«Résultats tronqués, faux», «tripatouillage grossier des chiffres», «urnes bourrées bien avant le début des votes», «parodie d’élection», «abstention record», «victoire de l’abstention», «forfaiture, trahison contre le peuple gabonais». Par ces expressions savamment choisies, le président de la Plateforme Ensemble pour le Gabon a livré son avis sur le scrutin référendaire du 16 novembre dernier. Porte-étendard du «Non», l’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, a rejeté, lundi 18 novembre, les résultats de cette élection. «Les résultats préfabriqués, nous n’en voulons plus dans ce pays», a-t-il déclaré, notant que «le taux réel d’abstention avoisine les 70%».

Le porte-parole d’Ensemble pour le Gabon, Alain-Claude Bilie-By-Nze, le 18 novembre 2024 à Libreville. © GabonReview

 

Si certains s’attendaient à ce que l’ancien Premier ministre, l’un des porte-voix majeurs du Non à la dernière élection référendaire au Gabon, salue la victoire du Oui, ce sera plutôt une douche froide. Lors d’une déclaration, 24 heures après l’annonce des résultats provisoires par le ministre de l’Intérieur, Alain-Claude Bilie-By-Nze s’est exprimé, partageant les réflexions et les conséquences qu’en tire la plateforme Ensemble pour le Gabon au terme de ce scrutin.

«C’est une forfaiture,  c’est une trahison contre le peuple gabonais», a fait savoir le président d’Ensemble pour le Gabon. Pour lui comme pour les membres de ce mouvement, «les Oui sont des Oui préfabriqués et ce qui s’est passé au Gabon est une parodie». En conséquence, sa structure politique rejette drastiquement les résultats de cette dernière échéance.

Samedi dernier, plus de 800 000 électeurs étaient appelés aux urnes, au Gabon. Au centre de l’enjeu, l’approbation ou non de la nouvelle Constitution du pays. Finalement et malgré les appels à voter Non par le groupe de Bilie-By-Nze et d’autres compatriotes, le Oui l’a emporté avec 91,80% des suffrages devant le Non qui affiche au marquoir 8,20% des voix.

Des «chiffres préfabriqués et en boîte avant même l’élection»

Au regard de ces résultats, la plateforme Ensemble pour le Gabon estime plutôt que l’histoire lui donne raison. Et l’ancien Premier ministre de relever que «cette abstention record est une victoire éclatante pour tous ceux qui se sont mobilisés en faveur du Non à cette Constitution». «Par cette abstention, le peuple gabonais, dans son ensemble, a envoyé un message et cette victoire de l’abstention, c’est le rejet à la fois du CTRI –Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions- et de ses méthodes, mais aussi de la Constitution proposée», a expliqué le président d’Ensemble pour le Gabon, non sans ajouter que «la très forte abstention, ajoutée à l’expression du Non ayant pour point commun le rejet de la Constitution, sont une large victoire pour cette majorité silencieuse qui se dégage désormais au sein du corps social gabonais».

Le président d’Ensemble pour le Gabon fustige les méthodes du CTRI et souligne que les résultats rendus par le ministère de l’Intérieur indiquent «miraculeusement un taux de participation de près de 52% alors qu’à 20 heures la veille, le même ministère de l’Intérieur annonçait un taux de participation de 71% après la fermeture des bureaux de vote». Ironisant, il parle de «miracle en République gabonaise lorsqu’on peut avoir, avant 20 heures, les chiffres de la participation sur l’ensemble du territoire national».

«Par quel miracle est-on passé de 71%, la veille, de taux de participation à 52% désormais, soit 20 points d’écart ?» Pour lui, c’est la preuve évidente des «chiffres préfabriqués et en boîte avant même l’élection».

«Des urnes non scellées et des urnes qui étaient bourrées bien avant le début des votes»

Les membres d’Ensemble pour le Gabon et les populations venues écouter le message de la plateforme. © GabonReview

Évoquant les cas du Woleu-Ntem et du Haut-Ogooué, il se demande comment il n’a pu y avoir ni malades ni personnes empêchées, ni même décédées depuis l’élection de 2023. En conclusion, Alain-Claude Bilie-By-Nze parle d’«un taux d’abstention de plus de 70% pour un taux de participation réel de 30%». «Les résultats préfabriqués, nous n’en voulons plus dans notre pays», a clamé le président d’Ensemble pour le Gabon, indiquant que tout a été mis en œuvre pour ces résultats.

Parmi d’autres éléments susceptibles d’avoir perturbé le résultat du vote, il souligne le paiement des rappels de solde, quatre jours avant le scrutin, l’«incitation des militaires à voter Oui sous peine de sanctions disciplinaires», les trois jours déclarés fériés sur le territoire, les personnes ayant accédé aux bureaux de vote avec des t-shirts et casquettes estampillés «Oui», de même que les distributions d’enveloppes d’argent un peu partout.

L’ancien Premier ministre relève également «des urnes non scellées et des urnes qui étaient bourrées bien avant le début des votes». Ce qui lui fait noter que «la volonté de tricher a été tel qu’à certains endroits on a eu 120% de participation». Pour Ensemble pour le Gabon, tous ces éléments répertoriés auraient logiquement conduit «à l’annulation» de ce que la plateforme considère comme «mascarade».

«Rejet, avec la plus grande fermeté, les résultats rendus publics»

Au-delà, ils reposent le problème de l’organisation et du processus électoral au Gabon. Pour le porte-étendard de cette plateforme, le «ministère de l’Intérieur est juge et partie» et devrait donc être exclu de ce processus. Il parle même de «ministère godillot qui ne fait que ce qu’on lui demande».

Relevant tous ces manquements, la plateforme «rejette avec la plus grande fermeté, les résultats rendus publics et qui sont une parodie de démocratie». Dans le même temps, elle «réaffirme son souci permanent de voir s’instaurer au Gabon un véritable État de droit démocratique» et «alerte sur les conséquences et pratiques qui menacent la cohésion sociale».

Ainsi, elle «exige le retrait du ministère de l’Intérieur de tout le processus électoral, y compris l’annonce des résultats», «questionne avec gravité le rôle de l’armée et notamment de la garde républicaine dans la gestion du processus électoral», «exige un audit clair et indépendant du fichier électoral», «interpelle la communauté internationale et les amis du Gabon sur la nécessité de ne pas reconnaitre les résultats tronqués de cette élection référendaire».

Enfin, Ensemble pour le Gabon marque «sa profonde inquiétude quant à la volonté désormais affichée des militaires de s’accrocher au pouvoir, vaille que vaille, coûte que coûte, quitte à se travestir, quitte à ne pas dire la vérité aux Gabonais».

 
GR
 

2 Commentaires

  1. DesireNGUEMANZONG dit :

    « Les résultats préfabriqués, nous n’en voulons plus dans ce pays ». Que faut-il comprendre par cette déclaration? Depuis 1993, doit-on remettre en cause le résultat des urnes? Auquel cas le taux de participation!?

    Hypothèse 1: Le taux d’abstention n’a jamais été pris en compte dans les élections au Gabon;

    Hypothèse 2: Si le taux d’abstention est une donnée significative, alors le
    résultat des elections ces dernières années ont été « volontairement » biaisé.

    Hypothèse 3: La faible participation aux élections des gabonais.es montre
    un.désintérêt pour la démocratie.

    On peut supposer que parmi les premières préoccupations des gabonais.es, la
    réforme de la Constitution est loin derrière parmi les réformes (d’ordre structurel) qui ont une incidence sur leur pouvoir d’achat, leur retraite, leur accès à l’emploi, l’éducation de leur enfants, etc.

    En supposant un référendum sur le smig. Oui ou Non, seriez-vous opposé à une augmentation de 100% le minimum salarial au Gabon, c’est-à-dire passer de 150000 Fcfa à 300000 Fcfa. On peut imaginer que ce sujet puisse préoccuper une majorité de gabonais.es.

    En conclusion, imaginons un système incitatif de participation électorale. Les votants seraient gratifié d’une « prime citoyenne » et les non-votants d’une « simple contravention » à valeur identique. Puisque si tout le monde s’accorde en théorie sur l’exigence d’une démocratie dans notre pays, l’abstention aux
    moments des élections ne nous encre pas dans une culture démocratique. Voulons-nous donner raison à Jacques Chirac lorsqu’il énonce que la « démocratie est un luxe que les africains ne peuvent pas se payer ». Comme un bien de consommation courante qui serait au-dessus de nos revenus.

    A méditer!

  2. Gayo dit :

    Ce dernier bataillon de « sorciers, ces perfides trompeurs.
    Qui sèment le poison et répandent la peur », n’est ce pas ils ont appelé l’UA et la communauté internationale pour venir voir tout le mal qui se fait au Gabon et nous mettre sous embargo pour que le sac de riz coute 1 million et que ca soit une opportunité pour eux de dérouler leur agenda de conduire le Gabon vers l’enfer alors qu’il nous font croire que le paradis et un monde parfait c’est possible pour nous tromper? Cette communauté internationale qui les désavoue en saluant le referendum du Gabon il ne considèrent plus leur voix? DC’est quand la dernière fois qu’un scrutin au suffrage direct a été salué par l’UA au Gabon? Ce n’est pas arrivé sous Ali Bongo et Bilié Bi Nze et ce ne serait jamais arrivé avec eux. Le Gabon ne va pas parfaitement mais le Gabon se porte mieux sans ACBBN dans l’appareil d’état. Qu’il continue dans sa dépression parce que son rêve de remplacer Ali Bongo s’est évanoui. Si vous ne portez pas plainte à la Cour Constitutionnelle pour faire annuler le scrutin avec un tel réquisitoire ce que vous n’êtes qu’une bande d’opportunistes remplis d’aigreur.

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