Dans une tribune publiée dans le journal sud-africain Sunday Times, l’ancien président congolais Joseph Kabila pointe du doigt la gouvernance de son successeur, Félix Tshisekedi, comme un facteur aggravant des troubles dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Alors que le conflit avec le M23 s’intensifie, Kabila estime que l’instabilité du pays ne se résume pas aux affrontements avec les rebelles et appelle à une remise en question du pouvoir en place.

Dans un contexte de tensions croissantes en République démocratique du Congo (RDC), l’ancien président Joseph Kabila a pris la plume pour accuser l’actuel chef d’État, Félix Tshisekedi, d’être l’un des principaux responsables de la détérioration de la situation sécuritaire. © D.R.

 

Dans un contexte de tensions croissantes en République démocratique du Congo (RDC), l’ancien président Joseph Kabila a pris la plume pour accuser l’actuel chef d’État, Félix Tshisekedi, d’être l’un des principaux responsables de la détérioration de la situation sécuritaire. Dans une tribune parue dimanche 23 février 2025 dans le journal sud-africain Sunday Times, Kabila affirme que «la situation en RDC est proche de l’implosion» depuis l’accession de Tshisekedi au pouvoir en 2019.

Alors que l’attention de la communauté internationale se concentre sur la menace que représente le mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda, Kabila insiste sur le fait que la crise ne peut être réduite à ce seul facteur. «Les innombrables violations de la Constitution et des droits de l’homme, ainsi que les massacres répétés de la population par la police et les forces militaires de Tshisekedi ne cesseront pas après l’aboutissement des négociations entre la RDC et le Rwanda ou la défaite militaire du M23», écrit-il.

Un climat politique délétère

Dans sa tribune, l’ancien président dresse un tableau sombre du climat politique en RDC, dénonçant un pouvoir autoritaire et répressif. Il accuse Tshisekedi de museler l’opposition et de transformer le pays en une dictature déguisée. «L’intimidation, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires et extrajudiciaires, ainsi que l’exil forcé d’hommes politiques, de journalistes et de leaders d’opinion, y compris des chefs religieux, figurent parmi les principales caractéristiques de la gouvernance de M. Tshisekedi», affirme-t-il.

Kabila remet également en cause la légitimité du second mandat de Tshisekedi, obtenu lors des élections de décembre 2023, qu’il qualifie de « simulacre ». Selon lui, le scrutin a été entaché d’irrégularités massives et n’a fait que renforcer la mainmise du président en exercice sur le pays.

Une situation sécuritaire hors de contrôle

La montée en puissance du M23 dans l’est du pays constitue l’un des plus grands défis sécuritaires de la RDC. Ce groupe armé, qui revendique la défense des droits de la minorité tutsi congolaise, a repris les hostilités en 2021 et a récemment intensifié ses avancées territoriales. Il contrôle désormais de vastes zones stratégiques, riches en ressources naturelles.

Pour Kabila, la mauvaise gestion du conflit par Tshisekedi et son incapacité à stabiliser le pays mettent en péril non seulement la RDC, mais aussi l’ensemble de la région. «Si l’on ne s’attaque pas à cet aspect des troubles en se concentrant uniquement sur le M23, les troubles politiques et les conflits armés, voire la guerre civile, se poursuivront», avertit-il.

L’implication de l’Afrique du Sud, qui a déployé plus de mille soldats en RDC dans le cadre d’une mission de stabilisation, illustre la gravité de la situation. Le pays a récemment payé un lourd tribut, avec la mort de 14 de ses soldats au combat le mois dernier.

Ces déclarations de Joseph Kabila ne manqueront pas de raviver les tensions entre les partisans de l’ancien et de l’actuel président. Si certains y voient une analyse lucide des dérives du pouvoir, d’autres considèrent cette sortie comme une tentative de déstabilisation politique.

 
GR
 

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