Ramdam à l’ENA : la directrice générale suspendue ?

Après le fiasco de l’organisation du concours d’entrée à l’École nationale d’administration (ENA), la directrice générale de cet établissement était à nouveau au centre des attentions pour une affaire de split. Elle a, pour ainsi dire, fait enfermer un de ses collaborateurs qu’elle soupçonne d’avoir dérobé ledit appareil. Une affaire qui n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu qui couve à l’ENA depuis son arrivée. Au milieu de ce ramdam, la ministre de la Fonction publique aurait décidé de la suspendre de ses fonctions.

L’ENA, ce vendredi 17 mai 2024. © GabonReview

Mercredi 15 mai à l’École nationale d’administration (ENA), tout semblait bien se passer jusqu’à ce que Mesmin Mouiry, le directeur du Centre de recherche administrative appliquée (CRAA) soit arrêté puis placé en garde à vue à la brigade du Pk9 pour «vol d’un split». Certains agents et responsables de cet établissement placé sous la tutelle du ministère de la Fonction publique se sont donc rendus à ladite brigade pour s’enquérir de la situation. Là-bas, ils découvriront que leur collègue a été placé en cellule suite à une plainte de la directrice générale de l’ENA contre son collaborateur qui a entrepris de prendre un split remplacé dans son bureau.

Selon des agents qui rappellent que des travaux réalisés par la société Mika service sont en cours à l’ENA, Mesmin Mouiry a sollicité et obtenu du chef de chantier l’autorisation de prendre le split remplacé dans son bureau. Il demandera donc à l’un des gardiens de l’aider à descendre ledit split au rez-de-chaussée. Cependant, après s’être exécuté le gardien informera la directrice générale de l’ENA de la démarche de son collaborateur. Cette dernière, Adèle Sabine Ilama Mombot Nguimbi «sans se référer à sa hiérarchie» dont la direction générale de la Fonction publique à laquelle elle est directement rattachée, saisira les services compétents pour leur informer d’un cas de vol de split dans son établissement.

Des fonctionnaires en sit-in pacifique puis accueillant Mesmin Mouiry ce 17 mai. © GabonReview

Deux nuits en cellule malgré les instructions de la ministre

Le directeur du CRAA sera donc arrêté puis placé en cellule. Dans la foulée, pendant que certains agents étaient à la brigade, le ministre de la Fonction publique, Louise Boukandou organisait une réunion d’urgence au Guichet unique avec le secrétaire général du ministère, ses conseillers, le directeur général de la Fonction publique et son adjoint, la directrice générale de l’ENA et plusieurs autres directeurs de l’ENA et de la Fonction publique. Selon des agents de la Fonction publique, «de cette réunion, des instructions vont être données par madame la ministre de la Fonction publique».

Après avoir déploré l’altitude et la procédure engagée par sa collaboratrice, Louise Boukandou à qui «une meilleure version de l’histoire a été rapportée par certaines personnes témoins de l’affaire», demandera que Mesmin Mouiry soit remis en liberté dès le 16 mai. Après avoir quitté la Fonction publique, Sabine Ilama Mombot Nguimbi se serait rendu à la brigade du Pk9 où elle aurait rencontré les agents qui lui expliqueront que la décision de retirer la plainte et donc de relaxer son collaborateur lui revenait. Elle aurait dit qu’elle partait réfléchir pendant une heure, mais ne reviendra pas. Alors que Mesmin Mouiry a passé une seconde nuit en cellule, craignant son déferrement, ses collègues ont observé un sit-in pacifique à l’ENA, ce vendredi 17 mai.

Mesmin Mouiry (chemise blanche) accueilli par ses collègues puis posant avec eux. © GabonReview

Quand les mauvaises habitudes survivent aux militaires au pouvoir

Au bout d’environ trois heures de temps, ils ont été ravis de constatés qu’il a finalement été relaxé mais ont regretté la survivance de certaines pratiques qui disent-ils, «ont finalement la dent dure». «On croyait qu’avec l’arrivée des militaires au pouvoir les choses devaient changer mais il n’en est rien. La preuve on a une DG qui ne respecte pas les instructions de son ministre et qui ne respecte d’ailleurs personne», a déploré l’un des agents observant le sit-in.  Ces agents affirment que depuis l’arrivée de la directrice générale, le climat est délétère au sein de l’ENA. S’ils se demandent si elle avait des comptes à régler au directeur du CRAA, ils informent qu’elle a été suspendue de ses fonctions. 

Après le fiasco du concours de l’ENA qui a par ailleurs obligé la ministre de la Fonction publique à reprendre la main sur l’organisation, le climat délétère au sein de l’ENA et cette affaire qui n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu qui couvait déjà, Louise Boukandou aurait donc décidé de suspendre Sabine Ilama Mombot Nguimbi. Lors de la réunion d’urgence et peu avant, avec l’arrestation de Mesmin Mouiry, «certains agents et responsables ont clairement exprimé qu’ils ne pouvaient plus travail dans cet atmosphère».