Recentrage stratégique du Groupe de la BM : une opportunité inédite pour dynamiser l’agriculture gabonaise ?
Alors que le Gabon cherche à réduire sa dépendance alimentaire et à renforcer son secteur agricole, le recentrage stratégique du Groupe de la Banque mondiale dans l’agro-industrie offre une occasion unique pour le pays de relancer son agriculture. Ce soutien pourrait stimuler la production locale, favoriser l’autosuffisance alimentaire et créer des emplois, si les dirigeants gabonais prennent les mesures nécessaires pour aligner le pays sur cette vision ambitieuse.
Le Gabon, doté de vastes ressources naturelles, reste paradoxalement dépendant des importations pour satisfaire ses besoins alimentaires. Cette dépendance expose le pays aux aléas économiques mondiaux et renforce sa vulnérabilité alimentaire. Le recentrage stratégique annoncé par le Groupe de la Banque mondiale le 23 octobre 2024 aux Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale ouvre cependant une fenêtre pour transformer durablement l’agriculture gabonaise.
La nouvelle approche de la Banque mondiale vise à créer un écosystème complet autour de l’agro-industrie, intégrant des solutions allant de l’entreposage à la logistique, et mettant en avant les petits exploitants agricoles et les organisations de producteurs. Cette orientation stratégique, appuyée par un doublement des investissements prévus dans l’agrofinance et l’agro-industrie pour atteindre 9 milliards de dollars annuels d’ici à 2030, s’inscrit dans un contexte global où la demande alimentaire est en croissance rapide et les besoins d’emploi deviennent critiques dans les marchés émergents.
Selon Ajay Banga, président du Groupe de la Banque mondiale, ce recentrage marque un tournant essentiel pour l’institution : «Nous sommes à la croisée des chemins, et l’avenir dépendra de la voie que nous choisissons aujourd’hui». En effet, le Gabon pourrait bénéficier d’un soutien accru pour développer une chaîne d’approvisionnement résiliente et une production agricole capable de répondre aux normes de quantité, de régularité et de qualité.
Ce nouveau programme, qui vise à doubler les engagements financiers et à renforcer la coopération entre les branches publiques et privées du Groupe de la Banque mondiale, cible les principaux freins au développement agricole dans des pays comme le Gabon. D’un côté, les entités publiques de la Banque (BIRD et IDA) apporteront leur expertise dans le renforcement des capacités du secteur public, notamment par l’élaboration de régulations et le développement d’infrastructures cruciales comme les réseaux d’irrigation. De l’autre, IFC et la MIGA soutiendront le secteur privé en facilitant l’accès aux financements et en apportant des garanties, encourageant ainsi des investissements privés massifs dans les coopératives et les exploitations agricoles.
Dans le cadre de cette mutualisation, la Banque mondiale prévoit également de mobiliser jusqu’à 5 milliards de dollars supplémentaires auprès du secteur privé d’ici à 2030. En offrant des solutions de financement adaptées, les petits exploitants agricoles gabonais pourraient s’intégrer dans des chaînes d’approvisionnement plus vastes, en bénéficiant d’une augmentation de la productivité, d’une meilleure résilience face aux aléas climatiques et d’une compétitivité accrue.
Par ailleurs, l’adoption de pratiques agricoles climato-intelligentes soutenues par les compétences du Groupe de la Banque mondiale permettra non seulement de réduire les émissions et la pollution, mais aussi de contribuer à une eau plus propre et à une meilleure qualité de vie pour les Gabonais.
Il appartient désormais aux dirigeants gabonais de tirer parti de cette opportunité sans précédent. En prenant les mesures nécessaires pour intégrer ce soutien dans une vision nationale de développement agricole, le pays pourrait faire de l’agriculture un moteur puissant de sa diversification économique et de sa sécurité alimentaire. Cette dynamique constitue une voie durable pour répondre aux enjeux sociaux et économiques majeurs auxquels le Gabon est confronté, tout en participant activement à la transition écologique et à la lutte contre le chômage.
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