Réagir, le parti politique, traverse résolument une crise interne majeure. Dans un communiqué et une déclaration publique, le 21 octobre, le Bureau exécutif, sous la direction de Guy Roger Aurat Reteno, accuse François Ndong Obiang de prendre des décisions unilatérales contraires aux statuts du parti, notamment la nomination contestée de Persis Lionel Essono Ondo à la présidence intérimaire. Alors que les tensions s’intensifient, le Bureau appelle à la retenue et menace de saisir la justice pour des irrégularités présumées.

Josiane Afouari Obouono entouré de ses frères d’armes, le 21 octobre 2024 au siège de Réagir. ©
GabonReview

 

À travers une déclaration cinglante ce 21 octobre 2024, le Bureau exécutif du parti Réappropriation du Gabon, de son indépendance, pour sa reconstruction (Réagir), sous la direction de Guy Roger Aurat Reteno, critique sévèrement la gestion de François Ndong Obiang, président statutaire du parti et Premier vice-président de l’Assemblée nationale de transition. La déclaration, lue par Joseline Afouari Obouono, secrétaire exécutif adjoint de la formation politique, fait état d’une série de décisions prises par Ndong Obiang sans consultation, ce qui, selon le Bureau, enfreint l’esprit de collégialité inscrit dans les statuts.

Des actions illégitimes ? Un leadership contesté

Le Bureau exécutif de Réagir déplore des actions unilatérales de François Ndong Obiang, notamment son soutien au projet de constitution en août 2024, qu’il a promu publiquement avant sa publication officielle. Joseline Afouari Obouono affirme explicitement : «Le 29 août 2024, lors d’une intervention sur la chaîne numérique Africa Vision Media, M. François Ndong Obiang appelle à voter ‘’Oui’’ pour le projet de constitution qui n’avait même pas encore été rendu public.» Cette décision, prise sans concertation, a provoqué un malaise au sein du parti. En outre, l’organisation de plusieurs événements parallèles, comme une rencontre à Nkembo (quartier de Libreville) le même jour que l’installation des organes centraux de Réagir, est jugée comme une atteinte directe à l’unité et à la discipline du parti : «M. François Ndong Obiang organise une rencontre politique à Nkembo, sans assister à celle du siège.»

Le Bureau exécutif remet en cause la capacité de Ndong Obiang à agir en tant que président de Réagir tant qu’il conserve son poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale. «L’article 16 des statuts stipule clairement que l’exercice des fonctions exécutives au sein du parti est incompatible avec certaines fonctions nationales», précise la déclaration de Réagir, soulignant l’illégitimité de ses récentes décisions, dont la nomination de Persis Lionel Essono Ondo à la présidence intérimaire le 18 octobre. Le Bureau exécutif s’étonne de la manière dont cette nomination a été effectuée : «M. François Ndong Obiang avait remis tous les attributs de sa fonction à M. Guy Roger Aurat Reteno, et l’utilisation d’un autre cachet présente de nombreuses irrégularités.»

Appel à la retenue et à l’unité ou saisine des tribunaux ?

Face à ces irrégularités, le Bureau exécutif ne cache pas sa détermination à faire respecter les règles. Il évoque la possibilité de recourir à la justice : «Réagir se réserve le droit de saisir les juridictions compétentes», particulièrement en ce qui concerne l’utilisation frauduleuse de l’entête et du cachet du parti par François Ndong Obiang. L’absence de contributions financières de ce dernier depuis 2022 est également mentionnée comme un signe de désengagement.

Le Bureau appelle en tout cas les militants à se montrer sereins et à se référer aux décisions officielles du siège : «Le président François Ndong Obiang ne représente pas à lui seul le parti.» La déclaration, lue par le secrétaire exécutif adjoint de Réagir insiste sur la nécessité de la retenue de la part de Ndong Obiang «dans l’intérêt supérieur du parti», exhortant à un retour au respect des procédures internes pour éviter davantage de divisions.

Fait à Libreville le 21 octobre 2024 et signé par le Bureau exécutif, cette déclaration et le communiqué qui s’en est suivis reflètent une fracture profonde au sein de Réagir, mettant en question la capacité du parti à maintenir sa cohésion.

 
GR
 

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