Référendum : Ce qu’Ensemble pour le Gabon reproche à la nouvelle Constitution
De leur lecture de la nouvelle Constitution devant régir la vie du Gabon durant les prochaines décennies, plusieurs points de discorde ont été exhumés par la plateforme Ensemble pour le Gabon de l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze. «Pour nous, une Constitution est l’acte sacré par lequel une Nation définit ses principes, ses valeurs, son organisation étatique et institutionnelle, les règles d’un vivre-ensemble harmonieux dans le cadre de lois et règlements, respectueux des traités internationaux que s’est engagé à respecter son État», a rappelé l’ex-chef du gouvernement énumérant et développant les huit points d’achoppement.
La plateforme Ensemble pour le Gabon votera le «non» lors de la prochaine élection référendaire. Elle l’a fait savoir lors d’une déclaration faite, le 28 octobre, par son président, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze. Si ce groupe appelle à rejeter ce texte, il invoque huit points amenuisant la substance de la nouvelle Constitution. Considérant la limitation des mandats comme une avancée démocratique significative, les membres de la plateforme font noter qu’«elle ne saurait, à elle seule, conduire à valider ce projet, car il subsiste encore trop de dispositions discriminatoires et anti-démocratiques» qu’il leur faut «rejeter en bloc».
«On n’apprend pas quand on est président, on se prépare avant d’y accéder»
Les membres d’Ensemble pour le Gabon font observer qu’«inscrire dans la Constitution que le peuple gabonais est porté par l’esprit du 30 août est une aberration». Sur ce premier point, ils disent «non» expliquant que «le peuple gabonais ne peut inscrire dans le marbre de sa Constitution pour le célébrer, un acte que les lois nationales et internationales considèrent comme un crime». Ils rejettent également l’inscription dans la Constitution de «la célébration de cette date comme fête nationale». «Le 17 août, fête de l’Indépendance, nous suffit», ont-ils dit.
Le deuxième point repose sur la demande de l’amnistie pour les auteurs du coup d’État et leurs complices. Pour ce groupe, cela est tout aussi «inacceptable», car, «il reviendrait à effacer par avance d’éventuels crimes et délits, sans en connaître ni l’ampleur ni les noms des auteurs». «Si les rédacteurs avaient voulu bien faire, ils auraient communiqué la liste nominative des compatriotes concernés et ils auraient dit au peuple les crimes et délits commis par eux dans la période allant du 29 août 2023 à la prestation de serment du général-président», a suggéré Bilie-By-Nze.
La durée du mandat constitue un autre élément discorde d’autant plus que «le retour à un mandat d’une durée de 7 ans est un recul», pour Ensemble pour le Gabon. «On entend dire qu’il faut donner du temps, mais à l’observation, les pays dont la durée de mandat est la moins longue sont aussi ceux qui sont les plus dynamiques au plan du développement et de la démocratie», a précisé le président de ce mouvement, ajoutant qu’«on n’apprend pas quand on est président, on se prépare avant d’y accéder».
«Cette constitution, c’est l’absolutisme. C’est la dictature !»
Ensemble pour le Gabon évoque et fustige «une excessive concentration des pouvoirs qui dépasse de loin tout ce que nous avons connu à ce jour dans notre pays». «Cette constitution, c’est l’absolutisme. C’est la dictature !», a-t-il dénoncé, soulignant qu’«avec ce projet, il n’existe plus aucun contre-pouvoir», d’autant plus que «le président de la République cumule tous les pouvoirs entre ses mains» et «tous ces pouvoirs entre les mains d’un seul ne peuvent que conduire à des dérives et à la dictature».
«L’abaissement et l’affaiblissement du parlement» sont invoqués par ces partisans du «non» au prochain référendum. L’ex-chef du gouvernement estime qu’«en rendant le gouvernement responsable devant le seul président de la République, cette Constitution vide le parlement de toute sa substance de contre-pouvoir, le reléguant à une simple chambre d’enregistrement et de vote des lois».
Au sixième point, ce mouvement analyse qu’avec les dispositions de ce projet de Constitution, «le président de la République, qui préside le Conseil supérieur de la magistrature, et qui a la haute main sur les deux chambres du parlement, devient en réalité celui qui choisit tous les juges constitutionnels». Pour eux, «le reste n’étant qu’habillage de pure forme. Or, quand on sait le rôle majeur que joue la Cour constitutionnelle pour ce qui est de l’élection présidentielle et de la validation des lois, il y a là un dangereux mélange qui renforce la dictature présidentielle».
«La vocation de l’armée n’est pas de lutter contre la délinquance ni de refaire l’éducation des enfants»
S’agissant du Service militaire obligatoire présenté comme une solution pour lutter contre la délinquance juvénile ou pour inculquer le patriotisme aux enfants de la république, Bilie-By-Nze et les membres de son mouvement répondent que «la vocation de l’armée n’est pas de lutter contre la délinquance ni de refaire l’éducation des enfants». Ils rappellent qu’il revient aux familles d’éduquer leurs enfants et de leur transmettre des valeurs au nombre desquelles le patriotisme, et c’est à l’école de la République de leur transmettre le savoir.
Enfin quant aux dispositions finales et transitoires du projet soumis au peuple, la plateforme note qu’elles «restent floues quant au calendrier de retour à l’ordre constitutionnel». «Nous pensons pour notre part que l’élection présidentielle devrait être celle qui marque la fin du processus de retour à l’ordre constitutionnel», a suggéré le président d’Ensemble pour le Gabon.
En relevant tous ces éléments contradictoires, l’ancien premier ministre fait savoir que leur opposition à ce projet ne repose pas sur un rejet de principe. «Trop de contradictions, de non-sens et de dispositions discriminatoires et dangereuses subsistent dans ce texte et ce ne sont pas les modifications cosmétiques que les auteurs ont tenté d’y apporter qui en changent l’esprit et la lettre. Ce texte est mauvais, il est dangereux pour notre pays. Rejetons-le massivement !» a prescrit Alain-Claude Bilie-By-Nze.
5 Commentaires
Avertissement : Toute personne sensible ne devrait pas lire ce qui suit. Ceci est le scénario d’une fiction dont le film sortira très prochainement dans les salles obscures de Libreville. Le Komo fait des entrées libres pour les politiciens sans travail fixe.
Voici le script.
Pour le prochain référendum, le « Oui » sera majoritaire sans dépasser les 90%.
Le prochaine Président de la République est Le Général B.C. Oligui Nguema pendant 14 ans avec comme Vice-Prèsident soit Mr. MOUNDOUNGA ou CHAMBRIER.
Pour le moment, c’est une hypothèse. Celui-ci est un acteur confirmé. Celui-là a les crocs! Il donnerait tout ce qu’il a pour ce poste.
Tous les ans, l’opposition « déconstructive » ira payer sa place au cinéma pour ŕegarder le film et applaudir à la fin de chaque épisode. S’en suivra des commentaires, des bouderies, des traversées difficiles, etc.
Au final, le Perroquet d’Or est remis à B.C. Oligui Nguema pour le film » Gabon, demain un jour nouveau ». Pour les prochaines nominations, attendre 2039.
Faites tomber le rideau.
J’ai vu ces derniers temps des sophistes (ou du moins des « paralogistes ») venir nous expliquer le bien-fondé des dispositions de ce projet de constitution en tentant des comparaisons avec des modèles qui sont pourtant très à rebours de ce qu’ils promeuvent. Le peuple gabonais doit se prononcer sur le devenir de notre pays. Cela demande de s’informer, d’agir avec froideur et d’éviter de confondre des notions comme « vengeance » et « justice » (cela a été rappelé naguère à juste titre par un monarque déchu) ou de faire l’amalgame entre la vérité partielle, la vérité partiale, la contre-vérité et la vérité. L’idée d’une nouvelle constitution plus démocratique était censée être l’un des premiers pas de notre essorr vers la félicité. le projet proposé me laisse plutôt entrevoir… un chemin tout tracé vers la calamité. Bref. ACBBN une fois de plus fait des observations qui me semblent pertinentes.
Je veux comprendre, pourquoi ne pas mettre à disposition ce projet de constitution à la porté de tous les citoyens ?
– Soit, publié dans le quotidien « l’Union ».
– Soit, sous forme d’imprimer dans tous les administrations publiques et ministères ?
Au moins par ce biais, le plus grand nombre de nos concitoyens y auront accès et seront édifiés par le contenu de celui-ci…
Donc, plus aptes à savoir ce qui est bon pour eux !
Laisser les politiques et autres « journaleux » venir nous l’expliquer dans les médias avec une orientation certaine, à la mesure de leurs petites personnes et intérêts égoïstes, franchement c’est pas sérieux ! …c’est limite suspect !
On a là, un véritable problème de communication des autorités, à moins que ce soit fait à dessein !
restons prudent
Des vrais leaders de l’opposition seraient déjà en train d’investir activement les quartiers et les villages pour mobiliser le NON au référendum quand on est opposé aussi virulemment à une gouvernance et à un projet. Pendant ce temps, Alain Claude Bilie Bi Nze, isolé dans sa bulle, semble ignorer que son message peine à atteindre le public. Marqué par un manque de retenue, il se limite à des conférences peu relayées et à des publications sur les réseaux sociaux, où il évite d’interagir par crainte des critiques. En s’appuyant surtout sur les médias étrangers, il reste déconnecté du terrain, contrastant avec l’influence des leaders historiques de l’opposition, véritables hommes de terrain et de proximité.