RDC : l’ONU face à ses responsabilités dans un conflit dévastateur
Les violences persistent à Goma, grande ville de l’est de la RDC, où des combats acharnés opposent l’armée congolaise aux rebelles du M23, soutenus par des troupes rwandaises. Alors qu’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU est prévue ce 28 janvier, les critiques fusent sur son rôle face à une situation humanitaire et sécuritaire désastreuse.
La ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), continue de trembler sous les tirs croisés des forces armées congolaises et des rebelles du M23, appuyés par des troupes rwandaises. Cette situation, qui dure depuis plusieurs semaines, a pris une nouvelle tournure avec l’entrée des insurgés dans cette cité d’un million d’habitants dimanche soir. Malgré les appels internationaux à la désescalade, la situation sur le terrain reste chaotique, aggravant une crise humanitaire déjà dramatique.
La progression éclair du M23, soutenue par les forces rwandaises selon l’ONU, intervient après l’échec d’une médiation entre la RDC et le Rwanda menée en décembre sous l’égide de l’Angola. Désormais, Goma est un champ de bataille où les civils subissent le poids des hostilités.
Des témoignages poignants évoquent les souffrances des habitants. Privés d’eau et d’électricité depuis plusieurs jours en raison des bombardements, certains brisent leur réclusion pour chercher de l’eau au lac Kivu, malgré les risques encourus. «Nous avons vu des corps sur la route», raconte un habitant du quartier Kituku, tandis que d’autres dénoncent des pillages et des violences de la part de militaires en fuite.
Les combats des derniers jours ont causé au moins 17 morts et 367 blessés selon des bilans hospitaliers. Plus alarmant encore, le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a révélé que 500 000 personnes supplémentaires ont été déplacées ce mois-ci dans la région. À Goma, la distribution d’aide alimentaire est suspendue, laissant les populations sans ressources vitales.
Les infrastructures locales, déjà précaires, peinent à répondre à l’afflux massif de déplacés et aux besoins des blessés. «La situation humanitaire est extrêmement inquiétante», a alerté l’ONU, qui concentre désormais ses efforts sur la protection des civils.
Une réponse internationale critiquée
Face à l’urgence, une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies est prévue ce mardi après-midi. Lors d’une précédente réunion dimanche, le gouvernement congolais avait vivement critiqué l’absence de mesures concrètes pour exiger le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais.
L’inaction perçue des Nations unies suscite des interrogations sur son rôle dans la gestion de la crise. La mission onusienne en RDC (Monusco), déjà critiquée pour son inefficacité, déplore également la mort de 17 membres de ses forces ces derniers jours.
Au-delà des condamnations, la réunion du Conseil de sécurité de ce mardi pourrait être un tournant. L’ONU doit clarifier ses engagements pour rétablir la sécurité et répondre à une crise humanitaire qui menace des millions de vies.
La communauté internationale, notamment l’Union africaine, tente également de peser dans la balance. Une session d’urgence du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine est annoncée, tandis que Nairobi prévoit une rencontre mercredi entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame.
Un conflit qui s’enracine
La rébellion du M23, née en 2012 et vaincue militairement l’année suivante, refait surface dans un contexte déjà instable. L’est de la RDC, riche en ressources naturelles, est le théâtre de conflits armés incessants depuis plus de trois décennies, alimentés par des ingérences étrangères et une mauvaise gouvernance locale.
Alors que les tirs se poursuivent dans plusieurs quartiers de Goma, le silence du président Félix Tshisekedi sur la situation inquiète. Cependant, son gouvernement a réaffirmé sa volonté d’« éviter un carnage ». La population de Goma, elle, attend avec impatience une aide concrète et un retour à la paix. Pour les civils, chaque jour qui passe sans action décisive équivaut à un nouveau pas vers le chaos.
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