un communiqué signé par Marc Ona Essangui, Georges Mpaga et Marcel Libama, la section gabonaise de cette campagne affirme : «Le dictateur Denis Sassou Nguesso a entrepris depuis quatre jours de semer la terreur à travers une répression de grande ampleur contre les manifestants pacifiques qui protestent à Brazzaville et sur l’ensemble du territoire congolais contre ce coup d’état constitutionnel». A leurs yeux, c’est un signe de sa détermination à «violer l’ordre constitutionnel de son pays et à organiser, contre la volonté du peuple congolais, un pseudo référendum».
Rappelant que cette répression dure depuis 32 ans et «vient rappeler à la face du monde sa vraie nature, responsable des pires atrocités lors de la guerre civile que le Congo-Brazzaville a connue entre 1997 et 1999 et dont Sassou Nguesso fut le principal instigateur et planificateur», ce collectif affirme que «durant cette guerre, des milliers personnes ont été massacrées par les milices aux ordres en toute impunité». «La parfaite illustration des crimes de ce régime a été la disparition de centaines de personnes au Beach de Brazzaville soit 353 personnes», précise Tournons la page, qui ajoute qu’en mai 1999, des milliers de Congolais qui avaient fui la guerre civile sont rentrés au port fluvial de Brazzaville. «353 d’entre eux ont disparu. Leurs familles accusent le régime du président Sassou Nguesso de les avoir assassinés». «Aujourd’hui, la gravité de la situation au Congo Brazzaville requiert la mobilisation et l’engagement de la communauté internationale contre les agissements criminels et anti-démocratiques de ce régime qui, contre vents et marées, a décidé de se maintenir au pouvoir, plongeant de ce fait le Congo dans le chaos et la désolation», lance encore la branche gabonaise de Tournons la Page. «Partout à Brazzaville et à l’intérieur de la République du Congo, les milices à la solde d’un homme font régner la terreur», écrit le Collectif. «Des paisibles citoyens sont massacrés au vu et au su de la communauté internationale», notent-ils.
Tournons la page s’attaque aussi à la France, ancienne puissance coloniale, dénonçant son «silence complice» et le récent discours de François Hollande, qui est venu «davantage jeter le discrédit sur la politique de soutien du gouvernement français au régime criminel de Denis Sassou Nguesso». «Face à la situation extrêmement grave qui prévaut dans ce pays voisin où des acteurs de la société civile sont les plus actifs de la région-région, berceau de la coalition internationale Publiez ce que vous payez, les organisations de la société civile gabonaise à travers le mouvement Ça suffit comme ça exprime sa profonde indignation et sa désapprobation vis-à-vis des évènements dramatiques en cours dans ce pays frère qui résultent de volonté d’un homme de se maintenir au pouvoir par un coup d’Etat constitutionnel», accentue le communiqué, qui indique également que «le Mouvement Ça suffit comme ça s’étonne et s’indigne des déclarations de François Hollande, président de la République française, le 21 octobre 2015, en conférence de presse ».
Interrogé sur la situation en République du Congo, endeuillée après une journée de répression violente le 20 octobre dernier, François Hollande avait répondu que le président congolais a le droit de consulter le peuple. Ce qui a été perçu au sein de l’opinion comme un soutien de la France à l’entreprise du pouvoir congolais. Il est à noter qu’une nouvelle loi fondamentale permettrait à Denis Sassou Nguesso, au pouvoir depuis 32 ans, de se présenter pour un nouveau mandat. Ce qui lui permettrait d’espérer cumuler encore au moins 14 ans à la tête du pays. Tournons la page estime également que le président français a apporté son soutien aux manœuvres engagées par le pouvoir en place à Brazzaville pour modifier la Constitution et permettre le maintien au pouvoir à vie du président actuel. «Cette nouvelle posture de François Hollande, vient en contradiction avec son discours tenu lors du Sommet de la Francophonie de Dakar, 30 novembre 2014, au cours duquel il déclarait ; «Il peut y avoir des révisions de constitution quand elle a été adoptée par un peuple avec des règles pour les candidatures, il ne peut pas être question, à quelques jours d’un scrutin, de changer l’ordre constitutionnel» ».
La société civile gabonaise condamne donc sans réserve la répression au Congo et «appelle le peuple courageux de ce pays à se lever comme un seul homme pour exercer sa souveraineté en maintenant la pression sur Sassou et ses milices». Elle demande à l’Union africaine d’appliquer les sanctions nécessaires devant les «velléités monarchiques de Sassou Nguesso et son obsession à verser le sang des populations civiles du Congo qui aspirent à un mieux être démocratique après 32 ans de pouvoir sans partage». Le collectif affirme qu’il est «urgent d’intervenir car la vie de millions de personnes est en danger, avant que le Congo ne sombre dans une nouvelle tragédie».
3 Commentaires
La France démocrate n’existe pas, à ns de penser à la raison de la suppression des programmes du bouquet canal de la chaîne Afriquemedia pour avoir dénoncer le rôle de celle-ci dans le soutien des dictateurs de l’afrique centrale au mépris des aspirations des peuples. Mais à la lecture de ce qui précède on comprend alors que l’acharnement de la France et de la communauté internationale vis à vis de kaddhafi visait un autre mobile puisque ce que mr sassou fait aujourd’hui est proche de ce qu’on voit dans les films d’horreur alors donc pourquoi en vouloir à bachar? Vu le degré de la répression du régime congolais je suis en droit de penser que ce régime est proche de celui de Bachar. Peuple africain nos vies ne comptent pas pour la France mais plutôt ses intérêts c’est la preuve que la France à travers François Hollande pratique la politique du blaguer-tuer.
Allez y
acharnez vous sur la France
C’ est quoi l’ union Africaine ? C’ est qui qui doit changer ?
La France ose faire des remarques? néocolonialisme !
La France se tait ? Complicité !
La France intervient ? impérialiste !
Ne comptez pas sur la France, faites ce que vous avez à faire
Shell, adaxx, GOC , Sinopec, …pas français!
La France n’ a pas à empêcher la tenue d’un référendum, Hollande a seulement re expliqué la déontologie en matière de changement de la constitution. C’ est très bien et il n’y a rien à attendre d’ autre de sa part.
Il est surprenant de constater combien le pouvoir exerce un attrait viscéral et perfide sur certains hommes. Monsieur Sassou N Guesso, aurait pu choisir de partir par la grande porte, laisser son nom gravé à jamais sur la stèle de la démocratie africaine. Quel projet, quelle réalisation, quel accomplissement y a t-il qui puisse obliger un homme qui vient de cumuler 32 ans au pouvoir d’un pays qu’il laisse pauvre, dont les populations sont marginalisées et vivent dans la crainte et la misère, quel mobile, disais-je, puisse justifier de tenter ainsi de se maintenir au pouvoir ? Il a gouverné par la terreur et la gabegie. Il a confondu les caisses de l’état et ses coffres privés, il a tissé une toile de corruption et de prédation qui fracture la société congolaise en deux : ces parents, amis, copains et coquins (les nouveaux riches, afficheurs ostentatoires de biens qu’ils détournent en toute impunité) et le reste des congolais, pauvres, salaires minables, issue sociale incertaine. Comment peut-on gouverner ou vouloir continuer à gouverner de cette façon ? L’avancée et l’émergence, que les discours politiques reprennent comme refrain, ne s’atteignent que par le renouvellement des élites et des dirigeants. Vous venez,vous bossez vous partez, quelqu’un d’autre arrive et ainsi de suite. Les idées et les hommes se renouvellent et voilà le cercle vertueux qui conduit à l’excellence, à l’émergence. Quel héritage politique ce monsieur compte t-il léguer même à sa propre famille (politique) ? Rien, il pilote par la menace et la peur est son argument favori, même dans ses cercles. Il ne peut même pas se résoudre à former un champion qui portera son héritage et ses valeurs politiques. Après lui, le déluge, même dans sa maison. Que va t-il léguer à la jeunesse congolaise ? Rien, même pas l’espoir de l’égalité des chances dans un pays riche qui a une grande population jeune. Que va t-il laisser à la postérité ? Rien, un jour, plus personne ne se souviendra de lui, les avenues et monuments qui portent son nom seront rebaptisés. Seuls les livres d’histoire citerons ce nom et personne dans la mémoire collective se rappellera de lui. Il a raté l’occasion de partir par la grande porte… quel attrait perfide, le pouvoir.