Engagés dans une démarche de conciliation et de recherche des solutions aux problèmes qui minent le fonctionnement de la Comilog, notamment au moment où les six syndicats de l’entreprise revendiquent un certain nombre de choses, les membres du Comité de direction (Codir) étaient sur le terrain, le 27 août, pour «un quart d’heure social» sur les sites de Moanda et Libreville. Objectif : dialoguer directement et dans une atmosphère apaisée avec les employés, leur présenter les évolutions et les projets à venir et surtout répondre, sans intermédiation, à leurs questions. 

Les membres du Codir devisant avec les employés de Comilog lors du quart d’heure de sensibilisation au CIM. © GabonReview

 

Ces dernières semaines n’ont pas été de tout repos au sein de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) où les six syndicats de l’entreprise ont déposé, depuis le 16 août dernier, un préavis de grève. S’ils revendiquent, en résumé, de meilleures conditions de vie, de travail et la revalorisation de leur carrière, l’administration de la filiale gabonaise d’Eramet, ne cesse de souligner que les problèmes doivent se régler dans le dialogue et dans un climat apaisé. Raison pour laquelle à l’initiative du top management, des responsables de la structure dirigée par l’Administrateur directeur général (ADG), Léod Paul Batolo, ont été déployés sur les différents sites de la société, à Moanda et Libreville, pour sensibiliser les agents et leur apporter les informations nécessaires à la bonne compréhension de la situation, de ce qui se fait, des actions, initiatives, avancées et ce qui devrait se faire. 

Apporter la bonne information aux salariés de l’entreprise

«Un quart d’heure social» ! Telle est l’initiative de la direction générale de la Comilog visant à apporter la bonne information aux salariés de l’entreprise. Eu égard au flot d’informations, parfois erronées, ventilées au sein de la structure, ayant quasiment entraîné le dépôt d’un préavis de grève, et semant des incompréhensions, l’administration a voulu par cette méthodologie combler ce que certains agents ont présenté comme «un manque de communication» et apporter la bonne information et de source. 

Sur plusieurs sites en l’occurrence la Base vie, l’hôpital Marcel Abéké, le Complexe métallurgique de Moanda (CMM), le Complexe industriel de Moanda (CIM) ou encore à la direction ferroviaire et des infrastructures portuaires (DFIP), à Bagombé, à Okouma et sur les sites de Libreville, la même opération s’est déroulée, rencontrant l’adhésion des employés et même des syndicalistes. Les avancements, la revalorisation des carrières, les effectifs, les meilleures conditions de travail, les affectations, les primes, l’occupation de certaines fonctions par des étrangers, les accords signés avec les partenaires sociaux ont notamment constitué le menu de ces échanges se voulant sans filtre. 

Dans ce contexte où l’apaisement et le dialogue ont été les maîtres-mot, le directeur des Relations publiques et de la Communication, André Massard, a devisé avec les personnels en poste au CIM. Sur chaque point du cahier de charges, avec son langage, ses mots et sa façon, comme ses collègues déployés sur les autres endroits de la Comilog, il a abordé toutes questions. «Un préavis de grève est un signal fort», a-t-il reconnu. Cependant, il a invité à «être raisonnable, à s’asseoir et à discuter». «Ce qui est sûr, a-t-il dit, c’est qu’il n’y a pas de monde parfait. On doit évoluer ensemble». 

98% de Gabonais et à peine 2% d’étrangers, soit 44 expatriés

Le chef de département des Relations publiques et de la Communication de la Comilog estime que le droit de revendiquer est légitime. Toutefois, il fait savoir qu’il faut éviter de politiser le débat, de dévier vers les guerres de personnes. «On doit revendiquer, on doit réclamer, mais on doit éviter les guerres de personnes. On doit éviter les querelles ethniques, on doit éviter de s’attaquer à X ou Y», a-t-il avisé. 

De ces échanges avec les employés sur ces différents sites, on apprend que sur les 2021 agents de la Comilog, il y a 98% de Gabonais et à peine 2% d’étrangers, soit 44 expatriés de 17 nationalités. «On est une entreprise internationale. On ne peut pas refuser à un étranger de travailler dans cette entreprise. On est un grand groupe mondial», a rappelé André Massard, répondant à ceux se demandant «s’il n’y avait pas de Gabonais ou de Gabonaises capables d’occuper ces mêmes fonctions».

Pour les accords signés depuis plusieurs années avec le top management et qui, selon les syndicats, ne sont pas appliqués, les uns comme les autres membres de l’administration de la Comilog ont indiqué que le taux de réalisation, à ce jour, est de 52%. «Avoir une belle entreprise ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problèmes. Ça ne veut pas dire qu’au moindre problème, on met tout sur les réseaux sociaux», a-t-il fait observer.

Moments des échanges. © GabonReview

«Les choses avancent, mais certainement pas à la vitesse qu’on veut»

Les licenciements représentent quant à eux 0,2% des effectifs de l’entreprise depuis 2019. Dans le même temps, explique la directrice des Ressources humaines, Safi Virginius, aux agents en poste sur la Zone industrielle, 643 Gabonais ont été recrutés au sein de la Comilog. «Les choses avancent, mais certainement pas à la vitesse qu’on veut», a-t-elle fait entrevu, relevant que «que si on ne se parle pas, il n’y aura pas de solution». «Communiquons, si on ne se parle pas, je ne vois pas où on va aller», a indiqué la membre du Codir.

La plupart des agents de la Comilog reconnaissent la nécessité de s’assoir autour d’une même table pour négocier, dialoguer. «Tout doit se faire dans un climat apaisé dont nous avons tous la responsabilité…On doit éviter les divisions. S’il y a un malaise, il faut s’assoir et discuter», a souhaité le Directeur des relations publiques.

Sans discussion, le préavis de grève pourrait déboucher sur un débrayage illimité, dès le 4 septembre prochain. Et lors de ces séances, des employés ont posé de nombreuses questions auxquelles le Codir a apporté des réponses. «C’est déplorable que quasiment tous les trois mois, il y ait un préavis de grève. La lutte syndicale doit être pour des intérêts collectifs et non pour les intérêts politiques de quelques personnes», a regretté, sous l’anonymat, un agent.   

«La responsabilité que nous avons aujourd’hui est de transmettre le flambeau aux jeunes générations» 

Comme lui, d’autres estiment également que ce type de rencontres entre l’administration à savoir le Codir et le personnel de la Comilog est nécessaire. Ce, d’autant plus, a-t-il souligné, que «chaque arrêt des machines entraine l’arrêt de la production, le non-paiement des taxes, des impôts, et agit sur l’économie nationale en entraine d’énormes pertes». 

Le Codir de la Comilog prévoit d’autres rencontres de ce type se faisant sur les différents sites de l’entreprise à Moanda, Libreville et Owendo afin d’avoir des partages et échanges d’informations. Ce qui mettra tout le monde au même niveau et évitera d’éventuelles suspicions, mauvaises interprétations et surtout les fausses informations.

La Comilog est la deuxième entreprise de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et occupe la 119e place des entreprises au niveau continental. Elle le premier producteur mondial de manganèse à haute teneur. «La responsabilité que nous avons aujourd’hui est de transmettre le flambeau aux jeunes générations et non de dire après non c’est le chaos», a souhaité André Massard. 

 
GR
 

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