Au-delà des noms, les amis de François Ndong Obiang doivent se saisir des défis de l’époque et préoccupations des populations.

Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir) est une réponse à des querelles de clochers vieilles de plus d’une décennie. © Gabonreview

 

Clôturant son discours d’acceptation, François Ndong Obiang a eu «une pensée pour les enfants de ce pays qui ont œuvré (…) pour (sa) grandeur (…)» Évoquant le souvenir de plus d’une centaine de personnalités, il s’est gardé de citer les acteurs les plus récents, préférant repartir à l’aube des indépendances. Dans la foulée, il n’a mentionné aucun des jeunes leaders en vue, se contentant d’analyser le passé pour expliquer le présent. Comme s’il redoutait de froisser les tenants du pouvoir en place. Comme si notre pays ne peut examiner le présent pour inventer l’avenir. Au final, ni Paul Mba Abessole ni Pierre Mamboundou ni André Mba Obame et, encore moins, Jean Ping n’ont été pris en compte dans son énumération. Ni Mays Mouissi ni Elza Ritchuelle Boukandou ni Noël Bertrand Boundzanga ni Geoffroy Foumboula Libéka n’ont eu droit à ses encouragements. Comme si le Gabon d’hier avait tout réussi. Comme si celui de demain se fera seul.

Des gages aux artisans du trucage électoral

Dans les chaumières, ces omissions alimentant les spéculations. Même si on peut leur reprocher des choses, Paul Mba Abessole, Pierre Mamboundou, André Mba Obame et Jean Ping ont incarné les espoirs de changement. Aujourd’hui encore, une large frange de l’opinion les considère comme les véritables vainqueurs des présidentielles de 1993, 1998, 2009 et 2016. Comment les oublier quand on évoque leurs compagnons de route, notamment Jean-Baptiste Obiang Etoughé, Doukakas Nziengui, François Ondo Edou ou Fabien Méré ? Comment demander au Gabonais de ne «plus être ce citoyen attentiste» quand on fait fi du travail d’éveil à la citoyenneté mené par des jeunes, seuls ou aux côtés de moins jeunes ?  Comment rompre avec «la victimisation» quand on a le regard tourné vers le passé ? Ou quand on magnifie les hommes et pas leurs réalisations ?

Peu importe les raisons, ces oublis indiquent une chose : Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir) est une réponse à des querelles de clochers vieilles de plus d’une décennie. Sa création n’a été motivée ni par les contradictions entre majorité et opposition ni par les angoisses des jeunes générations. Comme si l’histoire électorale du Gabon n’était pas celle d’une fraude éhontée, François Ndong Obiang n’a nullement parlé de transparence. Comme si ces élections truquées n’avaient pas contrarié bien des évolutions, ruiné tant de destins, il n’a nullement flétri l’attitude des protagonistes de ces vaudevilles. En revanche, il s’est engagé à ne pas «juger éternellement les hommes», promettant de «mettre en branle le maximum d’énergies utiles pour bâtir ensemble ce pays.» Une manière de donner des gages aux artisans du trucage électoral et des tripatouillages constitutionnels voire de les absoudre de toute responsabilité.

Description implicite du pouvoir en place

En demandant aux citoyens de «sortir de (…) l’invective parfois (fixée) sur un pays, un groupe, une ethnie, une province, un département, une famille», le président de Réagir s’est voulu clair. Si on lui saura gré d’avoir appelé à la tempérance, sa tirade vise à rassurer des acteurs régulièrement indexés par l’opinion publique : la France et ses réseaux interlopes, la Franc-maçonnerie et ses adeptes, les Tékés et leurs alliés, le Haut-Ogooué et ses ressortissants, les Bongo Ondimba et apparentés. A travers cette description implicite du pouvoir en place, François Ndong Obiang a livré sa compréhension de la vie publique, s’autorisant à la cartographier. Ce faisant, il a désigné les interlocuteurs éventuels de son parti. A ses yeux, ni la Coalition pour la nouvelle République (CNR) ni la Plateforme des partis et groupements des partis politiques de l’opposition (PG41) ni la société civile ne sont dignes d’intérêt. Seul compte, cette sorte d’Etat profond au service du pouvoir en place.

Pourtant, en compulsant les photos de ce congrès, on aperçoit nombre de baroudeurs de la vie publique, passés pour l’essentiel par l’Union Nationale (UN), l’Union du peuple gabonais (UPG) ou la société civile. Réagir, machine à recycler le personnel ? S’il ne veut pas apparaître comme tel, le parti de François Ndong Obiang doit affiner sa stratégie. Au-delà des noms, il doit se saisir des défis de l’époque et préoccupations des populations : la transparence électorale, l’élargissement de l’espace civique, la responsabilité des détenteurs de l’autorité publique et, la redistribution de la richesse nationale. A cette fin, il doit se poser ces questions simples : le pouvoir d’Etat peut-il se passer de père en fils ou demeurer éternellement au sein du même clan ; les modifications constitutionnelles sont-elles assimilables à des putschs ? Une fois les réponses obtenues, tout le reste deviendra possible…

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Moi je me demande seulement quelle idéologie suit Meboon Ondo; upg, un, us, ndong sima, etc. Il est trop instable. Apres avoir insulté les jeunes pionniers du parti de Iwangou créé suite à la vente et la destruction de l’UPG par Moubamba et Mboumba Nziengui, le voilà derrière une énième personne sans être réellement convaincu de ses choix guidé par la cupidité. Meboon Dieu prend soin de ton opportunisme ingrat. Si tu avais des valeurs comme les jeunes qui ont dénoncé iwangu qui a fini par te virer car il avait mis son âme en location, tu aurais juste pris ta place de mangeur auprès de Iwangou sans mettre ton doigt entre lui et ceux avec qui il a créé ce parti dont la collaboration historique remontait au président Mamboundou. Te volà aujourd’hui sdf, tu finiras par atterrir au pdg et ne plus insulter les vrais gens.

  2. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. La lecture du dernier paragraphe sonne comme un reproche adressé à l’endroit du fils d’OBIANG. Or, les propositions énoncées par le texte sonne comme un air de déjà vu. En effet, en quoi la proposition suivante : « le pouvoir d’Etat peut-il se passer de père en fils ou demeurer éternellement au sein du même clan » » constitue t-elle un motif qualitatif en vue d’une orientation politique susceptible d’asseoir une stratégie politique? la substance du message de l’intéressé s’appuyait sur(car il est en phase avec lui même) la réappropriation par les autochtones des valeurs Gabonaises. Nous ne pouvons les citer ici car ce n’est pas le débat. De plus la phrase suivante  » Comme s’il redoutait de froisser les tenants du pouvoir en place »; cela est un non sens car nous savons qu’a Gabao même une balade à trois est sous haute surveillance à plus forte raison une messe comme celle de réagir qui a eu lieu. Nous estimons enfon qu’une seule sortie ne puisse permettre de tout dire, laissons « REAGIR nous édifier dans un présent proche. Amen.

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